Skip to main content

ZUCKMANTEL (de BRUMATH)

Famille noble de Basse-Alsace (C et PI) dont le nom apparaît à Brumath au XIVe siècle et dont le prénom caractéristique était Walraff. Elle portait les mêmes armoiries que d’autres familles nobles domiciliées à Brumath, comme les Bütenheim, les Waltenheim et les Weitersheim. Ses biens et revenus, tenus principalement en fief d’une part du landgraviat de Basse-Alsace puis de l’évêché de Strasbourg, d’autre part des sires de Lichtenberg, puis des comtes de Hanau-Lichtenberg et enfin des landgraves de Hesse-Darmstadt, se dispersaient entre Alteckendorf, Brumath, Rosheim et Erstein. Elle s’éteignit à la fin du XVIIIe siècle, après avoir obtenu du roi en 1773 le titre de baron, en même temps que d’autres lignages alsaciens de noblesse du Saint-Empire. Plusieurs de ses membres furent reçus bourgeois de Strasbourg à partir du début du XVIe siècle. Une autre famille de ce nom, les Zuckmantel von Kürenberg, peut-être issue de la précédente, est citée depuis 1331 et s’est éteinte à Strasbourg au XVIe siècle.

Principales sources sur la famille aux Archives départementales du Bas-Rhin: E 1289-1290 (Directoire de la noblesse immédiate de Basse-Alsace), E 5767, G 895-899 (fiefs de l’évêché depuis 1374), 1E3.163/1 (tableau généalogique masculin du XVe au XVIIIe siècle), 1E6.65 (inventaire des archives familiales, 1767-1785), 16 J 194 (fiefs des Lichtenberg et successeurs depuis 1444).

E. Lehr, L’Alsace noble, t. 3, p. 256-260, utilisé, non sans erreurs, par Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 1052-1053 ; J. Kindler von Knobloch, Das goldene Buch von Strassburg, 1886, p. 457- 458 ; L. Bachmeyer, Livre d’or de Saverne, ms (photocopie et microfilm aux Archives départementales du Bas-Rhin), p. 502. L’histoire critique détaillée de cette famille reste à faire.

Les premiers membres attestés sont Hartung en 1318 et Wilhelm qui ? Margaretha
Wepfermann (selon Lehr) en 1318 et 1333. Le fils de celui-ci, Johann l’aîné qui ? Anna von Randeck (selon Lehr) fut capitaine (Burgmann) de Brumath. Son fils Johann le jeune, chevalier, tenait en fief des Lichtenberg un château à Alteckendorf en 1371 et des dîmes. En 1388, il est Burgmann de Haguenau. Son mariage avec
Catharina (?), fille de Claus von Grostein, lui apporta le fief lichtenbergeois de Wintzenheim-Kochersberg. Leur arrière-petit-fils, Walraff II, fils de Walraff Ier et de Maria von Wickersheim, dotée à Osthouse, Erstein et Obenheim, et mari d’Anastasia von Windeck, fut bailli de Brumath.

Christian Wolff (2003)

  1. Caspar,

fils du précédent qui épousa Margaretha Wurmser von Schafftolsheim, s’est fait connaître par le meurtre en duel de Berthold von Weitersheim, de Brumath. Il fut condamné à lui offrir des funérailles grandioses, concélébrées par 60 prêtres, et à fonder une messe d’anniversaire perpétuelle à sa mémoire, pour laquelle une rente de 10 sacs de grain, dite Mordkorn était encore versée en 1764 par ses descendants Zuckmantel à la commanderie de Stephansfeld. Sa fille Agnès († 29.1.1542) fut élue abbesse de Hohenbourg (Mont Sainte-Odile) en 1534 selon Grandidier, mais elle agissait déjà en cette qualité en 1527.

Sur Agnès : Nouvelles œuvres inédites de Grandidier, t. 3, Alsatia sacra, Colmar, 1899, p.147 ; Chr. Heider, B. Metz, Chartrier de Niedernai, t. 1, Archives de la Région Alsace, Strasbourg, 2000, charte 661.

Christian Wolff (2003)

  1. Son petit-fils Johann Walraff II, (PI) (t 17.10.1613). ? Elisabeth Hüffel († 1612), fille de Jacob Hüffel et de Martha Boecklin von Boecklinsau. Il fut stettmeistre de Strasbourg en 1611 et 1613.

Christian Wolff (2003)

  1. Jean Philippe,

(PI), fils de 2. ∞ Félicité de Seebach, fille de Philipp Jacob von Seebach, dernier du nom, général au service de l’Espagne, et de Claranna von Andlau. Sa femme lui apporta de nombreux fiefs et alleux, en particulier Osthoffen et son château, désormais demeure familiale des Zuckmantel, le petit château de Krautergersheim et Innenheim en partie. Par son train de vie dépensier, il entama sérieusement ses biens et revenus, d’où la remarque lapidaire du pasteur à ses obsèques : Gottlos gelebt und elend gestorben (a vécu sans Dieu et est mort misérable).

Christian Wolff (2003)

  1. Jean Georges,

(PI, puis C) (t 19.12.1668). Fils de 3. ∞ à Wintzenheim, Haut-Rhin, le 4.6.1650 Anastasie Stürzel de Buchheim (C), fille de Jacques Christophe Stürzel de Buchheim et d’Anne Judith de Ferrette. Il partagea les fiefs hérités des Seebach avec sa sœur Marie Suzanne, femme de Jean-Louis de Landsberg († 1668).

