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WEISLINGER Jean Nicolas

Controversiste, (C) (★ Puttelange-aux-Lacs, Moselle, 17.9.1691 † Waldulm-Kappellrodeck, Bade, 29.8.1755). Fils de Balthasar Weislinger et d’Élisabeth Frutsche († 9.2.1728), calviniste originaire du canton de Berne, convertie de forceau catholicisme lors des dragonnades. Balthasar Weislinger mourut de bonne heure et la famille s’installa à Drusenheim. Weislinger reçut les premiers rudiments de son instruction grâce au curé du bourg, Balthasar Trütsch. Il acheva ses études au collège jésuite de Strasbourg en 1711, après avoir été précepteur dans la famille du baron Rodolphe de Sturm. En décembre 1712, il s’inscrivit en philosophie à l’Université de Heidelberg et commença par publier la traduction d’un volume latin traitant du Bonus usus temporis (Bewegende Ursachen die von Gott verliehene Gnadenzeit wohl und heilsam anzuwenden, 1722), avant de donner la même année un ouvrage aussi dense que retentissant, le Fri? Vogel oder stirb !, dédié à Armand Gaston de Rohan ©. Sur la page de titre, il avait ajouté à son nom la mention de Studiosus theologiae polemicae, ce qui résume bien toute son œuvre à venir. Ce volume maintes fois réédité, orné de gravures, attaquait les protestants avec une telle virulence que, lors de la diète de Ratisbonne (30 décembre 1730), on le jugea attentatoire à la paix religieuse de l’Empire. Johann Philipp Fresenius répliqua en 1731 par un Antiweislingerus, auquel Weislinger répondit par Des allenthalben feindseligst angegriffenen J. N. W. […] Antwort (Kappellrodeck, 1733). De 1724 à 1725, Weislinger étudia au séminaire de Strasbourg, prononça ses vœux et fut nommé en 1726 curé de Waldulm, dans la partie transrhénane de l’évêché de Strasbourg. Le 28 avril 1730, il quitta cette localité pour prendre ses fonctions à Kappellrodeck, où il exerça son ministère 20 années durant. Il poursuivit activement la rédaction d’ouvrages de controverse religieuse, qui lui valurent une certaine renommée. Un portrait gravé en tête d’un de ses ouvrages (1749) le représente assis dans son cabinet de travail et s’accompagne de ce fier quatrain : « Athletas inter Superum sacra fulmina belli. Vix Europa parem, forte nec Orbis habes ! Scilicet hoc proprium Nicolai gloria servat, Ut nullus similis sit, nisi sola sibi ». En 1750, une attaque cérébrale lui paralysa la langue et les mains. Il résigna sa cure et mourut cinq ans plus tard. Il repose dans l’église de Kappellrodeck.

Le succès de ses ouvrages (Fri? Vogel oder stirb ! connut dix éditions) ne l’empêcha pas de tomber dans l’oubli dès le XIXe siècle. La plupart de ses livres n’ont d’intérêt que pour les historiens de la controverse religieuse. Contre l’orientation rationaliste qui marquait la théologie de son temps, il n’hésita pas à faire appel aux émotions et à l’invective, ce qui ne manqua pas de susciter l’incompréhension. Il fit de l’allemand, et non plus du latin, l’instrument privilégié de la polémique, qu’il tenta ainsi de vulgariser. Mais on n’ouvre plus guère Die gesuchte in der römisch-catholischen Kirche gefundene und wider erfalsche Auflagen vertheidigte Wahrheit (1726), le Huttenus delarvatus (1730), le Höchst nothwendige Schutzschrift des Luthertums (1740), Der entlarvte Lutherische Heilige (1756, posthume) ou d’autres encore moins connus. Deux ouvrages méritent toutefois, à des titres divers, d’échapper à l’oubli : les Au?erlesene Merckwürdigkeiten (1738), recueil d’anecdotes théologiques (qui supposent d’immenses lectures préalables) en quatre volumes, avec de remarquables planches gravées (point toujours récentes), où il y a beaucoup à glaner, et l’Armamentarium catholicum (1749), catalogue d’ouvrages religieux parus de 1463 à 1522. Les volumes sont classés par années et lieux d’impression. Weislinger avait également consacré à la danse macabre de Bâle un mémoire demeuré manuscrit. Éloigné des grandes villes, il s’était constitué une belle bibliothèque privée, minutieusement décrite dans plusieurs catalogues manuscrits qui nous sont parvenus (ils regroupent environ 2100 titres). Dans l’un de ses inventaires, il note fièrement ; « Wo findet man solchen kostbaren biblischen Bücherschatz bei einem katholischen Pfarrherrn in unserm Strassburger Bisthum ? Wo in Teutschland, wo in Europa, wo in der ganzen Welt ? ». Une partie de ses livres se trouve aujourd’hui à la Bayerische Staatsbibliothek de Munich.

