Skip to main content

ZINK Georges Émile

Universitaire, poète, (C) (★ Hagenbach 14.2.1909). Fils de Joseph Zink, cultivateur, et de Célestine Greter. ∞ 21.10. 1933 Marthe Cohn (★ Paris 9.4.1909 † Paris 12.10.1973) ; 3 enfants. Il a étudié au collège d’Altkirch, au lycée Fustel de Coulanges à Strasbourg, puis à l’École normale supérieure à Paris. Il a passé l’agrégation d’allemand en I932 et est devenu professeur de lycée (Troyes, Vanves). Après la guerre et la soutenance d’une thèse de doctorat d’État (1948), il fut nommé professeur de philologie allemande à l’Université de Lyon, puis à la Sorbonne (1965) où il a enseigné jus- qu’à sa retraite (1977). Docteur honoris causa de l’Université de Francfort-sur-le-Main. Chevalier de la Légion d’honneur (1966) ; Bretzel d’or de l’Institut des arts et traditions populaires (1976) ; Oberrheinischer Kulturpreis de la Fondation Gœthe de Bâle (1977).

Spécialiste de la littérature allemande du Moyen Âge, auteur de plusieurs études, il est en même temps poète et est resté fidèle à son dialecte natal. En témoignent d’abord ses Bilder vo d’haim dont la plupart remontent à la période autour de 1930. Il s’agit d’un lyrisme plein de charme musical qui conserve le ton et la forme de la chanson populaire allemande, en un cycle de poèmes brefs, rimés, dédiés au souvenir transfiguré de l’enfance et du village, de la nature, des travaux, fêtes et coutumes, au fil des jours et des saisons. Les contes et légendes sont également évoqués. Ces poèmes sont nés loin du pays natal, d’où leur inspiration à la fois nostalgique et idyllique, hors du temps présent et de la poésie moderne.
C’est dans le parler natal que le poète retrouve la « Haimet » perdue, c’est dans cette langue qu’il la reconstitue poétiquement. Mais, à part une demi-douzaine de poésies publiées dans la revue Elsassland et dans l’Elsässer Kalender, l’œuvre de Georges Zink est restée inédite dans l’entre-deux-guerres. Après 1945 et l’achèvement de sa thèse de doctorat, le poète s’est remis à écrire et une série de textes, en partie nouveaux, parurent alors notamment dans l’Annuaire de la Société d’histoire sundgauvienne. Il a repris et a terminé son œuvre principale, Wie dr Nesti un’s Odil sallemols ghirote han. Cette « histoire d’amour du Sundgau » est écrite en vers antiquisants de la tradition classique allemande. Le poète démontre ainsi que son dialecte alsacien est parfaitement capable de se mouler dans cette forme savante du « haut langage » classique. Une contribution essentielle à la « défense et illustration » d’une langue trop souvent méprisée ! Si les œuvres du germaniste sont en haut-allemand et en français, la langue poétique de Georges Zink est le dialecte. Il n’a publié que de rares poésies en haut-allemand et, tardivement, en français, ses souvenirs d’Une enfance à Hagenbach (Strasbourg, 1995). Discret et trop éloigné de la scène littéraire alsacienne, le poète est resté longtemps méconnu. Or son inspiration est proche de Nathan Katz © et, à l’égal du poète de Waldighofen, « d’r Schorsch vu Hagebach » apparaît comme un poète classique du Sundgau. Raymond Matzen © a assuré, en 1978, une première édition d’ensemble de l’œuvre poétique sous le titre Sichelte – Moisson.

Éditions de textes, contributions à des ouvrages collectifs, traductions. Ouvrages universitaires : Les légendes héroïques de Dietrich et d’Emrich dans la littérature germanique, Paris, 1950 ; Le cycle de Dietrich, Paris, 1953. Œuvres littéraires : « Bilder vo d’haim vom Schorsch », Annuaire de la Société d’histoire sundgauvienne, 1963, 1969, 1970 ; « D’Kaltnàcht », Petite anthologie de la poésie alsacienne, 1970 ; « Wie d’r Nesti un’s Odil sallemols ghirote han », ibidem, 1966, et extraits dans Petite anthologie de la poésie alsacienne, 1972 ; Haiet, Arn un Ahmtet, Gedichte in oberelsässischer Mundart, bearbeitet und herausgegeben von Raymond Matzen, Lahr, 1992 ; E Strüss üs d’r Heimet / Bouquet du terroir (traduction de R. Matzen), Strasbourg, 2001.

Who’s who…, 1967-1968, p. 1435 ; R. Matzen, « Georges Zink, professeur à la Sorbonne, chantre anonyme du Sundgau », Saisons d’Alsace, n° 48, 1973 ; idem, « Laudatio zu Ehren von Prof. Dr. Emile Georges Zink », Oberrheinischer Kulturpreis 1977, Bâle, 1978 ; idem, « Georges Zink et son œuvre dialectale Sichelte, poésies sundgauviennes », Saisons d’Alsace, n°73, 1981 ; S. Hartmann, C. Lecouteux (éd.), Deutsch-französische Germanistik, Mélanges pour Émile Georges Zink, Göppingen, 1984 ; A. Finck, « Hommage à Georges Zink, professeur à la Sorbonne und elsässischer Mundartdichter », Geistiges Elsässertum, Beiträge zur deutsch-französichen Kultur, Landau, 1992 ; idem, « Georges Zink », La littérature dialectale alsacienne, une anthologie illustrée, par Auguste Wackenheim, t. 4, Paris, 1999.

Adrien Finck (2003)

† Paris 30.4.2003

Philippe Legin (juin 23022)