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WEILL Georges

Archiviste et historien (★ Strasbourg 31.1.1934). Fils de Léon Weill, directeur de banque, et de Céline Sulzer ; neveu de Paul Weill, conseiller municipal socialiste de Strasbourg de 1932 à 1940, († 1942 le lendemain de l’entrée des Allemands en zone sud). ∞ à Londres 4.10.1965 Eva Sasstrussman (★ Le Caire 12.1.1938) ; 2 enfants. Après un périple à Brest, Clermont-Ferrand, Bergerac et Porrentruy, (juin 1940 à octobre 1945), Georges Weill a effectué sa scolarité au lycée Kléber à Strasbourg, a entrepris des études de droit et est entré par concours, comme sous-archiviste aux Archives du Bas-Rhin (1954). Le directeur, Lucien Metzger ©, et son adjoint François Jacques Himly ©, l’ont engagé à se présenter au concours de l’École des Chartes, et ont obtenu de Charles Braibant, alors directeur général des Archives de France, sa mutation aux Archives nationales, puis son détachement à l’École (1959-1963). Il a consacré sa thèse à une étude du patriciat strasbourgeois à la fin du Moyen Âge. Sa carrière administrative s’est déroulée dans le cadre national, avec certaines responsabilités internationales, auxquelles se sont ajoutées des activités d’enseignement aux universités de Paris X et de Bruxelles, sans lui faire négliger une activité de recherche personnelle principalement orientée sur l’histoire du judaïsme. De 1963 à 1968, Georges Weill a été directeur des services d’Archives de la Meuse à Bar-le-Duc, où il a fait construire le nouveau bâtiment ; il a été ensuite nommé dans les Hauts-de-Seine (Nanterre), département nouveau de la région parisienne, où la structure archivistique devait être créée de toutes pièces. Georges Weill y a suivi la construction du bâtiment des Archives, réalisé par l’architecte d’origine strasbourgeoise Bernard Feypell, inauguré en 1979, d’une conception particulièrement adaptée à sa mission spécifique. En 1987, Georges Weill est devenu conservateur en chef des Archives de Paris et d’Ile-de-France et a dirigé la construction du bâtiment de la porte des Lilas. Promu inspecteur général des Archives de France (1989), puis de l’administration des Affaires culturelles (1996) et haut fonctionnaire chargé de la méthodologie (1997), il a eu à traiter de nombreuses affaires touchant les nouvelles technologies et la modernisation des bâtiments d’archives, et d’autres plus « politiques », telle que la répartition des archives anciennes entre les deux nouveaux départements de la Corse, pour lesquels il a élaboré un projet qui devait servir de base à un accord laborieux entre les élus de l’île. En Alsace, il a eu à connaître les dossiers des Archives municipales et départementales strasbourgeoises confrontées, avec des structures vétustes, à l’accroissement rapide des fonds et de la demande des chercheurs. Georges Weill a su convaincre l’administration municipale et communautaire de la nécessité d’une nouvelle construction ; il a encouragé, en attendant mieux, la constitution d’un service spécial adapté aux archives en formation, dites « archives contemporaines ». En revanche, il a éprouvé quelque difficulté à faire appliquer à Strasbourg la loi de 1979 sur les archives publiques dans le cadre des institutions religieuses (en l’occurrence juives) soumises à la législation des cultes. Georges Weill a joué un rôle particulièrement actif dans le comité international de reprographie, qu’il a présidé de 1983 à 1992, et qui a publié un manuel sur la reprographie des documents d’archives. Admis à la retraite en 1999, il est (notamment) chevalier de la Légion d’honneur (2 avril 1999). Georges Weill s’est beaucoup impliqué dans l’histoire du judaïsme (notamment, mais non exclusivement, alsacien) et dans la sauvegarde du patrimoine lié à cette histoire. Longtemps archiviste et conservateur de la bibliothèque de l’Alliance israélite universelle, (membre du comité central depuis 1985), il a aussi présidé l’Association des bibliothèques de judaica et d’hebraica d’Europe, ce qui l’a amené à effectuer de nombreuses missions en Afrique du Nord et au Moyen Orient pour assurer la sauvegarde des archives de communautés juives disparues. Depuis sa retraite, il s’est employé à reconstituer les archives et l’histoire de l’Œuvre de Secours aux Enfants, organisation humanitaire fondée en Russie en 1912.

