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WEILL Ernest Nathan

Grand rabbin de Colmar et du Haut-Rhin, (I) (★ Réguisheim 25.10.1865 d. Colmar 2.4.1947). Fils de Jacques David Weill, commerçant en cuir, et de Jeannette Lévy. ∞ 1893 sa cousine germaine Clémentine Weil ; 4 enfants. Il suivit les cours de l’école rabbinique préparatoire de Colmar (1881-1886) tout en fréquentant parallèlement le lycée. Il opta ensuite pour le séminaire rabbinique orthodoxe de Berlin dirigé par Israël Hildesheimer (1886-1891). Docteur en philosophie et ès lettres et titulaire du diplôme de fin d’études du séminaire rabbinique de Berlin, il fut admis rabbin. Il fut successivement rabbin de Fegersheim, Erstein et Benfeld (1891-1897) et de Bouxwiller de 1897 à 1917. Il fonda dans cette période Das Jüdische Blatt (la Gazette juive), hebdomadaire publié d’octobre 1910 jusqu’à la veille de la déclaration de la guerre de 1914. Ce périodique, défendant la tradition du judaïsme conservateur, s’opposait à la Strassburger Israelitische Wochenschrift, de tendance plutôt réformatrice. En 1915, Weill n’accepta pas le poste de grand rabbin de  Strasbourg et du Bas-Rhin étant opposé catégoriquement à l’orgue dans le service synagogal. En 1919, il devint grand rabbin de Colmar et du Haut-Rhin et assuma sa fonction jusqu’en 1947. Talmudiste de renom (on l’appelait le Gaon de Colmar, d’après le nom du chef des écoles de Babylone), il alliait à une science et une érudition juives une culture générale d’une vaste étendue. Il créa la Yeschivah de France, c’est-à-dire l’école supérieure talmudique de France établie à Strasbourg entre 1933 et 1939 qui comptait, après trois ans d’activité, trente étudiants, puis ouvrit une yeschivah à Aix-les-Bains, Savoie, en août 1945. Son inhumation eut lieu au cimetière Etz Hayim à Strasbourg. Il fut le champion de l’orthodoxie résistant sur le plan religieux, sa vie durant, contre tous les accommodements. Chevalier de la Légion d’honneur.

Das Jüdische Blatt (La Gazette juive), 1910-1914, 5 vol., Strasbourg ; Traité des principes, Colmar, 1928. Sa notoriété lui vient principalement de sa principale œuvre, la traduction du Choul’han Arouk (La table dressée) paru en huit fascicules à partir de 1930 puis en un volume en 1948, étude destinée à un trèslarge public.

Plaquette consacrée au grand rabbin E. Weill, Installation solennelle, Colmar, 1919 ; Bulletin de nos communautés, n° 8-9,1947, p. 10-11 ; J. Bloch, « Le grand rabbin Ernest Weill », Annuaire des amis de la tradition juive, Strasbourg, 1957 ; J. Weill, Un quêteur d’absolu : Ernest Weill (1865-1947), Paris, 1975 ; Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, L’Alsace, sous la dir. de B. Vogler, Paris, 1987, p. 455 ; R. Weyl, « La communauté juive de Strasbourg entre le libéralisme et la tradition (1808-1988) », Communauté nouvelle, n° 38, Paris, septembre-octobre 1988, p. 122-123.

Jean Daltroff (2002)