Archives de la ville de Constance, G.II/Fasz. 50 (1728-1731), sur l’impression interrompue par la censure épiscopale du Der entiarvte Lutherische Heilige. On trouvera une bibliographie partielle de l’œuvre de Weislinger dans le Gesamtverzeichnis des deutschsprachigen Schrifttums (1700-1910), Munich, 1986, t. 155, p. 111-112.

Bewegende Ursachen die von Gott verliehene Gnadenzeit wohl und heilsam anzuwenden, Marienkirch, 1722, Constance, 1729, Strasbourg et Augsbourg, 1742, Augsbourg et Fribourg, 1753 ; Fri? Vogel oder stirb ! Ein wegen dem wichtigen Glaubens-Articul des Christenthumbs von der wahren Kirchen mit allen uncatholischen Prädicanten scharff vorgenommenes Examen und Tortur, Augsbourg, 1722 ; Die gesuchte in der römisch- catholischen Kirche gefundene und wider erfalsche Auflagen vertheidigte Wahrheit, Augsbourg, 1726, Fribourg-en-Brisgau, 1741 ; Huttenus delarvatus, Constance-Augsbourg, 1730 ; Gründliche Antwort wider allerhand Schwärmer, Augsbourg, 1733 et 1736 ; Des allenthalben feindseligst angegriffenen J. N. W. […] Antwort, Kappellrodeck, 1733 et 1736 ; Exceptiones una cum reconventione contra J. B. Mulsehium conrectorem et prof. Lutheranum, Kappellrodeck, 1734 et 1751 ; Au?erlesene Merckwürdigkeiten von Alten und Neuen Theologischen Marckschreyeren, Taschen-Spieleren, Schleicheren, Winckel-Predigeren, falschen Propheten, Blinden-Führeren, Splitter-Richteren, Balcken-Trägeren, Mucken-Seigeren, Cameel- Schluckeren, und dergleichen u.u.u. welche sich zu Christus Aposteln verstellen, Strasbourg-Oberammergau, 1738 ; Höchst nothwendige Schutzschrift des Luthertums, Strasbourg et Augsbourg, 1740 et 1741 ; Zweihundertjähriges Jahr Gedächtnus auf Herr D. Martin Luthers Todenfall, Strasbourg, 1746 ; Armamentarium catholicum perantiquae, rarissimae ac pretiosissimae bibliothecae quae asservatur Argentorati in celeberimma commenda eminentissimi ordinis Melitensis sancti Johannis Hierosolymitani, Strasbourg, 1749 ; Der entlarvte Lutherische Heilige, Strasbourg, 1756 (posthume).

J. Alzog, « Über J. N. Weislinger, « Pfarrherrn zu Capell unter Rodeck im Brey?gau ». Zur Verständigung über seine Person und seine literarische Thätigkeit », Freiburger Diöcesan-Archiv, I, 1865, p. 405-436 ; Ph. A. Grandidier, Fragments d’une Alsatia litterata » ou dictionnaire biographique des littérateurs et artistes alsaciens, Colmar, 1898, p. 570-574 ; N. Paulus, « Der Polemiker Weislinger », Stra?burger Diözesanblatt, XIX, 1900, p. 103-109, 143-149 et la notice dans le Kirchenlexikon de Wetzer et Welte, 1901 ?, t. XII, col. 1285-1286 [signale des ms. aux archives de l’église de Kappellrodeck] ; Th. Robinet, « Un apologiste messin, J. N. Weislinger », Revue ecclésiastique de Metz, XII, 1901 ; G. Toepke, Die Matrikel der Universität Heidelberg, Heidelberg, 1903, t. IV, p. 24 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 959-960 ; W. Pfeiffer-Belli, « J. N. Weislinger  deutsche Schriften », Euphorion, XXIX, 1928, p. 82-93 ; I. Bezzel, « Der Kontroverstheologe J. N. Weislinger  (1691-1755) als Büchersammler und Bibliothekar », Archiv für Geschichte des Buchwesens, XIII, 1973, col. 1435-1460 ; Biographisch Bibliographisches Kirchenlexikon, t. XIII, 1998, col. 639-640 ; Deutsche Biographische Enzyklopädie, t. X, 1999, p. 404. On notera que Weislinger  est absent de l’Allgemeine deutsche Biographie.

Gilles Banderier (2002)