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WENDEL Max Carl Ludwig Hermann (pseudonymes: Leo PARTH, Karl MAX, A. M. ESSIN, Félix LECHAT)

Journaliste, homme de lettres, député, (PI) (★ Metz 2.3.1884 † Saint-Cloud, Hauts-de-Seine, 10.10.1936). Fils de Ludwig Hermann Wendel (★ Zellin, Prusse, 1854 † Hanau 1930), assistant des postes, et d’Hortense Weber (★ Erkelenz, Prusse rhénane, 1850 † Hanau 1928). ∞ août 1905 Augusta Clara Grötzsch (★ 1883 † Francfort/Main 14.7.1973). À Metz, le jeune fils d’immigré allemand prit goût à l’histoire et à la littérature françaises. En 1902, il partit pour Strasbourg, où il rencontra le groupe du Stürmer, et il publia dans cette revue plusieurs articles et des poèmes. Il s’inscrivit à l’Université de Munich, où il étudia la philosophie et l’histoire, sans achever son cursus académique. C’est vraisemblablement en 1904 qu’il adhéra au Parti social-démocrate, mais il avait déjà assisté auparavant à des réunions de propagande tenues par Jacques Peirotes © à Metz et à Strasbourg. En 1905, Wendel devint rédacteur de la Sächsische Arbeiterzeitung, organe du SPD à Dresde dirigé par Franz Mehring. Il travailla ensuite à Chemnitz pour la Volksstimme, puis à la Leipziger Volkszeitung. Puis, il s’établit à Francfort-sur-le-Main comme rédacteur à la Volksstimme (1908-1913), tout en collaborant au quotidien central de son parti, le Vorwärts. Il avait été élu en 1910 conseiller municipal de Francfort et, en 1912, député social-démocrate de Freiberg, Saxe. Le 14 mai 1914, il termina une longue intervention critique sur la politique étrangère du gouvernement allemand au Reichstag en s’exclamant en français: « Vive la France! ». Alors qu’il appartenait à l’aile gauche du SPD, il se rallia en août 1914 à la majorité belliciste de la fraction parlementaire. Il s’engagea volontairement dans le Landsturm et fut envoyé en Belgique comme Lazarett-Hilfsinspektor avec rang de sous-officier tout en revenant en Allemagne lors des sessions parlementaires. Il s’éleva ainsi à maintes reprises contre « le régime de terreur» imposé par l’armée et l’administration à la population du Reichsland, notamment au moyen des « lettres de cachet » délivrées par les généraux, qui permettaient des détentions arbitraires. Il critiqua aussi les actions exercées contre la langue française. En particulier, il intervint plusieurs fois en faveur des 250 proscrits alsaciens-lorrains qui séjournaient à Francfort, comme Charles Walter © et son épouse. Il publia cependant vers la fin de l’année 1916, à la demande de la direction du SPD, une brochure où il affirmait la légitimité de l’appartenance au Reich de l’Alsace-Lorraine. Il dénonçait les conséquences catastrophiques pour la classe ouvrière indigène d’un éventuel retour à la France, avec sa législation sociale embryonnaire et son mouvement socialiste et syndical très faible. Les effets économiques de ce bouleversement territorial seraient encore plus catastrophiques pour la prospérité de la région. En revanche, en mars 1917 au « Hauptausschuss » du Reichstag et le 7 juin 1918, à la tribune de la même assemblée, il constata que la politique menée depuis 1914 conduirait l’immense majorité des Alsaciens-Lorrains à se prononcer pour le retour à la France dans l’hypothèse d’un plébiscite. Il s’était aussi prononcé en octobre 1917 contre les projets de rattachement de l’AIsace-Lorraine à la Prusse. Le député social-démocrate de Mulhouse, Emmel ©, l’accusa d’être devenu ainsi le successeur politique du déserteur Georges Weill ©. Le 8 novembre 1918, Wendel suggéra que le plébiscite d’autodétermination ne soit organisé qu’après une assez longue période de paix, au cours de laquelle la pacification de I’ex-Reichsland serait assumée par une puissance neutre. Du 9 novembre au 21 décembre 1918, il exerça les fonctions de chef du service de presse et de censure du conseil ouvrier de Francfort. Il dirigea en même temps un bureau chargé du rapatriement des prisonniers de guerre français. Dès le 10 novembre 1918, il avait obtenu le retour immédiat des proscrits en Alsace-Lorraine. En janvier 1919, il fut temporairement préfet de police de la ville. Il renonça ensuite à poursuivre une carrière politique et travailla comme journaliste pigiste. Il devint un expert réputé des questions balkaniques: le gouvernement de la République de Weimar lui proposa même de devenir son ministre plénipotentiaire à Belgrade, mais il refusa cette offre. Fervent militant de la réconciliation franco-allemande, Wendel continua à s’intéresser aux affaires d’Alsace et de Lorraine et publia maints articles à ce sujet, notamment dans la presse allemande de gauche (D/e Volksstimme, Vorwärts, Das Tagebuch, Die Glocke). Pour lui, le retour des trois départements à la France était définitif. Tout en critiquant certains aspects de la politique française, comme le procès de Colmar, il condamnait sévèrement les menées révisionnistes en Allemagne, notamment celles de Robert Ernst © et celles de l’Institut de Francfort. Il collabora également aux journaux strasbourgeois, les Strassburger Neueste Nachrichten, où il signa 84 articles de 1928 à 1936, et la Freie Presse (90 articles de 1928 à 1936). Il fit le 11 mars 1930 une conférence à Strasbourg sur l’Allemagne de 1870 à 1918. En août 1931, alors qu’il était revenu une cinquantaine de fois à Metz ou à Strasbourg depuis 1919, le consulat français à Francfort lui interdit l’entrée dans les trois départements et le Territoire de Belfort, sous le prétexte (inexact) qu’il avait été officier pendant la guerre. Cette mesure fut annulée par le ministère des Affaires étrangères le 19 novembre 1931. Il revint à Strasbourg, en avril 1932, à l’invitation de la CGT pour y faire une causerie à l’occasion du centenaire de la mort de Goethe. Dans son bureau de Francfort, figurait une maquette de la statue de La Marseillaise de Marzolf ©. Dès mars ou avril 1933, il décida de fuir l’Allemagne nazifiée et se réfugia à Neuilly-sur-Seine, Hauts-de-Seine, où il continua ses travaux sur l’histoire de France, notamment sur la Révolution française, ainsi que sur les littératures allemande et française. Il fut inhumé le 15 octobre 1936 au cimetière du Père Lachaise à Paris.