Archivistique et publications professionnelles : Iconographie des Hauts de Seine, Nanterre, 1977 ; La valeur probante des microformes, Paris, 1981 ; Les Archives de l’Ile de France, Paris, 1981 ; en coll., Manual on archivai reprography, Munich, 1989 ; Bar-le-Duc, ville haute, ville basse, Bar-le-Duc, 1967 ; Jardins et paysages des Hauts de Seine, Nanterre, 1982 (en collab.) ; La perspective de la Défense dans l’art et l’histoire, Nanterre, 1983 (en collab.) ; Députés et sénateurs de la région parisienne ; Les Archives du Hauts-de-Seine, Nanterre, 1987 (en collab.).

Histoire de l’Alsace : « Le rayonnement d’un pèlerinage alsacien au IXe siècle. Saint Adelphe de Neuwiller », Revue d’Alsace, n° 96, 1957, p. 133-140 ; Le patriciat de Strasbourg à la fin du Moyen Âge, thèse de l’École des chartes, dactyl., Paris, 1963, résumé dans Positions des thèses…, École des chartes, Paris, 1963, p. 133-137 ; extrait paru sous le titre : « Origine du patriciat strasbourgeois aux XIIIe et XIVe siècles, les lignages Zorn et Mullenheim », Bulletin philologique, 1967, 1, p. 257-302 ; « Roland Marx et la Révolution en Alsace », Revue française de civilisation britannique, hs, n° 1, 2001, p. 7-17.

Histoire des Juifs en général : Catalogue des manuscrits de la bibliothèque de l’Alliance israélite universelle, Paris, 1979 ; « Généalogie et histoire juive en France », dans : G. Bernard, Les familles juives en France, Paris, 1990, p. 50-80 ; Émancipation et progrès. L’Alliance israélite universelle et les droits de l’homme, Paris, 2000 ; « Les juifs dans le Barrois et dans la Meuse, du Moyen Âge à nos jours », Revue des études juives, 125, 1966, p. 287-301 ; « Charles Netter ou les oranges de Jaffa, » Les Nouveaux Cahiers 21, 1970, p. 2-56 ; « Enquête sur les nations juives », Collections de l’Histoire, 10, 2001, p. 30-33. Science, judaïsme, Patrie : la fondation de la « Société des Études Juives » (1880-1884), à paraître.

Histoire des Juifs d’Alsace : L’Alsace, Histoire des Juifs en France, Toulouse, 1972 p. 137-192 ; « Les archives juives, un patrimoine à préserver », XXe Colloque de la Société d’histoire des israélites d’Alsace et de Lorraine, 1998, p. 37-46 ; « Les Juifs d’Alsace, cent ans d’historiographie », Revue des études juives, 139, 1980, p. 81-108 ; « La fin d’une inégalité civile en France : l’abolition du serment « more judaico » », Daguesh 1, 1972, p. 95-100 ; « L’intendant d’Alsace et la centralisation de la nation juive », Dix-huitième siècle 13, 1981, p. 181-205 ; « Les lettres patentes de 1784 sur les Juifs d’Alsace. Exclusion ou despotisme éclairé ? », La Tolérance, actes du colloque de Mons, Bruxelles-Mons, 1982, p. 201-213 ; « Peuplement et fiscalité : la capitation des Juifs d’Alsace en 1775 », Mélanges A. Neher, Paris, 1975, p. 361-383 ; « Rabbins et Parnassim dans l’Alsace du XVIIIe siècle », Les Juifs et l’histoire de France, colloque international de Haifa, Leiden, 1980, p. 96-109 ; « Recherches sur la démographie des Juifs d’Alsace du XVIe au XVIIe siècle », Revue des études juives, 130, 1971, p. 51-89 ; « Cerf Berr de Medelsheim, militant de l’émancipation », Les Nouveaux Cahiers, n° 45, 1976 ; « Les Juifs d’Alsace au XVIIIe siècle », L’Affaire Dreyfus. Juifs en France, Besançon, 1994, p. 17-24 ; « Les Sulzer à Grussenheim, avant-propos à « Sellemols in Grüsse » », Cahiers du CREDYO, n° 1, 1995, p. 9-13 ; « Le monde enchanté de Gluckel de Hameln », Cahiers du CREDYO, n° 2, 1997, p. 9-22. « Un témoignage peu connu sur l’Alsace du début du XVIIe siècle : les « Mémoires d’Ascher Lévy de Reichshoffen » », Cahiers du CREDYO, n° 3, 1999, p. 135-141 ; « André Neher, humaniste, juif, alsacien », Autour de la pensée d’André Neher, actes du colloque de Paris, 1999, sous presse ; Who’s Who 1999-2000 ; « Une leçon de courage : l’évasion d’Autriche de Marcel Sulzer en 1941 », Cahiers du CREDYO, n° 4, 2002 ; Les juifs d’Alsace, de la Révolution aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale, Paris, à paraître.

Jean-Yves Mariotte (2002)