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WEILL Abraham, dit Alexandre

Littérateur, philosophe et historien, (I) (★ Schirrhoffen 6.3.1811 d. Paris 18.4.1899). Fils de Léopold Weill, marchand et de Gitel Abraham. ∞ 19.4.1847 Agathina Marx (★ Lunéville 24.5.1815). Fortement marqué par son enfance villageoise, il acquit de bonne heure une solide connaissance de l’hébreu, de l’allemand et du français et fréquenta une école talmudique de Francfort. Renonçant à une carrière rabbinique à laquelle il se destinait, il étudia plusieurs langues, l’histoire, fit de la politique et écrivit des articles notamment dans la Frankfurter Zeitung, dans l’Allgemeine Augsburger Zeitung, mais aussi dans des quotidiens de Stuttgart, de Hambourg, de Berlin, de Leipzig et de Cologne. Rentré en France en 1838, il s’établit à Paris. Dans ses Histoires de village, écrites à Paris en 1847, et dans ses souvenirs d’enfance et de jeunesse, Weill apparaît comme un précieux témoin des mœurs de la campagne alsacienne, et du monde à jamais aboli des petites communautés juives établies dans la vallée du Rhin. Il collabora à la Revue du progrès de Louis Blanc, au Journal des écoles, à la Démocratie pacifique où il publia en 1847 la Guerre des paysans. Cependant, la Révolution de février 1848 le trouva dans les rangs des plus rudes adversaires des idées subversives. Il les combattit avec énergie dans les colonnes pleines d’esprit et d’humour de la presse où il fut chargé spécialement de la politique étrangère. Dans le Corsaire du 2 mars 1848, il adressa à Hippolyte Carnot, le ministre de l’Instruction publique et père de Sadi Carnot, futur président de la République, une remarquable lettre intitulée Une Révolution à faire dans laquelle il conseillait vivement d’attacher une plus grande importance sur le plan de la culture générale aux langues étrangères dans les lycées publics. Il passa ensuite à la Gazette de France, où il s’efforça de défendre, au point de vue légitimiste, le principe de la monarchie constitutionnelle. Il s’en retira après les conférences de Wiesbaden. Il ne cessa après 1848 d’entretenir le public de ses multiples brochures, pamphlets, toujours pleines de spirituelles boutades sur des questions d’actualité. Il écrivit ses livres tantôt en allemand, tantôt en français, mais sa langue préférée semble avoir été le dialecte judéo-alsacien. Tout en travaillant à la rédaction du Messager de Paris, il publia encore de nombreux ouvrages de critique d’art, des romans, des nouvelles, un recueil de vers, Amour et blasphèmes édité à Bruxelles en 1862, et dont l’introduction fut interdite en France. Il combattit, avec courage, l’antisémitisme haineux, fouettant de sa plume tous les ennemis du judaïsme : La France catholique et athée fut une réponse à La France juive de Drumont (1886). Écrivain fécond – 130 ouvrages et brochures sans compter ses innombrables articles de presse – Weill publia une œuvre polymorphe allant de la théologie à l’histoire en passant par la politique, l’esthétique, la critique d’art, la morale, la philologie, les mémoires, le roman, le théâtre, la philosophie et la poésie. Il publia aussi, comme journaliste, des articles dans la presse allemande et française aussi bien dans la Frankfurter Zeitung, que dans le Figaro, dans le Temps, dans l’Opinion Nationale, et dans la presse juive : les Archives Israélites et l’Univers Israélite. Écrivain haut en couleur et provocant, il avait eu comme amis, Balzac, Gérard de Nerval, Victor Hugo et Meyerbeer. Paré du titre de « Prophète du Faubourg Saint-Honoré », il avait, selon André Neher, « la multiplicitédynamique et inventive mais aussi le débordement effréné ». Weill a sombré dans l’oubli peut-être à cause de son originalité dérangeante.

