Homme politique (★ Strasbourg 2.2.1851 † Strasbourg 20.4.1921). Fils de François Zorn de Bulach ©. ∞ à Baden- Baden 27.12.1883 Mercedes Heeren (★ Hambourg 10.3.1856 † Osthouse 27.12.1920), fille d’armateur hambourgeois résidant à Baden-Baden; 4 enfants. Études au collège épiscopal de Strasbourg et au collège des Jésuites Saint-Clément de Metz. Lieutenant de la Garde nationale mobile du bataillon de l’arrondissement de Sélestat, Hugues prit part à la défense de Sélestat assiégée et fut fait prisonnier lors de la reddition de la ville et détenu à Rastatt puis à Dresde. À son retour de captivité, il poursuivit des études à l’Académie agricole de Hohenheim (Wurtemberg) et à la faculté de Droit et des Sciences politiques de Strasbourg. Il entra dans la carrière politique comme conseiller général d’Erstein (1878 à 1890). Président du Comice agricole d’Erstein à partir de 1879, il fut élu député au Landesausschuss par les 80 grands électeurs de l’arrondissement d’Erstein (1879 à 1895). En 1890, il mit son point d’honneur à prendre la succession de son père au siège cantonal de Villé qu’il représenta au Conseil général de Basse-Alsace de 1890 à 1908. Député au Reichstag (élu comme « Alsacien » avec le soutien des catholiques), de Molsheim-Erstein de 1881 à 1887. Il fut le seul député alsacien à voter les crédits militaires allemands de la loi de programmation dite « du Septennat », que le Reichstag rejetaen 1886. Hugues se vit opposer la candidature du Dr. Sieffermann © de Benfeld: sa défaite face à ce nouveau venu fut le point d’orgue de ce renouveau protestataire de l’Alsace (Sieffermann 16259,voix contre 5730). Après la brouille politique intervenue entre les Bulach et Manteuffel ©, le nouveau Statthalter Hohenlohe-Schillingsfurst s’était rapproché des châtelains d’Osthouse. Hugues obtint, en 1888, la création du Conseil d’agriculture (Landwirtschaftsrat) représentant les intérêts agricoles alsaciens-lorrains. Il en fut le premier président. Il prit sa revanche sur Sieffermann en 1890 et revint au Reichstag (apparenté Freikonservative) (21125 voix, Sieffermann 1620). Il fut reélu en 1893 (13863 voix, Sieffermann 6365, Boehle © 3103). Hugues Zorn fut nommé sous-secrétaire d’État à l’Agriculture et aux Travaux publics en janvier 1895 : ce poste consacrait des années d’activité dans le secteur agricole : tabacs, vins, amélioration des races bovines et chevalines, fiscalité, crédit et assurances agricoles, remembrement, assainissement et amélioration hydraulique. Il démissionna de son mandat au Reichstag, pour faire confirmer ce choix par les électeurs en 1895 : le parti catholique, malgré les tentatives de candidature de Delsor ©, ne lui opposa pas d’adversaire, et les suffrages protestataires se portèrent sur le socialiste Boehle: le résultat fut considéré comme l’approbation par le suffrage universel de l’entrée d’un Alsacien autonomiste dans le gouvernement de l’Alsace-Lorraine (Hugues Zorn 11670 voix, Boehle 5439). Mais aux élections de 1898, le candidat du gouvernement présenté et soutenu par Zorn de Bulach, Grunelius © (6900 voix) échoua largement face au candidat catholique, le curé de Marlenheim, Nicolas Delsor (14198 voix). Hugues s’attacha dans les années qui suivirent au développement des caisses de crédit agricole Raiffeisen, à la réforme du Conseil d’agriculture (Landwirtschaftsrat) désormais largement issu par élection des comices agricoles, au développement des cultures agro-industrielles (Sucrerie d’Erstein). Son ressort ministériel comprenant également les travaux publics, il procéda de même à la réforme de l’architecture publique, en liaison avec le député au Landesausschuss Anselme Laugel © et aboutit à la mise en place d’une Commission alsacienne-lorraine des « Monuments historiques » (Landesbaukommission). En 1908, il fut nommé secrétaire d’État à l’Alsace-Lorraine, tout en conservant la direction de son sous-secrétariat d’État à l’Agriculture et aux Travaux publics. Il mit en œuvre la politique de réforme constitutionnelle dont le Statthalter Wedel © avait été l’initiateur. Hugues fut la cible préférée de la « clique pangermaniste » parce qu’alsacien, mais il n’approuvait pas plus les poses de ceux qu’il qualifiait d’Alsaciens « braillards » : les nationalistes francophiles, tout en en comprenant les mobiles profonds dans le contexte de nouvelles tensions franco-allemandes que suscitaient les rivalités coloniales. L’imperfection de la Constitution de l’AIsace-Lorraine de 1911 votée par le Reichstag en 1911 ne doit pas tromper : de 1912 à 1914, Hugues a présidé au rodage d’un véritable travail parlementaire alsacien-lorrain, aidé en cela par le groupe parlementaire du Centre et par les Lorrains. Les tensions entre le pouvoir civil et l’armée se révélèrent peu à peu dangereuses dans cette région frontière : l’affaire de Saverne (novembre 1913) fut exploitée largement par le haut commandement pour faire tomber le gouvernement Wedel/Bulach que refusèrent de soutenir le chancelier Bethmann-Hollweg, pourtant censuré par le Reichstag, et l’empereur Guillaume II. Hugues, avec les sous-secrétaires d’État Émile Petri ©, (Justice et cultes), et Mandel © (Intérieur), remit sa démission dès l’acquittement du colonel commandant le 99e d’Infanterie de Saverne. Elle fut acceptée (janvier 1914). Hugues fut alors nommé par l’empereur député à la Chambre haute d’Alsace-Lorraine. Expulsé d’Alsace en décembre 1918, il séjourna un an à Karlsruhe et regagna Osthouse en novembre 1919.
Bundesarchiv Berlin ; Hausarchiv Hohenzollern, Geheimes Zivilkabinett ; Reichskanzleramt. Nachlasse Moeller, Manteuffel, Hofmann, Studt; Archives départementales du Bas-Rhin, Archives Zorn de Bulach; F. Igersheim, Noblesse, notabilité, suffrage et pouvoirs dans le Bas-Rhin (1848-1870) à travers la carrière politique de François Zorn de Bulach, thèse, 1991.
François Igersheim (2003)