Parmi ses écrits : « Gedichte », Der Stürmer du 1.9.1902, n° 5 ; Die Preussenpolitik in ihren Ursachen und Wirkungen, 1907 ; August Bebel, 1913 ; Zabern ! Militäranarchie und Militärjustiz, Francfort/Main, sd (1914) ; Weltkrieg und Sozialdemokratie, Dresde, sd (1915) ; « Der Geist von Zabern », Chemnitzer Volksstimme du 14.11.1916; Elsass-Lothringen und die Sozialdemokratie, Berlin, 1916 ; Heinrich Heine, 1916; Der Rhein, Deutschlands Strom oder Europas Strom ? Francfort/Main, sd (1927) ; « Sturm überm Elsass », Das Tagebuch, 1929, Heft 8, p. 300 sqq ; En passant par la Lorraine, Francfort/Main, 1930 ; « Bussang-Koblenz », Strassburger Neueste Nachrichten du 11.3.1930 ; Danton, 1930 ; « Die Stürmer », Elsässisches Literatur-Blatt, 1931 ; « Die Absage eines deutschen Republikaners », Strassburger Neueste Nachrichten du 23.4.1933 ; « J. B. von Schweitzer und das Elsass », ibidem du 12.7.1933; Jugenderrinerungen eines Metzers, Strasbourg, 1934 ; Die Marseillaise. Biographie einer Hymne, Zurich, 1936 (dédié à la mémoire de Jacques Peirotes ©) ; « Gottlieb Conrad Pfeffel und die Revolution », Strassburger Neueste Nachrichten du 27.6.1936.

Florent-Matter, Les Alsaciens-Lorrains contre l’Allemagne, Paris-Nancy, 1918, p. 71-72, 104-105; J. Weill, L’Alsace et les Alsaciens-Lorrains pendant la guerre, Strasbourg, 1921, p. 151- 154 ; Journal d’Alsace-Lorraine du 1.4.1927 ; Elsässer du 1.2.1930 ; Strassburger Neueste Nachrichten du 13.3.1930 ; P. Bourson, « Un conférencier allemand, M. H. Wendel », Dernières Nouvelles de Strasbourg du 6.3.1930; Elsässer Bote du 6.3.1930; P. Bourson, « M. H. Wendel », L’Alsace française du 9.3.1930, p. 183-184 ; Lothringer Volkszeitung du 8.12.1931 ; Elsass-Lothringer Zeitung du 8.12.1931 ; Dernières Nouvelles de Strasbourg du 10.12.1931 ; Pariser Tageszeitung du 6.10.1936 ; L. E. Schaeffer, « H. Wendel », Strassburger Neueste Nachrichten du 14.10.1936 ; Die Heimat, 1936, n° 10, p. 276-277 ; Haegy, Das Elsass von 1870-1932, Colmar, index; F. Osterroth, Biographisches Lexikon des Sozialismus, I, Hannovre, 1960, p. 331-332 ; E. Matthias, E. Pikart (éd.), Die Reichstagsfraktion der deutschen Sozialdemokratie 1898 bis 1918, Dusseldorf, 1966, 2 vol. ; S. Miller, Burgfrieden und Klassenkampf Die deutschen Sozialdemokratie im Ersten Weltkrieg, Dusseldorf, 1974, p. 218- 221; F. Roth, La Lorraine annexée (1870-1918), Nancy, 1976 (index) ; Biographisches Handbuch der deutschsprachigen Emigration nach 1933, I, Munich-New York-Londres-Paris, 1980, p. 813; R. Stübling, « Vive la France! ». Der Soziatdemokrat Hermann Wendel (1884-1936), Francfort/Main, 1983; Deutsche Bibliographische Enzyklopâdie, 10, Munich, 1999, p. 390-391.

Léon Strauss (2002)