Avocat, publiciste, homme politique, (I) (★ Sarrelouis, Allemagne, 4.4.1883 d. New York, États-Unis, 11.11.1961). Fils de Lion Weil et d’Augusta Kahn. Sa famille originaire d’Alsace se fixa à Sarrelouis à l’époque de la Révolution. ? 1926 Alice Levy Friedländer (d. New York 1964). Après des études de droit et de sciences politiques à Strasbourg et à Munich, terminées par un doctorat à Wurtzbourg en 1906, Weil s’établit comme avocat à Strasbourg en 1910. Membre du parti démocrate alsacien, il participa activement aux campagnes électorales de 1911 et de 1912 et joua un certain rôle dans les polémiques sur l’affaire de Saverne en 1913. Avocat du parti démocrate, il plaida contre deux officiers allemands en attaquant violemment les méthodes du gouvernement prussien et le comportement des militaires. Cette attitude lui valut des ennuis de la part des autorités allemandes dès le début de la guerre. Au cours de l’automne 1914, il publia une série de reportages sur les parties de l’Alsace et de la Lorraine qui avaient été temporairement occupées par les troupes françaises en août. Leur tonalité générale était franchement hostile aux Français et aux Alsaciens francophiles, mais ils dénonçaient également certaines exactions opérées par l’armée allemande, notamment à Bourtzwiller. Il cherchait avant tout à démontrer la parfaite loyauté envers le Reich de la grande majorité des habitants du Reichsland. Incorporé fin octobre 1914, il fut envoyé sur le front de l’Est. Le barreau allemand de Strasbourg lui reprocha d’avoir demandé un sursis et le dénonça comme « antipatriote et antimilitariste », en invoquant ses plaidoiries dans l’affaire de Saverne et sa campagne politique en faveur de l’idée républicaine. En raison de sa bonne connaissance de l’italien, il fut affecté au Grand Quartier Général comme interprète, mais dut rejoindre le front de Russie, puis la région de Königsberg, à la suite de dénonciations répétées parvenues à Strasbourg. Il revint à Strasbourg après l’armistice du 11 novembre 1918. Au début de 1919, l’attribution (par erreur) d’une carte D lui valut d’être exclu du barreau. Convoqué devant la commission de triage de Strasbourg-Ville, qui appuyait son accusation sur les passages « patriotiques » de sa brochure de 1914, ainsi que sur son affectation au GQG, considérée comme un régime de faveur, il fut condamné à l’expulsion. Son cas repassa devant la commission de deuxième degré les 17 et 25 avril 1919. J. Peirotes © vint témoigner en sa faveur et déclara qu’« il avait toujours eu une attitude politique plutôt hostile au gouvernement allemand ». Plusieurs autres avocats vinrent prendre sa défense, tel maître Weiler, un ami de Georges Weill ©. Weil avait déclaré, avant l’entrée des troupes françaises, qu’il n’accepterait pas de rester en Alsace s’il ne se sentait que toléré. La commission lui accorda un sursis avant son expulsion qui intervint début juillet 1919. Il s’établit à Berlin comme avocat et notaire. Il fut également, à partir de 1920, conseiller juridique de l’ambassade de France et de celle du Royaume Uni et devint un expert dans la question de la liquidation des biens allemands en Alsace et en Moselle. Auteur d’un livre et scénariste d’un film sur l’affaire Dreyfus, il s’intéressa également à d’autres épisodes de l’histoire de la Troisième République. Membre du bureau, puis à partir de 1926 vice-président et Geschäftsführer du « Centralverein deutscher Staatsbürger jüdischen Glaubens », Weil plaida fréquemment dans des procès contre des organisations ou des personnes antisémites. En 1930 et 1932, il fut candidat au Reichstag pour la Staatspartei, mais fut battu par le Gauleiter nazi Josef Goebbels. En 1933, il mit ses relations internationales au service des organisations juives et fit de nombreuses conférences en Allemagne et à l’étranger. Il partit en exil en 1935 pour l’Argentine. Il séjournait à Paris au moment de la déclaration de guerre en 1939 et fut interné par les autorités françaises au camp du Vernet, Ariège. Après la défaite de la France, il réussit à émigrer aux États-Unis, où il fonda le « Committee for Aiding Internees in Concentration Camps », l’« Axis Victims League » et l’« American Association of Former European Jurists ». Il consacra ses dernières années à l’étude de la civilisation romaine de l’Antiquité.
Juden in der deutschen Burschenschaft, 1905 ; Wohnungsverhältnisse der Stadt Metz, 1906 ; Die Mitwirkung der Volksvertretung bei Staatsverträgen, Dissertation, 1906 ; « Wahlrechtsreform in Elsass-Lothringe »n, Frankfurter Zeitung du 11.10.1907 ; « Die Wertzuwachssteuer in Elsass-Lothringen », Frankfurter Zeitung, novembre 1907, n° 304 ; Lothringen, Francfort/M., 1908 ; Elsass-Lothringen und der Krieg, Strasbourg-Leipzig, 1914 ; Die Einführung der französischen Währung in Elsass-Lothringen, Berlin, 1921 ; Das Liquidationsschädengesetz, Berlin, 1923 ; Die Jüdische Internationale, Berlin, 1924 ; (avec D. Cohn), Palästina-Reiseberichte, Berlin, 1927 ; Die deutsch-französischen Rechtsbeziehungen von Kriegsanfang bis zur Gegenwart, Berlin, 1929 ; « Elsass-Lothringen », dans ; Die Beschlagnahme, Liquidation und Freigabe deutschen Vermögens im Auslande, Berlin, 1930 ; Der Prozess des Hauptmanns Dreyfus, Berlin, 1931 (édition augmentée, Dusseldorf, 1960) ; Glück und Elend des Generals Boulanger, Berlin, 1932 ; Panama, Berlin, 1933 ; Der Weg der deutschen Juden, Berlin, 1934 ; Baracke 37. Stillgestanden ! Ich sah Frankreichs Fall hinter Stacheidraht, Buenos-Aires, 1941 ; Durch drei Kontinente, Buenos-Aires, 1948 ; Der Geiseimord von Lampsakos, Dusseldorf, 1958 ; Clodia. Roms grosse Dame und Kurtisane, Zurich-Stuttgart, 1960 ; 2000 Jahre Cicero, Zurich-Stuttgart, 1962.
Archives départementales du Bas-Rhin, 121 AL 900 à 904 ; J. Weil, L’Alsace et les Alsaciens pendant la guerre, I, Strasbourg, 1921, p. 3-4 ; Frankfurter Allgemeine Zeitung du 7.11.1961 ; J.-M. Mayeur, Autonomie et politique en Alsace. La Constitution de 1911, Paris, 1970 (index) ; W. Stephan, Aufstieg und Verfall des Linksliberalismus 1918-1933, Göttingen, 1973 ; Biographisches Handbuch der deutschsprachigen Emigration nach 1933, 1, Munich – New York – Londres – Paris, 1980, p. 803-804 ; I. Grünewald, Die Elsass- Lothringer im Reich 1918-1933, Francfort/M., Berne, New York, Nancy, 1984 ; Deutsche Bibliographische Enzyklopädie, 10, Munich, 1999, p. 390-391.
Léon Strauss et François Uberfill (2002)