Ecclésiastique (★ Strasbourg ? avant 1445 † Strasbourg janvier 1509). Fils d’Andreas Wolff et d’Anna Hell. Il put consacrer du temps et de l’argent à ses études qu’il fit d’abord à la faculté des Arts d’Erfurt à partir de 1460, puis à la faculté de Droit de Bologne, où il coiffa le bonnet de docteur en 1470. Dès 1465, il obtint un canonicat à Saint-Thomas, à Strasbourg. Il ne s’en contenta pas; chanoine de Saint-Pierre-le-Vieux en 1482, de Seltz en 1484, de Worms en 1485, de Saint-Pierre-le-Jeune en 1492, de Neuwiller en 1496, il obtint les dignités de prévôt à Saint-Pierre-le-Vieux, de doyen à Saint-Thomas et de cellérier à Saint-Pierre-le-Jeune. Il ne dédaigna pas plus les chapellenies – il en détint une à l’Hôpital de Strasbourg, ainsi qu’une vicairie à la cathédrale – que les paroisses, où bien sûr, il ne résidait pas ; successivement recteur de Bischoffsheim, d’Eschau, de Dettwiller et de Duntzenheim, il conservait généralement une pension payée par le clerc en faveur duquel il avait résigné son bénéfice. Il recourait volontiers aux services du plus célèbre des « courtisans » romains de son époque, Johann Burckard, le maître des cérémonies du pape. Sa bonne connaissance du droit le conduisit à s’occuper des affaires qu’avaient à régler des institutions ecclésiastiques ; il fut l’avocat de l’abbaye de Saint-Étienne et de la collégiale de Seltz. Il était conservateur des privilèges du Chapitre cathédral qui lui confia les fonctions de scrutateur lors de l’élection de l’évêque Wilhelm/Guillaume von/de Honstein ©. Conseiller du Magistrat, il fut reçu bourgeois de la ville en 1485 ; il avait pris la précaution de se faire accorder un statut spécial : il n’interviendrait pas dans les litiges auxquels seraient mêlés des ecclésiastiques et ne payerait pas le Helblingszoll. Il fit bon usage des revenus considérables que lui assuraient ses bénéfices et ses activités. Il fit reconstruire et décorer le cloître de Saint-Pierre-le-Vieux et fit exécuter une série de tableaux évoquant la vie de saint Amand. Dans sa maison, il avait fait inscrire des sentences morales. Sa bibliothèque était très importante; l’inventaire énumère les titres de 279 ouvrages, mais se contente de mentionner en plus cinq corbeilles contenant des livres mal reliés, des feuilles volantes et des lettres. La majorité de ces volumes était utile au juriste distingué qu’était Wolff, mais une cinquantaine d’entre eux démontre que l’ancien étudiant de Bologne avait pris goût à l’humanisme ; il lisait aussi bien les auteurs classiques, d’Aulu-Gelle à Salluste, que les promoteurs de la Renaissance littéraire – Valla, Le Pogge ou Philelphe. L’esprit ne le détournait pas entièrement de la chair ; il prit soin de son fils Johann, qui, comme lui, fit des études à Bologne, mais n’en revint pas docteur, et auquel il voulut céder son décanat sans y réussir; il put le caser à la Toussaint, dont il obtint une prébende. Sa fortune était assez belle pour que son testament fît l’objet d’âpres querelles : son frère Caspard – un homme de guerre adoubé par Maximilien sur le champ de bataille – et ses neveux, en particulier, s’estimaient lésés; le droit leur donnait tort et, quoi qu’il en eût, le Magistrat dut respecter les dernières volontés de Wolff.
Archives du Chapitre de Saint-Thomas, déposées aux Archives municipales de Strasbourg, suppl. 1, (catalogue de la bibliothèque) ; Archives municipales de Strasbourg, II, 123, 33 (testament) ; Ch. Wittmer, J.-Ch. Meyer, Livre de bourgeoisie, p. 416 ; Chr. Schmidt, Histoire littéraire de l’Alsace, Paris, 1879, Il, p. 58 et s. ; F. Rapp, Réformes et Réformation à Strasbourg, Paris, 1974, p. 299-305.