Prêtre, philosophe, sociologue (★ Michelbach près Thann 4.3.1920). Fils d’Eugène Winninger, agriculteur, et de Madeleine Jordy. Études au collège de Zillisheim (1930-1938), au Séminaire Saint-Thomas à Strasbourg-Robertsau (1938-1939), à la faculté de Théologie catholique de Strasbourg, repliée à Clermont-Ferrand (1939-1944). Il fut ordonné prêtre à Royat le 8 avril 1944. Il compléta ses études à Paris en Sorbonne et à l’Institut catholique (1944-1946). Licences en théologie, droit canonique, philosophie, lettres, sociologie et géographie. Enseignant de philosophie au Séminaire Saint-Thomas à Strasbourg-Robertsau (1946-1965) et au Petit Séminaire de Walbourg (1965-1981). Chargé de cours de sociologie religieuse à la faculté de Théologie catholique de l’Université de Strasbourg (1964-1968). Élèves et étudiants témoignent d’un enseignement clair, marqué d’humanisme et d’ouverture aux arts. Collaborateur du chanoine Fernand Boulard et de Gabriel Le Bras dans les enquêtes de pratique religieuse des années 1950. Curé de Gunstett depuis 1979 en même temps que chroniqueur de la vie diocésaine de la seconde moitié du XXe siècle. Juge à l’Officialité diocésaine. Grand voyageur, Winninger a fait une vingtaine de séjours en Inde, « un pays incomparable d’humanisme, de culture, de spiritualité et d’art religieux », en Russie (Moscou-Vladivostok par le train en huit jours), en Mongolie, au Tibet, la Route de la Soie, en Chine, en Afghanistan, avant la destruction des Bouddhas, en Australie, jusqu’à l’Ile de Pâques, dans les deux Amériques, etc… Dans ses heures de loisirs, Winninger créa un verger conservatoire de 250 variétés de poiriers différents. Il rassembla en gros classeurs les caractéristiques de chaque espèce : origine, histoire, qualités, images. La surface a été soustraite du verger du presbytère en forme juridique par l’évêché et la préfecture et confiée à l’Association des arboriculteurs du Bas-Rhin. Ce verger est unique dans le Nord-Est de la France et le Palatinat et attire des visiteurs nombreux.
Parallèlement à ses occupations pastorales, ses voyages et ses travaux d’arboriculture, Winninger trouva le temps pour écrire et publier un nombre impressionnant d’articles et d’ouvrages traitant de sociologie religieuse, d’histoire de l’art et autres sujets, dont voici les principaux titres : Construire des églises. Les dimensions des paroisses et les contradictions de l’apostolat dans les villes, Paris, 1957 ; Vers un renouveau du diaconat, Paris, 1958 ; Langues vivantes et liturgie, Paris, 1961 (préf. de Mgr Weber) ; Le livre de la famille, encyclopédie des époux et des parents chrétiens, Paris, 1965 ; Les diacres. Histoire et avenir du diaconat, Paris, 1968 ; La vanité dans l’Eglise, Paris, 1968 ; Ordonner des prêtres: le célibat une loi, le ministère une nécessité, Paris, 1977 ; Les missions paroissiales en Alsace de 1958 à 1967, Strasbourg, 1993 ; Les missions paroissiales urbaines de Strasbourg de 1951 et 1968, Mulhouse 1960, Colmar 1965, Strasbourg, 1994 ; Art sacré et nouvelles églises en Alsace de 1945 à la fin du siècle, Strasbourg, 1994 ; Les séminaristes du diocèse de Strasbourg pendant la guerre 1939-1945, Clermont-Ferrand, Fribourg en Brisgau, aux armées, Strasbourg, 1996 ; L’église Saint-Michel de Gunstett, 1996 (éd. par le Conseil de Fabrique) ; Le Conseil presbytéral sous les épiscopats Elchinger et Brand. L’évolution de l’Église en Alsace de 1967 à 1997, Strasbourg, 1998 ; Le retour de la France en Alsace. Quand l’Alsace parle à la France. Réflexions et témoignages sur l’identité alsacienne en 1944-1945, Strasbourg, 1997 ; Des prêtres, nécessité de l’Église à venir (n° spécial de Jésus, décembre 2001) ; Mgr Charles Amarin Brand, Mémoires – Souvenirs, Entretiens avec Paul Winninger, 2002.
Les écrits sur le diaconat, traduits en italien et en espagnol, ont contribué à la restauration du diaconat permanent par le concile Vatican II. De même, l’usage des langues vivantes en liturgie, revendiqué d’une manière diffuse par le mouvement liturgique d’après-guerre, fut argumenté par Winninger dans le seul volume paru sur le sujet, traduit en allemand et en néérlandais. Le Livre de la Famille, remis à jour par 15 éditions successives de 1965 à 1995, a atteint 150 000 exemplaires et fut traduit en italien et en espagnol. Pour remédier au déclin des effectifs du clergé et promouvoir une institution ministérielle ajustée aux besoins et aux droits du peuple de Dieu, Winninger évoqua dès 1977, puis de nouveau en 2002, la nécessité d’appel de prêtres en nombre suffisant, par un ajustement de la loi du célibat obligatoire et d’un type de formation pas uniquement scolaire de jeunes candidats. Ces ouvrages faciliteront un jour le travail des historiens qui s’attacheront à retracer l’histoire de l’Église d’Alsace de 1939 à 2001, écrite par un témoin direct et en partie un acteur passionné des évènements.
Rappelons encore en terminant que, comme curé de Gunstett, Winninger restaura l’église paroissiale qu’il décora par un ensemble de 14 tableaux de Camille Claus © dans le chœur.
L’Ami du Peuple des 18.9.1979,12.4.1994, 7.6.1996,12.9.1999; Le Nouvel Alsacien du 13.3.1980 ; L’Alsace des 27.2.1994 et 25.10.1998 ; Dernières Nouvelles d’Alsace des 12.4.1994, 3.3.1996, 18.10.1996, 8.11.1998, 26.7.1999 et 13.1.2002 ; Bulletin ecclésiastique du diocèse de Strasbourg, 1957, p. 497 ; 1958, p. 327 ; 1961, p. 282 ; 1965, p. 228 ; 1966, p. 496 ; L’Église en Alsace, 1968, janvier, p. 51 ; 1969, novembre, p. 63; 1994, janvier, p. 43-45, juillet, p. 38-39 ; 1995, février, p. 42-44, avril, p. 38-40 ; 1996, mai, p. 44-46, décembre, p. 21 ; 1998, novembre, p. 29-30; 1999, février, p. 26-28; Cahiers alsaciens d’archéologie, d’art et d’histoire, t. 38, 1995, p. 263-264 : Annuaire de la Société d’histoire sundgauvienne, 1995, p. 363 ; Revue d’Alsace, t. 122, 1996, p. 475 ; Élan, n° 5-6, 1996 et 7-8, 1998 ; Revue d’Histoire de l’Église de France, t. 83, 1997, p. 507 ; La Vie, n° 2952 (28.3.-
3.4.2002), p. 14 (avec portrait); XXe siècle, juin 1996.
† François-Joseph Fuchs (2002)
† Bitschwiller-les-Thann 13.7.2016.
Philippe Legin (juin 2022)