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ZYSICH (ZISICH, ZIESICH, ZEISIG) Hartwig

Musicien, Director musices à Strasbourg et compositeur, (PI) (★ Ratzeburg, Schleswig-Holstein, Allemagne 1630 † Strasbourg 1.2.1712). Fils d’Ernst Zysich († 6.7.1638), pasteur, et de Margarethe Harders, de Schleswig. ∞ 25.9.1659 à Strasbourg Martha Zorn. Zysich grandit dans une famille de musiciens. Avant d’être pasteur, son père avait exercé la fonction de cantor à Ratzeburg et son grand père-maternel, Johann Harder, avait été organiste au château de Gottdorf, Schleswig, à la fin du XVIe siècle. C’est là que Zysich, après sa prime jeunesse à Ratzeburg, fut engagé comme Violist. Il quitta cet emploi en 1652, vraisemblablement pour aller en Suède puisque « Hartwich Ziesich » y est cité comme virtuose de la viole au service du noble suédois Magnus Gabriel de la Gardie (1622-1686) en 1654. La date de son arrivée en Alsace n’est pas connue; c’est dans son acte de mariage qu’il est mentionné pour la première fois, en tant que Musicus. C’est sans doute après 1659 qu’il se rendit en Italie comme le faisaient alors beaucoup de musiciens allemands. En effet, dans sa relation d’un voyage à Strasbourg en 1671, Samuel Chappuzeau écrit : « Je ne dois pas oublier Monsieur Zisich pour la viole de gambe et surtout pour la composition, pour laquelle il a rapporté de belles lumieres d’Italie, où il s’est arresté dix ou douze ans. C’est un parfaittement honneste homme, d’un agréable entretien, et digne d’une plus haute fortune ». Après la démission de Georg Christoph Meyerhoffer comme Director musices en 1682, Zysich fut nommé à ce poste (qu’il conserva jusqu’à sa mort) qui exigeait qu’il s’occupât du répertoire des sept paroisses protestantes de la ville de Strasbourg. Dans le cadre de cette nouvelle fonction, il noua de fructueuses relations avec Sébastien de Brossard, le maître de chapelle de la cathédrale catholique de 1687 à 1699. Brassard profita largement de la vaste bibliothèque musicale de Zysich. (qu’il mentionne dans ses Notices pour le Dictionnaire historique parmi les plus remarquables bibliothèques du royaume) pour recopier des œuvres de compositeurs italiens.

Des œuvres fort appréciées de Zysich, il ne reste que deux groupes de compositions très différents : le premier est constitué d’un recueil (publié à Strasbourg en 1698) de 77 Geistliche Lieder, composés par Zysich sur des textes élaborés par les membres d’une société poétique strasbourgeoise, et classés selon le calendrier liturgique. Ces mélodies variées et aimables représentent parfaitement les tendances esthétiques allemandes autour de 1700. Le second groupe est un ensemble plus ambitieux de 12 motets latins (dont un sous-ensemble qui forme un office de vêpres) pour 4 à 6 voix, instruments et basse continue. Ces pièces, conservées dans un manuscrit autographe (avec un texte de Zysich en italien) relèvent davantage du goût italien de la seconde moitié du XVIIe siècle, avec notamment des parties instrumentales très riches. Ces œuvres, qui sont malheureusement incomplètes, attendent encore une véritable évaluation.

Regewij Geistliche Lieder Auss denen Gewohntichen Sonn- und etlichen Festtags Evangelien Auff underschiedene Weisse gezogen ; Sambt einem Anhang Etlicher Cathechismus- auch Kriegs- und Friedens-Lieder Darunder die meiste nach bekander Weisse zu singen. Alle aber Mit neuen Melodeyen versehen, Strasbourg, Johann Reinhold Dulssecker, 1698. (le seul exemplaire connu se trouve à la Bibliothèque du Conservatoire de Bruxelles) ; 12 motets pour 4-6 voix, instruments et basse continue, manuscrit conservé à Strasbourg, à la Bibliothèque du Séminaire protestant (17. Ms 114).

S. Chappuzeau, L’Allemagne, / ou Relation nouvelle / de toutes les Cours de l’Empire, Paris, 1673; A. Pirro, « Remarques de quelques voyageurs, sur la musique en Allemagne et dans les pays du Nord, de 1634 à 1700 », Riemann Festschrift, 1909; J. Duron, L’œuvre de Sébastien de Brossard, Paris, 1995, p. LXXXVI; Alsace, Catalogue des manuscrits musicaux anciens (sous la dir. de G. Honegger), Strasbourg 1996 ; J.-L. Gester, La musique religieuse en Alsace au XVIIe siècle, Strasbourg, 2001.

Jean-Luc Gester (2003)