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WEIL André

Universitaire, mathématicien, (I) (★ Paris 6.5.1906 d. Princeton, New Jersey, États-Unis, 6.8.1998). Fils de Bernard Weil, médecin, né à Strasbourg, et de Salomea (Selma) Reinherz, de Rostov-sur-le-Don. ∞ octobre 1937 Eveline Possel ; 2 enfants. Frère aîné de la philosophe Simone Weil, il fut qualifié, tout enfant, de génie en mathématiques. Entré à l’École normale supérieure à l’âge de 16 ans en 1922, reçu premier à l’agrégation, à l’âge de 19 ans, en 1925,docteur ès sciences en 1928, il enseigna dans une université en Inde britannique (1930-1932), puis à la faculté des Sciences de Marseille. Il fut nommé maître de conférences de mathématiques à la faculté des Sciences de Strasbourg le 1er octobre 1933, puis professeur de mécanique rationnelle à la même faculté le 1er octobre 1939. Avec un autre universitaire strasbourgeois, Henri Cartan, il fonda, en 1935, l’Association des collaborateurs de Nicolas Bourbaki, pseudonyme collectif fantaisiste d’un groupe devenu célèbre de jeunes mathématiciens français qui entreprirent de refaire l’exposition de la mathématique en la prenant à point de départ logique. Au cours de son séjour à Strasbourg, il accomplit des missions à Genève, à Moscou et aux États-Unis. Il fut l’un des créateurs des Publications de l’Institut de mathématiques de Strasbourg. Le 15 avril 1939, il fut chargé d’une mission par la Caisse nationale des sciences en Grande-Bretagne et dans les pays Scandinaves. Il se trouvait en Finlande lors de la déclaration de guerre : converti au pacifisme par la lecture de la Baghavad-Gita et d’autres textes sacrés hindous, il avait décidé, quoiqu’officier de réserve, de refuser de porter les armes ; il resta donc à Helsinki. Pendant la guerre soviéto-finlandaise, la saisie de sa correspondance avec ses collègues russes le fit prendre pour un espion. Faute de preuves, la police finlandaise l’expulsa vers la Suède. Il envoya à la légation de France une lettre où il demandait à être rapatrié et envoyé sur le front. Les Suédois décidèrent de le renvoyer en France. Entre temps, le ministre de l’Éducation nationale l’avait révoqué à dater du 1er janvier 1940. Inculpé d’insoumission, il fut emprisonné à son arrivée au Havre. Condamné par le tribunal militaire de Rouen le 3 mai 1940 à cinq ans de prison ; Weil refusa de faire appel et demanda à être envoyé dans une unité combattante, ce qui entraînait une suspension de la peine jusqu’à la fin des hostilités. Incorporé comme simple soldat dans une compagnie d’artillerie à Cherbourg, il fut transféré en Angleterre ; rapatrié et démobilisé à Marseille au début d’octobre 1940, il rejoignit ses anciens collègues de l’Université de Strasbourg repliée à Clermont-Ferrand sans être inquiété par la police ou l’armée : il y retrouva sa femme qui venait de franchir clandestinement la ligne de démarcation. Invité aux États-Unis, il put quitter la France en janvier 1941, via la Martinique, et enseigna de 1941 à 1944 dans divers « colleges » en Pensylvanie. Il fut professeur à l’Université de Sao Paulo au Brésil de 1945 à 1947, à celle de Chicago de 1948 à 1958. De 1958 à 1976, il fut membre de l’Institute for Advanced Study à Princeton. Ses recherches ont porté principalement sur la géométrie algébrique, la topologie, la cohomologie (algèbres de Weil), la théorie des nombres, l’analyse harmonique. Considéré comme l’un des plus grands mathématiciens du XXe siècle, Weil reçut le prix Wolf (1979) et le prix Kyoto (1994). Il fut élu à l’Académie des Sciences en 1982.

Le mathématicien A. Weil parle de sa sœur avec Malcolm Maggeridy, Sud, revue littéraire, n° 87, 1990, p. 9-23 ; A. Weil, Souvenirs d’apprentissage, 1990.

Travaux de l’Université de Strasbourg pendant l’année scolaire 1933-1934, Strasbourg, 1935 ; ibidem, 1934-1935, Strasbourg, 1936 ; Université de Strasbourg 1937, Strasbourg, 1938 ; ibidem 1939, Clermont-Ferrand, 1940 ; ibidem, 1940, Clermont-Ferrand, 1941 ; S. Weil, Sur la science, Paris, 1966 ; A. Krogmann, Simone Weil, Reinbek bei Hamburg, 1970 ; S. Pètrement, La vie de Simone Weil, 2 vol., Paris, 1973 ; Les sciences en Alsace 1958-1988, Strasbourg, 1989, p. 45 ; H. Bouchardeau, Simone Weil, Paris, 1995 ; L. Schwartz, Un mathématicien aux prises avec le siècle, Paris, 1997 ; Encyclopaedia Universalis, Cd Rom ; Le Monde, 12.8.1998.

Léon Strauss (2002)