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ZORN de BULACH François Antoine Philippe Henri

Homme politique (★ Strasbourg 15.7.1828 † Osthouse 14.4.1890). Fils d’Ernest Maximilien, baron Zorn de Bulach, membre de la Chambre des députés, maire d’Osthouse, membre du Conseil général du Bas-Rhin, chevalier de Malte et de la légion d’honneur et de Anne de Kageneck. ∞ 17.9.1849 à Osthouse Antoinette Fidèle de Reinach-Hirtzbach (★ Hirtzbach 6.10.1826 † Strasbourg 12.9.1906), fille de Charles de Reinach-Hirtzbach ©. 6 enfants. Études au petit séminaire Saint-Louis de Strasbourg et au collège Sainte-Barbe à Paris puis à la faculté de Droit de Strasbourg. Licence en droit en 1850. De tradition légitimiste, François fit partie de la délégation alsacienne qui s’est rendue à Wiesbaden en mai 1849, pour rendre hommage au comte de Chambord. Mais après le coup d’État de 1851, il imita ses beaux-frères Reinach-Hirtzbach et se rallia à la nouvelle dynastie, envers qui il transféra sa fidélité. Alsacien dont la famille était immatriculée dans la noblesse badoise, il demanda à la grande-duchesse Stéphanie de Bade, tante de Napoléon III, de le recommander auprès de lui. Il fut nommé en 1857, chambellan de l’empereur. Napoléon III tenait à ce que ses chambellans fussent députés. Déjà maire de sa commune, conseiller général, François fut en fin de compte imposé comme candidat officiel dans l’arrondissement de Sélestat, à une haute administration, (préfet et magistrats) et à des collègues députés et conseillers généraux (Coulaux ©, Coehorn ©, Renouard de Bussierre ©) qui n’en voulaient pas. Il l’emporta en juin 1863, mais dans des conditions telles que le Corps législatif invalida son élection ; en janvier 1864, l’arrondissement élit le député sortant Hallez-Claparède ©. Les représailles contre les adversaires du chambellan ne se firent pas attendre : Coulaux fut privé de sa vice-présidence du Conseil général à l’automne 1864 et démissionna de la mairie de Strasbourg, où il fut remplacé par Théodore Humann ©. Après le premier président Rieff ©, le préfet Migneret © et le recteur Delcasso © furent remplacés en 1865. François fut attaché, à la suite de Guillaume Ier de Prusse venu visiter l’Exposition universelle (juin 1867), puis à la suite de Napoléon III dans son voyage d’Alsace de l’été 1867. Le nouveau premier président de Colmar, Bigorie de Laschamps ©, et le préfet du Bas-Rhin, Pron ©, eurent pour mission d’assurer une relève bonapartiste à la génération « orléaniste » des députés de 1852: de Leusse © et Zorn de Bulach furent élus au Corps législatif en 1869. François vota les crédits de guerre en juillet 1870. Belliciste à Paris, il n’en rejoignit pas moins l’Alsace, affirmant avoir pour mission d’adoucir « les rigueurs de l’occupation ». Pour éviter les équivoques que provoquaient ses démarches, les occupants l’assignèrent à résidence à Osthouse, et le grand-duc de Bade refusa de le voir. François fit le voyage de Chislehurst en mars 1872, avec son fils cadet François et se vit donner par Napoléon III le conseil de ne pas opter pour la France, et de rester en Alsace: « c’est là que vous serez le plus utile à la France ». Conseil bienvenu et superflu: « il avait trop de terre », avait dit de lui le banquier Renouard de Bussierre. Voilà qui le coupait définitivement de la France : son portrait en député impérial français par Baudelaire, exposé au pavillon « Alsace » de l’Exposition universelle de Vienne en 1873 dut être retiré, tant il provoquait d’incidents auprès des visiteurs français. Privé d’alliances avec des familles de la noblesse françaises: il ne trouva de « partis » pour ses enfants que de l’autre côté du Rhin, pour l’essentiel auprès de familles de l’ancienne noblesse immédiate de Basse-Alsace. En juin 1873, il accepta une candidature au Conseil général pour le canton d’Erstein : trop identifié au régime impérial à qui l’Alsace devait l’annexion à l’Allemagne, il fut battu dans le canton dont il était conseiller général depuis 1855. Cet « ancien bonapartiste » devint un adversaire du suffrage universel. À Villé, son obligé, le juge de paix Oscar Schomas, élu conseiller général, avait été invalidé pour incompatibilité : il laissa son siège à. Zorn de Bulach qui fut élu en août 1873. Ce fut à la veille de la session que les conseillers généraux se virent imposer le serment de fidélité des conseillers généraux, prévu en vertu de la Charte de 1830, par la loi sur les conseils généraux de 1833, disposition qu’ils croyaient abrogée du fait de l’abolition du serment politique prévu par la constitution impériale de 1852. Sollicité par François, l’empereur Guillaume Ier lui fit savoir qu’il ne pouvait rien
faire: Bismarck avait tranché. Il démissionna donc avec onze autres conseillers généraux du Bas-Rhin. Mais il se représenta et fut élu le 10 octobre 1873 conseiller général de Villé, puis prêta serment. Élu vice-président du Conseil général de Basse-Alsace, il fut désormais l’un des dirigeants principaux du « parti alsacien » ou « autonomiste ». Éu par le Conseil général du Bas-Rhin à la Délégation (Landesausschuss) créée en 1874, il en devint vice-président. Il fut l’un des principaux inspirateurs des démarches d’Alsace-Lorraine de Berlin à Strasbourg et se servit pour ce faire de ses relations avec le grand-duc de Bade avec qui il entretint une correspondance régulière, et avec Guillaume Ier.

