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WOLF Joseph Blaise et Jean Thiébaud

Poètes lyriques (C). Frères jumeaux: Joseph Blaise (★ Obernai 2.2.1774 † Obernai 3.5.1812). Jean Thiébaud (★ Obernai 2.2.1774 † Obernai 2.11.1806). Fils de George Wolf, vigneron qui se consacrait à la peinture et la sculpture pendant ses heures de loisirs. Célibataires. À partir de l’âge de cinq ans, les deux frères fréquentèrent l’école d’Obernai dont la surveillance était assurée par le curé Guntz et son vicaire Schulz. Les deux prêtres remarquèrent rapidement les dispositions intellectuelles des deux frères et obtinrent la participation matérielle du baron d’Oberkirch à leur instruction. Ils fréquentèrent alors des établissements scolaires strasbourgeois où ils s’initièrent aux auteurs grecs et latins et à la poétique allemande de Klopstock, aux œuvres de jeunesse de Goethe et de Schiller. Ils semblent également avoir pu fréquenter le cercle de maîtres tels que J.-J. Oberlin ©, l’helléniste Schweighaeuser © ou l’instituteur et historien Johann Friese ©. Leurs premières œuvres poétiques datent des années 1789. Dès le début des années 1790, Jean Thiébaud commença à souffrir de problèmes pulmonaires qui le contraignirent à abandonner les études et fut employé comme précepteur et greffier chez le notaire Noettinger. La maladie le contraignit à abandonner ce travail en 1797 ou 1798 et revenir à Obernai où il fut accueilli dans la famille de son demi-frère Lorenz Hubert. Mais sa santé continua à se détériorer. Très marqué par les excès de la Terreur – le père de sa belle-sœur, le boulanger Dominique Speiser, condamné par Euloge Schneider ©, fut guillotiné en place publique à Obernai – Jean Thiébaud pleura l’exécution de Louis XVI, s’insurgea contre Auguste Lamey © lorsqu’il loua les chants décadiens, salua le 9 thermidor et la chute de Robespierre. Plus généralement la poésie de Jean Thiébaud est une poésie de la douceur et de la nostalgie, de la quiétude et du solennel. Le silence de la forêt, le murmure de la source, la tranquillité du cimetière constituent l’arrière-plan de ses poèmes.

La conscription de 1795 sépara définitivement les deux frères. Joseph Blaise fut reconnu apte au service et incorporé au 76e régiment d’Infanterie de ligne qui était en formation à Strasbourg. Après la paix avec la Prusse en 1795, le 76e appartenait à l’armée de Moreau qui devait, selon le plan du Directoire, avancer vers Vienne par la Souabe et la Bavière après le passage du Rhin à Gambsheim. Mais, repoussé par l’archiduc Charles, Moreau dut battre en retraite par la Forêt-Noire et rentrer en Alsace où le 76e prit ses quartiers d’hiver. Après cette campagne, Joseph Blaise
fut affecté à l’état-major de son régiment. En 1798, on le trouve avec son régiment dans l’armée Schauenbourg en Suisse; il séjourna à Zurich où il fut assez longtemps en quartier dans la maison de la veuve du poète suisse Gessner. Il stationna ensuite avec le 3e bataillon auquel il appartenait à Schwyz et participa, en avril 1799, à la répression de la rébellion des paysans des quatre cantons autour du lac lors de la bataille de Schönenbuch. Joseph Blaise fit campagne comme secrétaire dans l’état-major de Moreau en 1800. Il fut présent à Hohenlinden le 3 décembre 1800. Il revint alors dans son régiment avec lequel il demeura jusqu’à la paix de Lunéville le 9 février 1801. Fin mars il passa à Neuf-Brisach, mais repartit au début d’avril, sans avoir vu son frère, en direction de la Belgique et resta, du 20 avril 1801 jusqu’au printemps 1803, dans la citadelle d’Anvers. Le 76e reçut ordre de se rendre à Hanovre sous Mortier, puis Bernadotte. Il y demeura jusqu’en février 1805 où il fut affecté au camp de Boulogne dont il repartit le 30 août 1805 pour Ulm, puis, après la capitulation de cette ville, en couverture au Sud du Danube. Entre-temps, Joseph Blaise était passé vaguemestre et ensuite officier. Après la paix de Presbourg, le régiment de Wolf se disposa à rentrer en France, mais fut détourné vers la Bavière du Nord où, le 14 octobre 1806, il participa à la bataille d’Iéna. Le 17 novembre 1806, Joseph Blaise était à Berlin et, le 21 novembre, à Francfort sur l’Oder où il apprit la mort de son frère. En février 1807, son régiment combattit les Russes et les Prussiens à Eylau, puis à Friedland. Dans la région de Glogau, le régiment attendit la paix de Tilsit avant de pouvoir rentrer- en France en septembre 1808 où Joseph Blaise obtint son congé définitif.

Durant toute sa période militaire, outre les poèmes lyriques dédiés à ses amis lettrés et poètes rencontrés dans ses diverses garnisons, Joseph Blaise se fit notamment le chantre de Bonaparte, de Napoléon, de la Grande Armée. À son retour à Obernai, le recteur de l’Académie, Bernard de Montbrison © qui était l’époux d’une Oberkirch et résidait au château d’Obernai, obtint pour Joseph Blaise une place d’enseignant, puis de chef d’institution dans la nouvelle école supérieure qui avait été créée à Rosheim. Outre son travail d’enseignant, il y constitua successivement trois collections manuscrites de poèmes sous le titre de Gedichte der Zwillinge von Oberehnheim. Au printemps 1812, une épidémie de fièvre miliaire se déclara à Rosheim. Pour échapper à la contagion, Joseph Blaise se réfugia à Obernai chez sa parenté où il contracta cependant la maladie et en mourut.

La majeure partie des manuscrits se trouve aux archives d’Obernai. Mises à part des publications isolées de Joseph Blaise dans des journaux de Hambourg ou de Berlin, seuls ont paru jusqu’à ce jour des fragments de l’œuvre des frères Wolf dans Gedichte der Gebrüder Wolf, eine Auswahl von Professor Eugen Müller, Strasbourg, 1916 et dans des articles de J. Lefftz : « Napoleon und das Elsass », Illustrierte Festschrift für das elsässische Volk-Napoleon zu seinem 100. Todestag, Colmar, 1921 et « Ein Oberehnheimer Dichtersoldat Napoleon’s », Annuaire de la Société d’histoire et d’archéologie de Dambach, Barr, Obernai, 1968.

J. Gyss, Histoire de la ville d’Obernai, Strasbourg, 1866, II, p. 441 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 1011.

† Jean-Paul Bailliard (2002)