Professeur de botanique (★ Villar-Noyer, Hautes-Alpes, 14.11.1745 † Strasbourg 27.6.1814). ∞ Marie Jeanne Didier. Le 9 décembre 1778, il fit son doctorat de médecine à Valence et devint, en 1782, médecin militaire à Grenoble. Si le Mémoire sur les maladies les plus fréquentes à Grenoble, l’Observation sur une fièvre épidémique, le Tableau nosologique des maladies témoignent de ses activités médicales, son intérêt principal allait à la détermination des espèces végétales rencontrées et cherchées. « Le citoyen Villars, officier de santé à l’Hôpital militaire de Grenoble » donna en 1789 Liste et observations sur les arbres de la province du Dauphiné, suivies d’un Catalogue des substances végétales des plantes à utiliser pour l’alimentation. Ajouté à son travail capital Flore de la province du Dauphiné, 3 volumes avec un atlas après le troisième, déjà paru en 1786, sans oublier son condensé Prospectus des plantes du Dauphiné (1789) qui lui valut, en 1795, la satisfaction d’être nommé professeur d’histoire naturelle à l’École centrale de Grenoble. Il y donna une Initiation élémentaire à la météorologie (2e éd. 1797), publia en 1804 ses Extraits de cours donnés à l’École centrale du département de l’Isère. Pour déterminer le millier d’espèces rencontrées, il utilisait la première et seule méthode vraiment scientifique, celle de Linné, qui dans son « système sexuel » regroupait en « classes de fleurs » les genres d’espèces simplement selon le nombre d’étamines. Mais cela l’amenait, lui, à envisager un nouveau regroupement en « familles naturelles », déterminées par l’ensemble des facteurs de procréation : étamines-pistils, fruits et semences. Pour ce faire, il resserra ses liens avec les confrères nationaux de l’Académie des sciences de Paris, Jussieu, Candolle,
Desfontaines, et publia à Paris, en 1801, Mémoire sur les moyens d’accélérer les progrès de la botanique. Suite aux événements politiques, l’École de Santé strasbourgeoise fut dirigée directement par Paris, qui y fit défiler en quatre ans cinq professeurs de botanique insignifiants, quand enfin Napoléon, par décret impérial du 24 janvier 1805, nomma Villars à la chaire de l’École de médecine de Strasbourg. Arraché à contre-cœur à son cher Dauphiné, Villars donna un tournant décisif à la botanique régionale en y introduisant la « Méthode naturelle » de Jussieu et de Candolle en usage partout aujourd’hui. Après un premier Tableau pour la plantation et l’ordre du Jardin botanique de l’École de médecine de Strasbourg d’après la Méthode de Jussieu (1806), il publia en 1807 chez Levrault un Catalogue méthodique des plantes du Jardin de l’École de médecine de Strasbourg. Il trouva facilement des contacts locaux pour s’initier à la végétation alsato-vosgienne. Les Oberlin © lui montrèrent le Champ du feu et pour ses innombrables sorties, des bords du Rhin à la plaine de Haguenau, au Ballon de Soultz (1806), au Rossberg, etc., il avait de précieux guides en Gustave Lauth © et C. G. Mostler ©, dont plus tard la veuve remit à Kirschleger © le Journal d’herborisations de Villars. En juin 1807, il prospecta le Val de Villé et publia une Liste alphabétique des plantes observées, avec une conclusion sur les prairies naturelles à fourrage artificiel et sur quelques plantes spéciales en dehors. Son Précis d’un voyage fait en juillet-septembre 1811, dans les Grisons et source du Rhin au Saint-Gothard, avec Lauth et Nestler, était recherché pour ses considérations sur le délicat genre des épervières. De retour, il reçut du préfet Lezay-Marnesia © la mission d’insérer dans les Annuaires du Bas-Rhin 1812 et 1813 un Mémoire sur les plantes cultivées, arbres, céréales, plantes ornementales, mauvaises herbes. Doyen de la faculté de Médecine et membre de l’Institut. Villarsia fut le nom de genre du trèfle d’eau dédicacé par Gmelin et Candolle, mais débaptisé par la suite en Menyanthes. Seules 14 espèces d’Australie et d’Afrique conservent la dénomination du genre Villarsia.
Kirschleger, Flore d’Alsace, II, p. LXII-LXIV ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 920-921 (qui fait de Villars le simple apôtre de Linné).
† Gonthier Ochsenbein (2002)