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WENDEL François Jean

Universitaire, juriste et théologien, (PI) (★ Strasbourg 30.6.1905 † Strasbourg 27.7.1972. Fils de Louis Georges Wendel, chirurgien-dentiste, et de Jeanne Louise Siegfried. ∞ 6.6.1930 à Strasbourg Évelyne Marguerite Belin, fille de Charles Émile Belin, médecin, directeur de l’Office municipal d’hygiène, et d’Emma Suzanne Metzger; 4 enfants. Wendel fit des études secondaires au lycée Fustel de Coulanges, puis supérieures de 1922-1928 à la faculté de Droit et des Sciences économiques à Strasbourg. De 1930 à 1938, il fut secrétaire général de l’Office régional d’information, de l’Office d’informations allemandes, puis du Comité alsacien d’études et d’information, et enfin de l’Institut d’études européennes. Ces fonctions l’amenèrent à voyager en Europe, notamment dans les pays baltes et en Yougoslavie; elles lui permirent ainsi de dispenser, non seulement dans le Bulletin du Comité alsacien et dans des publications telles que L’Alsace française, L’année politique française et étrangère, mais aussi dans des périodiques religieux, comme La revue du christianisme social et La quinzaine protestante (Strasbourg), des informations précises et une analyse lucide de la situation du « Kirchenkampf », et, plus largement, de l’évolution générale de la situation allemande. De 1936 à 1938, il fut, aux côtés de J. A. Jaenger ©, secrétaire général des Amis de l’Université de Strasbourg. En 1938, après avoir passé les examens de licence en théologie (ils donnaient droit à l’admission en thèse), il fut chargé, à la faculté de Théologie protestante de Strasbourg, d’une suppléance de maîtrise de conférences en histoire du christianisme. Wendel avait retenu l’attention des théologiens par sa thèse de droit sur Le mariage à Strasbourg à l’époque de la Réforme (1520-1692). Il y avait découvert notamment, dans les Archives du chapitre de Saint-Thomas, des manuscrits extrêmement précieux, et qui n’ont été publiés que tout récemment (voir Bucers Deutsche Schriften, t. 10 : Schriften zu Ehe und Eherecht, Gütersloh, 2000) ; à raison, il en avait attribué la paternité à Martin Bucer: Von der Ehe und Ehescheidung auss göttlichen und kaysserlichen Rechten, 1533; Scriptum Majus vom Ehegericht, non daté. Cet intérêt pour l’histoire des institutions se concrétisa aussi par la publication, en 1942, de sa thèse de licence en théologie protestante, L’Église de Strasbourg, sa constitution et son organisation (1532-1535). Cet ouvrage se fonde également, pour une large part, sur des sources inédites. La première partie traite du synode de 1533, dont elle analyse minutieusement les procès-verbaux, et les Ordonnances de 1534-1535 ; une seconde partie examine la doctrine des XVI Articles et les rapports entre l’Église et le Magistrat; la troisième partie étudie l’organisation pratique imprimée à l’Église par les Ordonnances. De par la rigueur de leurs analyses et l’exploitation de sources inédites, ces travaux sont restés, jusqu’à nos jours, des classiques.

De 1939 à 1945, Wendel partagea le sort de l’Université de Strasbourg, repliée à Clermont-Ferrand ; il avait été nommé maître de conférences en théologie protestante dès 1941. De retour à Strasbourg, il participa à la reconstitution de la Bibliothèque (durant la guerre, il avait contribué, avec son collègue Robert Eppel ©, à la transporter à Clermont-Ferrand, puis à la soustraire à l’occupant, en camouflant des ouvrages dans les environs de Clermont-Ferrand). Il exerça également, pendant un an, les fonctions de directeur des Archives municipales de Strasbourg. En 1948, il devint docteur en théologie, avec une thèse intitulée: Calvin. Sources et évolution de sa pensée religieuse (publication : Paris, 1950). Cette remarquable synthèse, qui lui valut d’être nommé professeur en 1950, montre que l’excellent connaisseur de l’histoire sociale et de l’histoire des institutions était aussi un lecteur attentif de textes théologiques. Traduit en anglais (1963) et en allemand (1968), ce travail n’a pas encore été remplacé dans l’aire francophone: il a été réédité à Genève en 1985. Après la mort de Wendel, la faculté de Théologie protestante publia l’une de ses importantes conférences, sous le titre Calvin et l’Humanisme (Paris, 1976).

Avec Rodolphe Peter © et Jean Rott ©, Wendel redonna aussi une impulsion décisive aux études bucériennes en éditant des œuvres du réformateur: en 1954 et 1955, il publia respectivement, en les munissant d’une substantielle introduction, les éditions latine et française du dernier et fondamental ouvrage de Bucer: De regno Christi libri duo (1550) – Du royaume de Jésus-Christ, traduction française de 1559 (Martini Buceri Opera Latina 15 et 15 bis). En 1959, Wendel dirigea le Centre de recherches d’histoire des religions (auquel participaient, outre la faculté de Théologie protestante, la faculté de Théologie catholique et la faculté des Lettres).

Il fut doyen de la faculté de Théologie protes- tante de mars 1958 à mars 1967, avant d’être nommé doyen honoraire. Son rayonnement avait largement dépassé sa discipline et sa ville: Wendel était docteur honoris causa des Universités d’Upsal et de Münster, Westphalie. Chevalier de la Légion d’honneur; commandeur dans l’ordre des Palmes académiques.

Bibliographie des travaux de Wendel, établie par Rodolphe Peter et Jean Rott : Revue d’histoire et de philosophie religieuses, 54, 1974, p. 161-183.

H . Strohl, Die Strassburger theologische Fakultät in Clermont, dactylogramme inédit, 12 p., slnd ; B. Roussel, « François Wendel et l’enseignement de l’histoire ecclésiastique », Revue d’histoire et de philosophie religieuses 54, 1974 ; « E. Wendel, Clermont-Ferrand 1939-1945 », Bulletin de la Société des amis et anciens étudiants de la Faculté de Théologie protestante de Strasbourg, décembre 1979, p. 1-3 ; Bopp, Die evangelischen Geistlichen in Elsass-Lothringen, 1959, n° 5561, p. 580 ; Encyclopédie de l’Alsace, XII, 1986, p. 7717-7718 ; Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, L’Alsace, sous la dir. de B. Vogler, Paris, 1987, p. 455-457 ; M. Arnold, La Faculté de Théologie protestante de l’Université de Strasbourg de 1919 à 1945, Strasbourg, 1990 (Travaux de la Faculté de Théologie protestante 2) ; A. Encrevé (dir.), Les protestants, Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine t. 5, Paris, 1993, p. 508-510.

Matthieu Arnold (2002)