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WENGER Suzanne (en religion : Mère Marie Odile)

Supérieure de congrégation, religieuse de Notre-Dame de Sion (C) (★ Strasbourg 15.10.1890 † Marseille 26.5.1967). Fille de Paul Wenger, directeur de la filature de laine cardée à Drusenheim (1856-1920), puis banquier (banque Staehling-Valentin), et de Jeanne Valentin (petite-nièce du préfet Edmond Valentin ©. Études classiques aboutissant au brevet élémentaire, d’abord à Notre-Dame des Mineurs à Strasbourg, puis à Notre-Dame de Sion à Anvers. Un diplôme de la Croix Rouge compléta sa formation. Elle parlait couramment trois langues (français, allemand et anglais). Avec sa sœur, avant la guerre, elle voulut s’initier aux conditions de vie des ouvrières en usine et travailla 15 jours à l’usine de son père. Le 2 juillet 1914, elle entra au noviciat de Sion à Paris ; encore postulante, elle fut envoyée à la maison de Marseille, transformée en dispensaire pour les blessés de l’armée d’Orient, et où sa qualité d’infirmière fut précieuse. Cependant, elle regagna rapidement le noviciat et prononça ses vœux en 1916. La maison de Grandbourg, Évry, où elle fut alors envoyée, accueillait une centaine d’enfants réfugiés du Nord envahi, protégées par le comité américain. Le 19 février 1919, elle rejoignit à Strasbourg l’équipe de six sœurs qui, sous la direction de Mère Marie Borromée Christiani, ouvrait un pensionnat au n° 49, allée de la Robertsau. Elle se vit d’abord confier les plus jeunes élèves, puis les aînées lorsque l’établissement se développa. Le 14 février 1930, elle fut nommée supérieure. On avait occupé successivement les maisons voisines n° 47 et 45, puis l’expansion du pensionnat amena la nécessité de s’agrandir sur la rue Erckmann-Chatrian. Une propriété fut revendue et remplacée par une villa « Monplaisir » sur les bords du lac de Gérardmer (10.1935) acquise grâce à un don généreux reçu par l’Association des anciennes élèves. Lors de l’évacuation de Strasbourg en 1939, c’est là que Mère Odile se replia avec les sœurs et quelques élèves. Au mois de mai suivant, il fallut partir et c’est à Grandbourg que Mère Odile réussit à former un nouvel établissement scolaire. Un bâtiment proche de la vieille maison reçut les élèves préparant leur examen privé des « Humanités féminines » avec une branche agricole. En juillet 1945, elle retournait à Strasbourg avec sœur Marie Henri Bioche pour y retrouver la maison gravement mutilée par le bombardement du 15 septembre 1944 ; il fallait tout recommencer: réaménagement de ce qui restait debout et reconstruction dont l’œuvre principale fut une grande chapelle dont elle voulut faire un signe de la vocation essentielle des Sœurs de Sion, ce qui en fit l’une des premières œuvres d’art religieux de l’après-guerre en Alsace selon le chanoine Winniger. En même temps, le long du boulevard de la Dordogne, s’élevait l’aile qui reliait les bâtiments de l’allée de la Robertsau et ceux de la rue Erckmann-Chatrian. La supérieure voulait aussi assurer l’installation des classes primaires « aux Lutins », petit hôtel situé à l’angle du quai Rouget de Lisle et la rue Erckmann-Chatrian. Comme il était occupé par le général de Lattre de Tassigny ©, elle obtint le départ de celui qui déclarait que ce fût là la seule défaite qui lui fut infligée ! Malgré tous les obstacles, le collège rouvrait en septembre 1945, aucun des travaux n’étant encore achevé, mais les inscriptions d’élèves se multipliant. Le 1er juillet 1952, l’évêque de Strasbourg, Mgr Weber ©, vint bénir la chapelle. C’est lui aussi qui, le 14 février 1951, avait décoré Mère Marie Odile chevalier de la Légion d’honneur. On lui doit de nombreuses recherches pour retrouver le site de Turquestein où, en 1797, avait été signé, entre l’abbé Colmar ©, madame Brek et mademoiselle Humann ©, le Pacte que cette dernière renouvela entre les jeunes du « Cénacle de la rue de la Toussaint », parmi lesquels Théodore Ratisbonne © qui en fit l’une des chartes de la Congrégation. Avec l’autorisation du comte de Talhouet, propriétaire du lieu, et l’aide de M. Nonne, architecte, elle fit ériger un autel commémoratif qui, depuis 1954, devint rapidement un lieu de pèlerinage. L’aspect social de la vie n’était pas oublié : accueil des « Pirrettes » (orphelines prises en charge par le chanoine Pirre); secours des élèves aux défavorisés du Port du Rhin ou à la crèche Stenger-Bartmann.
Le 6 août 1954, elle fut déchargée de sa fonction, demeurant auprès de la nouvelle supérieure, Mère M. Emma Bourdrel pour la seconder. En juillet 1960, elle fut envoyée à Gémenos, près de Marseille, pour ouvrir une maison de sœurs aînées. Après de courts séjours à Paris en 1966, elle revint à Marseille, le 27 avril 1967, et y mourut. Elle repose à Gémenos, face au Garlaban.

J. Wenger-Valentin, Souvenirs pour mes petits-enfants.

Sœur Jean Marie Chauvin (2002)