Sittengemälde aus dem elsässischen Volksleben, 1843 ; Berliner Novellen, 1843 ; Feu et flamme, 1845 ; La guerre des Paysans, Paris, 1847 ; Histoire de village, Paris, 1847 ; République et monarchie, 1848 ; Le génie de la monarchie, in-8,1849 ; Debout la province !, 1849 ; Roi et président, 1851 ; Le Livre des rois, in-8, 1852 ; Histoires de village, Paris, 1852 ; Une Madeleine, 1853, drame en vers qui n’a pas été représenté ; Les mystères de la création, in-18, 1854 (traduits de l’hébreu) ; Étude sur Schiller, 1854, étude historique ; L’Idéal, in-18, 1854, essai d’esthétique ; Contes d’amour, 1856 ; Lettres fraternelles, M. Louis Veuillot, 1858 ; Mon fils ou le nouvel Émile, in-8, 1861 ; Frohny avec dessins, in-18, 1862 ; Knittelverse eines Elsässer Propheten, 1862 ; Que deviendront nos filles ? , in-18, 1863 ; Les Livres de Dieu, Moïse et le Talmud, in-8, 1864 ; La Parole nouvelle, in-18, 1866 ; Mes batailles, in-18, 1867 ; Dix mois de révolution, in-18, 1868 ; Le justicier, 1869 ; La République nouvelle, in-18, 1869 ; Ma jeunesse, Paris, 3 vol., 1870 ; Lettre de vengeance d’un Alsacien, in-18, 1871 ; Hommes noirs, qui êtes-vous ? À nous deux, in-18, 1872 ; Si j’avais un fils à élever, 5 vol., in-32, 1872 ; Cinq mille mots logiquement inhérents à la langue française, in-8, 1873 ; Histoire de la guerre des anabaptistes, Paris, 1874 ; Un monde nouveau, 1874, drame en prose en cinq actes ; Moïse, le Talmud, et l’Évangile, 4 vol., Paris, 1875 ; Si j’avais une fille à marier, 2 vol., in-32, 1876 ; Vérités absolues, in-18, 1877 ; L’athéisme déraciné de la science et de la démocratie, in-18, 1878 ; Ludovic Bärne, in-18, 1878 ; Agatina, ma femme, in-18, 1879 ; Le Nouveau Sinaï, solution de tous les problèmes et de la mort, Paris, 1880 ; L’Isaïe du Faubourg Saint-Honoré, Paris, 1881 ; Un tout petit trésor d’esprit, in-32, 1881 ; Souvenirs intimes de Henri Heine, in-16, 1883 ; Vie, doctrine, et gouvernement authentiques de Moïse, in-8, 1886 ; La France catholique et athée, réponse à la « France juive », in-16, 1886 ; Mes romans, Paris, 1886 ; Histoire véridique et vécue de la Révolution de 1848, in-18, 1887 ; Skizzenreime meiner Jugendliebe, 1887 ; Le centenaire de l’émancipation des juifs, in-8, 1888 ; Mes poésies d’amour et de jeunesse, Paris, 1889 ; Les Cinq livres de Moïse traduits textuellement sur l’hébreu, (livres 1 et 2), in-8, 1890 ; L’art est une religion et l’artiste est un prêtre, in-18, 1891 ; Lettres d’amour entre deux époux avant et après le mariage, in-18, 1891 ; Zwei Jugenddramen : Alexander, der Grosse, Hass und Liebe, 1896 ; Drei Deutsche in Paris unter der Juliregierung, ein Ehrenmann, 1896, etc.

Archives départementales du Bas-Rhin, 5Mi 450, 1 ; Strassburger Post des 21 et 22.4.1899 ; La Grande Encyclopédie, v. 31, Paris, 1885, p. 1196 ; Vapereau, Dictionnaire universel des contemporains, Paris, 1893 p. 1588 ; M. Bloch, Sa vie, ses œuvres, 1905 ; The Jewish Encyciopedia, v. XII, New York, Londres, 1906, p. 493-494 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 958 ; Jüdisches Lexikon, IV/2, Berlin, 1930, p. 1358 ; S. Wininger, Grosse Jüdische National-Biographie p. 229-230 ; D. Saurat, Victor Hugo et les dieux du peuple, 1948, p. 18-32 ; Encyclopaedia Judaïca, vol. 16, Jérusalem, 1971, p. 398 ; J. Friedmann, Alexandre Weill, écrivain contestataire et historien engagé, thèse de doctorat, Strasbourg, 1980 ; Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, L’Alsace, sous la dir. de B. Vogler, Paris, 1987, p. 454-455 ; p. Larousse, Grand dictionnaire universel du XIXe siècle, t. 24, Nîmes, 1991, p. 1299-1300, (réédition de l’édition 1866-1876) ; Dictionnaire des Belles Lettres françaises, p. 532.

Jean Daltroff et Freddy Raphaël (2002)