Évêque auxiliaire de Strasbourg (★ Strasbourg 20.11.1858 † Strasbourg 13.1.1925). Frère de François Zorn de Bulach ©. De santé fragile, il fit d’abord ses études avec des précepteurs au château d’Osthouse, puis suivit des cours de droit à Strasbourg. Il devint assesseur au ministère des Affaires étrangères à Berlin. N’ayant pas de goût pour la diplomatie, il voulut entrer en religion, mais son père s’opposa à ce projet tant que son frère aîné n’eût pas d’héritier mâle. Cette condition remplie, il entra en 1885 au Grand Séminaire de Strasbourg. Il poursuivit ses études à l’Académie des prêtres nobles de Rome et à l’école pontificale des diplomates. Ordonné prêtre en 1891 à Strasbourg, il devint par la suite docteur en théologie et en droit canon, auditeur de diverses congrégations romaines de 1891 à 1898, camérier de Madrid. En octobre 1899, à la mort de Mgr Fleck ©, Guillaume II et le chancelier von Bülow firent tous leurs efforts auprès du Vatican pour le faire nommer sur le siège de Metz. Mais l’opposition tenace d’une fraction du clergé lorrain menée par le chanoine Collin et du parti français du Vatican, avec à sa tête le cardinal Rampallo, secrétaire d’État, contraignit Guillaume II à renoncer à ce projet et à retirer sa candidature. S’ensuivirent, pendant plus de dix-huit mois, d’âpres négociations entre Rome et Berlin. L’intervention de l’épiscopat allemand, en particulier de Mgr Korum ©, évêque de Trêves, réussit à débloquer la situation. Guillaume II et von Bülow acceptaient la candidature de l’abbé bénédictin de Maria-Laach, dom Benzler, pour le siège de Metz, à condition que Zorn de Bulach fût nommé auxiliaire de Mgr Fritzen © à Strasbourg, solution qui n’enchantait guère ce dernier, et qu’ensuite Rome fit preuve de bienveillance pour la création de la faculté de Théologie catholique de Strasbourg. C’est dans ces conditions que Mgr Zorn de Bulach fut nommé le 29 septembre 1901 évêque in partibus titulaire d’Érythrée, et évêque auxiliaire de Strasbourg. Par crainte de réactions du clergé alsacien, Mgr Fritzen suggéra qu’il fût sacré à Rome, ce qui fut fait le 3 novembre 1901 en la basilique du Latran. Sa nomination entraîna la démission de Mgr Marbach ©, francophile. Grand, fin, élégant, Fr. Zorn acquit l’estime de Mgr Fritzen ©, qui le nomma vicaire général du diocèse de Strasbourg en 1903. Il devint l’un des grands animateurs de la vie religieuse du diocèse au début du XXe siècle. Il se déplaça beaucoup, consacra plus d’une vingtaine d’églises nouvelles, développa les visites pastorales. En 1911, il fut nommé par l’empereur député de la Chambre haute du Landtag d’Alsace-Lorraine, alors que son frère Hugo comptait de plus en plus politiquement en Alsace. Cela n’empêcha pas les fidèles d’apprécier sa piété et sa bonté naturelle. Après la désignation par les autorités françaises de Mgr Ruch ©, il se retira discrètement au couvent de la Toussaint à Strasbourg. Président des amis de la cathédrale de Strasbourg de 1910 à 1918.
F. Roth, La Lorraine annexée (1870-1918), Nancy, 1976; B. Favrot, Le gouvernement allemand et le clergé catholique lorrain de 1890 à 1914, Metz, 1980 ; F. Rapp, Histoire du diocèse de Strasbourg, Paris, 1982 ; François Igersheim, L’Alsace des notables, 1870-1914, Strasbourg, 1981, p. 306-307 ; Christian Baechler, Le parti catholique alsacien 1890-1939. Du Reichsland à la République jacobine, Paris-Strasbourg, 1982, p. 742 ; Cl. Muller, Dieu est catholique et alsacien. La vitalité du diocèse de Strasbourg au XIXe siècle, Lille, 1987, p. 501-527 ; Wipertus Rudt de Collenberg, « La nomination de Mgr Zorn de Bulach, évêque auxiliaire de Strasbourg en 1901. Tensions entre Rome et Berlin », Archives de l’Église d’Alsace, t. 46, 1987, p. 390-334.
Claude Muller et François Uberfill (2003)