Il provoqua ce faisant l’exaspération de Bismarck, à qui l’empereur demandait des rapports sur ces questions. Soutenu par le président supérieur von Moeller ©, François Zorn fut de même l’un des inspirateurs du projet de principauté ou « Dauphiné » d’Alsace-Lorraine confiée au prince impérial et royal Frédéric de Prusse, futur Frédéric III, et sembla bien l’avoir gagné à ce projet au cours d’une entrevue à Wiesbaden le 12 décembre 1877. Bismarck fit mine de s’incliner mais les attentats de 1878 contre le vieil empereur provoquèrent l’abandon des projets d’éloignement du prince héritier. Cependant, en 1879, Bismarck fit passer la réforme constitutionnelle qui fixait à Strasbourg un Statthalter et son gouvernement (4 juillet 1879). François fut nommé membre du Conseil d’État. La politique du maréchal de Manteuffel de la main tendue aux grands notables de la protestation brouilla celui-ci avec les autonomistes, au premier rang desquels les Zorn de Bulach (père et fils). La rupture s’afficha particulièrement à propos de la loi votée par le Reichstag, qui imposait l’allemand, que François Zorn maîtrisait mal, comme langue de délibération du Landesausschuss, et des vœux qu’il fit voter demandant le maintien de l’enseignement du français dans le système scolaire alsacien-lorrain, ainsi que dans la querelle autour de la manufacture de Tabacs de Strasbourg, en régie dans un marché libéré, et dont le principe et la gestion soulevèrent des controverses extrêmement vives. Après la mort de Manteuffel (1885), Hohenlohe-Schillingsfurst revint à une politique plus classiquement autonomisante et s’appuya plus nettement sur les Zorn. Mais à présent, le rôle principal dans l’attelage politique que formaient le père François et le fils Hugo Zorn ©.

Robert, dir., Dictionnaire des Parlementaires français comprenant tous les membres des Assemblées françaises et tous les ministres français 1789-1889, p. 569 ; E. Ancea, Dictionnaire des députés du Second Empire, Presses universitaires de Rennes, 1999, n° 613, p. 370.

François Igersheim (2003)