Christian Wolff (2003)

  1. François Antoine II,

(† 1740). Fils de François Antoine Zuckmantel et d’Anne Victoire Wilhelmine de Wangen de Geroldseck et petit-fils de 4. ∞ I Jeanne Beatrix de Gléresse († 1722), fille de Jean Christophe de Gléresse et de Marie Jeanne Zu Rhein ; ? II Maria Regina von Gayrn (★ 1697 † 4.12.1777), ancienne chanoinesse du chapitre noble de Prague, fille d’honneur de la margravine de Baden-Baden, que Voltaire aurait appelée « la sœur de Brumath » dans sa correspondance. Il obtint par sentence l’annulation du partage susdit des fiefs de Seebach et en fut déclaré seul héritier.

Christian Wolff (2003)

  1. François Antoine Pacifique,

maréchal de camp (★ 1715 † Paris 19.7.1779). Fils du premier lit de 5. ∞ Anne Françoise Charlotte de Cléron, comtesse d’Haussonville. Successivement lieutenant-colonel au régiment de Picardie en 1744, colonel au régiment d’Alsace en 1751, il était en 1759 brigadier, colonel commandant le régiment de Nassau. Il se distingua par sa défense de Kassel, Hesse, en 1762. Nommé maréchal de camp, il quitta l’armée pour renouer avec la diplomatie, après une interruption de dix ans, et fut envoyé en 1764 comme ministre plénipotentiaire du roi près l’électeur de Saxe, puis près la République de Venise. A son retour, il présida le Directoire de la noblesse immédiate de Basse-Alsace sis à Strasbourg. Grand-croix de Saint-Louis. Il était amateur d’art, comme en témoigne l’inventaire de sa succession du 3 septembre 1779 (Archives départementales du Bas-Rhin, 6 E41/1078), ayant collectionné deux toiles du Tintoret (une Visitation et une Nativité) et de nombreux autres tableaux de peintres italiens, plus un ensemble d’estampes.

Sa femme, pendant leur séjour parisien, « représent(a) dignement notre province d’Alsace dans la capitale », selon les Mémoires de la baronne d’Oberkirch ©. Elle aménagea au goût de son époque les appartements du château d’Osthoffen et les agrandit. Leur fils Charles Théodore Walraff (★ Osthoffen ? 7.2.1762 † 11.4.1781), officier de dragons, fut le dernier mâle de sa maison. Les fiefs qu’il tenait des Hesse-Darmstadt passèrent alors à Chrétien Frédéric, baron de Glaubitz (Archives départementales du Bas-Rhin, 6 E 41/192).

Le Guide des châteaux de France. Bas-Rhin, s.l., 1986, p. 117.

Christian Wolff (2003)

  1. Barbe Wilhelmine Charlotte de (en religion : Mère Thérèse Félicité),

religieuse de Notre-Dame, supérieure, (C) (★ Strasbourg 19.6.1714 † Osthoffen 21.6.1799). Fille de 5. Elle entra à l’âge de 19 ans au couvent de Notre-Dame de Strasbourg implanté à Sainte-Barbe, voué à l’éducation des filles. Elle y fit profession en 1735 sous le nom de sœur Thérèse Félicité. Maîtresse des novices en 1766, elle fut élue supérieure en 1779 et réélue, de trois ans en trois ans, jusqu’à la Révolution. C’est sous son administration que le couvent connut son apogée, mais aussi, du fait de la Révolution, sa ruine définitive. Elle se retira en septembre 1792 à l’hôtel Koenigseck (8, rue des Juifs à Strasbourg), avant d’aller se réfugier au château d’Osthoffen, en mai 1793, gardant le contact avec ses anciennes consœurs. Lehr et, à sa suite, Sitzmann ont indiqué, par erreur, que sa belle-sœur, Anne Françoise Charlotte de Cléron, veuve de François Antoine Pacifique de Zuckmantel, était supérieure de Notre-Dame.

S. Baumgärtner, « Die Chorfrauen von Notre-Dame an St. Barbara in Strassburg », Archiv für elsässische Kirchengeschichte, t. V, 1930, p. 316-317 ; M. Halbwachs, La congrégation de Notre-Dame et la Contre-Réforme en Basse-Alsace aux XVIIe et XVIIIe siècles, mémoire de maîtrise, Strasbourg II, 1987, p. 64-66.

8. Louise Béatrix de

chanoinesse, religieuse visitandine, (C) (★ Osthoffen ? 1716 † Nancy 2.3.1792). Sœur de 7. Elle se fit recevoir dans le chapitre noble de Bouxières-aux-Dames, Meurthe, où elle devint chanoinesse. En 1736, elle quitta cette maison et entra à la Visitation de Nancy, dans laquelle elle fit profession en septembre 1736. Elle passa dix ans à Vienne, mais fut rappelée à Nancy en 1765. Elle prévoyait la suppression de sa maison du fait de la Révolution et mourut de chagrin avant la dispersion de la communauté. Elle serait l’auteur d’un Recueil historique sur la famille de Zuckmantel (Kindler von Knobloch). L’impératrice Marie-Thérèse, qui avait eu l’occasion de la connaître, l’honora de son amitié.

Archives de la Visitation d’Annecy; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 1053 ; Kindler von Knobloch, Das goldene Buch von Strassburg,  1886, p. 457 ; M. Halbwachs, La congrégation de Notre-Dame et la Contre-Réforme en Basse-Alsace aux XVIe et XVIIIe siècles, mémoire de maîtrise, Strasbourg II, 1987, p. 66, note 1.

Louis Schlaefli (2003)