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WEDEKIND Georges Christian Gottlieb

Publiciste, médecin, révolutionnaire, (PI) (★ Göttingen, Allemagne 8.1.1761 † Darmstadt, Allemagne 28.10.1831). Fils de Rudolf Wedekind, directeur du Gymnase et professeur de philosophie à l’Université de Göttingen, et de Sophie Magdalena Morrien, fille du bourgmestre de Göttingen. ∞ 1.2.1781 à Hameln, Allemagne, Louise Wilhelmine Moller (★ Hameln, 18.4.1756 † Darmstadt 1834), fille de Friedrich Hameln, bourgmestre de Hameln, et d’Anna Catharina Gerber. Il entreprit très jeune des études de médecine aux universités de Göttingen et d’Erlangen. Promu docteur à 19 ans, il pratiqua d’abord la médecine dans diverses localités, et fut, en 1787, appelé comme médecin personnel de l’électeur de Mayence, l’archevêque Frédéric Charles Joseph d’Erthal, et professeur extraordinaire à l’Université de la même ville. Affilié à plusieurs loges maçonniques, membre de la société littéraire de Mayence, Wedekind entretint d’étroits contacts avec les adeptes de l’Aufklärung, dont beaucoup d’anciens Illuminaten (Dalberg, Dorsch ©, Forster, etc.). Mais, victime de luttes d’influences, d’envies et de rancunes qu’il avait lui-même provoquées par une attitude quelque peu hautaine, voire méprisante, il tomba en dis- grâce auprès de l’électeur et perdit sa place de médecin personnel. Le 21 octobre 1792, Mayence tomba aux mains du général français Custine ; deux jours plus tard, Wedekind fut co-fondateur du club des Jacobins de Mayence et sollicita la citoyenneté française de la Convention nationale. Il compta parmi les plus actifs des révolutionnaires mayençais, présidant le club des Jacobins, député de la Convention rhénano-germanique, signataire de la demande de rattachement à la République française, et, avec Mathias Metternich, publia l’éphémère journal jacobin Patriot. Il fut cependant déçu de n’avoir pas obtenu la place de chirurgien-major de l’armée du Rhin que lui aurait promise Custine. Peu de jours avant le blocus de Mayence par les Prussiens, Wedekind fuit la ville, y laissant sa famille. Le 4 avril 1793 il s’affilia aux Jacobins de Strasbourg et devint membre de leur comité de surveillance. À Strasbourg, il exerça comme médecin à l’hôpital militaire. Appelé à témoigner au procès de Custine devant le tribunal révolutionnaire de Paris en août 1793, il l’accusa d’être responsable des défaites de l’armée du Rhin et de la perte de la République de Mayence (le général Custine fut guillotiné le 28 août 1793). De retour à Strasbourg, Wedekind fut mis en arrestation le 8 floréal II (27 avril 1794) par le comité de surveillance révolutionnaire de la commune de Strasbourg, sur une dénonciation d’un autre médecin militaire, qui se révéla être calomnieuse; aussi Wedekind fut-il libéré peu de temps après. Tout en assumant des fonctions subalternes de médecin militaire, il publia des écrits médicaux et plusieurs brochures politiques, dont : Bemerkungen und Fragen über das Jakobinerwesen (automne 1794) et Etwas vom Vandalismus in Strasburg verübt im andern Jahre der französischen Republik (début 1795). À partir de 1795 il collabora régulièrement au journal Strassburger Kurier de Jean Georges Treuttel ©, et avec Frédéric Christophe Cotta © il participa à la fondation du journal Rheinische Zeitung en 1796. Après la réoccupation de Mayence par les Érançais, Wedekind quitta Strasbourg, et, avec l’appui de Jean François Reubell ©, il fut nommé médecin sédentaire de l’hôpital militaire de Mayence en janvier 1798, et en novembre, professeur de thérapeutique spéciale et clinique à la faculté de Médecine « régénérée » de Mayence. Mis à la retraite de l’armée le 4 mai 1801, il s’établit comme médecin cantonal à Kreutznach, mais revint à Mayence en 1803 comme professeur à l’École spéciale provisoire de médecine. Avec la reprise de la guerre, il fut nommé médecin principal d’un corps de réserve à Darmstadt, puis à l’hôpital militaire de Mayence, où il végéta sans perspective d’avancement. Or, il se trouva qu’au printemps de 1808, le grand-duc Louis Ier de Hesse-Darmstadt étant tombé gravement malade, on appela d’urgence Wedekind, qui parvint à rétablir sa santé. En reconnaissance, le grand-duc lui proposa la place vacante de médecin personnel, avec rang de conseiller. L’ancien jacobin, pourfendeur des rois et altesses, mais désabusé par 15 ans au service de la France, sans avenir pour l’étranger qu’il était resté, s’empressa d’accepter. Un an plus tard il fut anobli.

145 écrits de Wedekind sont recensés dans: Martin Weber, Georg Christian Gottlieb Wedekind 1761-1831. Werdegang und Schicksal eines Arztes im Zeitalter der Aufkärung und der Französischen Revolution, Stuttgart-New-York, 1988, p. 425-445.

Archives nationales, AF II 135, pl. 1040(40) ; Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, M 6.809(11), p. 29 ; Archives municipales de Strasbourg, Div. C., corp. 4/11(164) ; Moniteur (réimpression) du 29.8.1793 ; Albert Mathiez, « Le médecin Georges Wedekind », Annales historiques de la Révolution française, 1924, p. 449-453 ; « Helmut Mathy, Georg Wedekind (1761-1831). Die politische Gedankenwelt eines Mainzer Medizinprofessors », Geschichtiiche Landeskunde, 1968, p. 178-206 ; Hellmut G. Haasis, Morgenröte der Republik. Die linksrheinischen deutschen Demokraten 1789-1849, Frankfurt/M. (Berlin-Wien), 1984, p. 112-117, 119-121,233 ; Martin Weber, Georg Wedekind…, Stuttgart-New York, 1988 ; Hermann Schütter, Die Mitglieder des llluminatenordens, 1776-1787/93, München, 1991, p. 161/62 ; Jean-Pierre Kintz, « Alsace », dans Pierre Albert et Gilles Feyel, La presse départementale en Révolution (1789-1799), La Garenne-Colombes, 1992, p. 244-246 (Rheinische Zeitung) et 251-254 (Strassburger Kurier 2) ; Susanne Lachenicht, Information und Propaganda. Die Presse deutscher Jakobiner im Elsaß (1791-1800), München, 2004, p. 488-492.

Claude Betzinger (2007)