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WILL Robert Jean Charles

Architecte, archéologue, historien d’art, (PI) (★ Uhrwiller 1.1.1910 † Strasbourg 14.4.1998). Fils de Louis Will, pasteur, et d’Anne Scheu. ∞ 4.10.1958 à Strasbourg Annie Gsell, fille d’Auguste Gsell, directeur de tissage à Ribeauvillé, et de Lucie Meyer. Après des études au Gymnase protestant à Strasbourg, Will entra à l’École régionale d’architecture de Strasbourg. Il obtint son diplôme d’architecte (DPLG) en 1936. Pendant trois ans, jusqu’à la mobilisation de 1939, il travailla au cabinet d’architecture Mewes ©, Koenig et Félix de Strasbourg. Il collabora à la mise au point d’un type de graphisme américain pour l’aérogare de Strasbourg-Entzheim. L’exécution du projet fut entravée par la guerre. En été 1940, son unité traversa la frontière suisse et fut internée dans ce pays. Revenu en Alsace annexée de fait (1941), Will fut employé au service d’architecture départemental. En été 1944, une nouvelle incorporation le conduisit en Tchécoslovaquie. Après sa libération en 1945, il devint chef d’agence dans le cabinet des architectes Joseph et Erasme Schwab. C’est pendant cette période qu’il restaura l’église Saint-Nicolas de Strasbourg après des fouilles qui dégagèrent des vestiges romains (1947). En 1950, le maire Charles Frey © demanda à Will de seconder les architectes Paul Dopff © et Pierre Sonrel qui étaient chargés de la reconstruction et du remaniement du Conservatoire de Musique de Strasbourg. Architecte d’opération, Will mit au point l’isolation phonique des salles superposées (en 1992, cette partie de l’édifice a été inscrite sur l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques). Nommé architecte en chef, Will dirigea à partir du 1er janvier 1958 le Service d’architecture de la Ville de Strasbourg. Il s’occupa entre autres de la reconstruction de l’église protestante de Neudorf. À un sanctuaire banal, il substitua un édifice moderne et lumineux doté d’un déambulatoire-halle (1961). Très endommagée par les bombes, l’église Saint-Jean et sa charpente furent minutieusement reconstitués (1965). Quant à l’Ancienne Douane, également reconstruite, elle conserve des arcades gothiques dans sa partie ouest. L’aménagement du premier étage et des combles a facilité les expositions temporaires et d’autres manifestations culturelles (1965). Après l’incendie accidentel du Pavillon Joséphine à l’Orangerie, il restaura et restructura l’édifice (1969). On lui doit aussi le projet du premier secteur piétionnier au sud de la cathédrale. En collaboration avec l’architecte Cardosi, il étudia en qualité d’architecte coordinateur l’insertion dans le tissu urbain d’une vingtaine de groupes scolaires. Admis à la retraite en 1975, il exécuta encore des missions ponctuelles, mais se consacra davantage à ses publications et à la présidence de la Société pour la conservation des monuments historiques d’Alsace (1973 à 1985). De 1965 à 1985, il fut également vice-président du comité départemental du Bas-Rhin de l’Inventaire général des monuments et richesses artistiques de la France.

Sa bibliographie comporte 158 numéros (publiée dans les Cahiers alsaciens d’archéologie, d’art et d’histoire, tome XXII, 1989) et, pour la période après 1989 dans le tome XLI, 1998) et reflète ses principaux domaines de recherche; l’art pré-roman, l’art roman (architecture et sculpture), l’art gothique (sculpture, vitrail, architecture religieuse et castrale). Parmi ses ouvrages les plus connus, il faut citer le Répertoire de la sculpture romane de l’Alsace, Strasbourg, 1955 ; Alsace romane, La Pierre-qui-Vire, 1965, 1975, 1982 ; Églises et sanctuaires d’Alsace, en collaboration avec Th. Rieger, Strasbourg, 1969 ; Le Mont Sainte-Odile, en collaboration avec Fr. Pétry, Paris, 1988. Il a d’autre part participé à l’ouvrage collectif Châteaux et guerriers d’Alsace, Strasbourg, 1957, avec l’importante contribution : « Essai d’une typologie du château médiéval d’Alsace ». Chevalier du Mérite (1974) ; chevalier des Arts et Lettres (1972). Prix Fritz Schumacher fur Denkmalpflege und Städtebau, Hanovre, 1968; prix spécial de l’Académie d’Alsace pour son ouvrage Alsace romane (1968).

Th. Rieger, « Robert Will, l’architecte, l’archéologue et l’historien d’art à l’occasion de son quatre-vingtième anniversaire », Cahiers alsaciens d’archéologie, d’art et d’histoire, XXXII, 1989, p. 5-15; idem, « Robert Will (1910-1998) », Cahiers alsaciens d’archéologie, d’art et d’histoire, XLI, 1988, p. 185-188; F. Pétry, « In Memoriam Robert Will », Revue d’Alsace, t. 125, 1999, p. 5-6.

Théodore Rieger (2002)