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ZURCHER Amélie Louise Marie

(C), (★ au château de Bollwiller 27.8.1858 † Mulhouse 8.6.1947). Fille de Louis Joseph Théodore Zurcher (1817-1889), directeur et propriétaire de l’usine textile de Bollwiller, et de Constantine Caroline Mélanie Baumann (1817-1892). Célibataire. Sa prime jeunesse se passa au château de Bollwiller puis à l’école primaire du lieu. En 1870, au début de la guerre, elle partit pour le pensionnat des religieuses dominicaines de Nancy où elle resta jusqu’en 1877, réussissant, le baccalauréat. Elle acheta, avec son frère Albert († 1906), grand invalide de la guerre de 1870-1871, le domaine du Lützelhof, une ferme avec ses dépendances et quelques dizaines d’hectares de terres sur I’Ochsenfeld, près de Cernay, qui avait appartenu à son oncle Alfred Zurcher, décédé à 97 ans. Les deux jeunes propriétaires (elle avait 21 ans et son frère 28) essayèrent de fertiliser cette terre inculte de l’Ochsenfeld. Après des débuts difficiles où ils engloutirent la fortune héritée des parents, la ferme devint une des plus importantes de la région, aux récoltes de fruits et de céréales impressionnantes, avec un cheptel de plusieurs centaines de vaches, bœufs, chevaux, moutons, porcs…. Aimée de son personnel, courageuse, écologiste avant l’heure, amie des bêtes mais aussi passionnée par la chasse, Amélie Zurcher s’enrichit, racheta des terres jusqu’à posséder 800 hectares. Bien que totalement sinistrée lors de la Première guerre mondiale, l’exploitation se releva de ses ruines pour être à nouveau détruite en janvier 1945. En janvier 1894, Amélie Zurcher visita la fonderie de Joseph Vogt et y vit une maquette de tour de sondage. Elle en rêva la nuit, eut une vision et désormais eut la certitude que le sous-sol de I’Ochsenfeld renfermait des trésors. Elle mit dix ans à trouver des collaborateurs sérieux pour entreprendre des forages. Grâce aux capitaux de Joseph Vogt, Jean-Baptiste Grisez, et son beau-frère le Dr Fischer, le premier forage se fit au lieu-dit Rothmoos, à Wittelsheim, endroit désigné par Amélie Zurcher. À 627 mètres, il atteignit la première couche de potasse. Ce fut le début d’une longue exploitation qui ne s’acheva qu’en 2002. La potasse fut d’abord extraite par la société allemande Kali Sainte-Thérèse. À la fin de la Première Guerre mondiale, Amélie Zurcher dut se battre pour éviter une destruction systématique des puits par les Allemands en retraite.

Amélie Zurcher quitta le Lützelhof au début de la guerre de 1914-1918 et s’installa à Mulhouse. Elle y retourna souvent comme infirmière dans sa villa transformée en hôpital. La villa fut détruite en 1918. En 1928, Amélie Zurcher acheta une villa à Mulhouse, au pied du Rebberg. Elle fut une généreuse donatrice lors de la construction de l’église du Sacré-Cœur, toute proche, en 1930, église qu’elle souhaitait sans clocher afin de ne pas troubler le calme des lieux. En 1942, une mauvaise chute sur le carrelage lui occasionna une fracture du col du fémur et de la jambe, la clouant définitivement au lit. Elle échappa miraculeusement au bombardement de sa villa le 11 mai 1944. Mais son état de santé empira. Atteinte de gangrène, elle dut être amputée des deux jambes. Légion d’honneur (1933).

Eugène J. Bertrand, Amélie Zurcher, Les hommes et la potasse, Bulletin n° 9/1987, Maison du Mineur et de la Potasse.

Madeleine Hartmann (2003)