Spéculateur, négociant, (PI) (★ 12.2.1779 † ?). Fils d’Abraham Teutsch, aubergiste, et de Marie Sophie Weber. ∞ 25 pluviôse An X (14 février 1802) à Strasbourg Marguerite Élisabeth Stromeyer (★ 14.2.1780), fille de Philippe George Stromeyer, négociant-bonnetier, et de Suzanne Marguerite Redslob ; 4 enfants. Teutsch fut un important acquéreur de biens nationaux, en association avec les banquiers Mennet © et Prost ©. L’essentiel de son activité et celle de son associé Huvelin, plus intéressé par les affaires dans le Haut-Rhin, a porté sur « l’achat des rentes, leur poursuite, leur recherche, leur fixation et leur rachat ». Teutsch déclara en 1811 être « propriétaire de plus de trois millions de capitaux de rentes foncières presque toutes liquidées ou rachetées à terme ». Ses courtiers de commerce en vin lui servirent d’agents d’information et de perception. Ceux-ci furent parfois malmenés, ainsi à Balbronn en 1814, au Kochersberg en 1820 et au Sundgau. Teutsch évita la faillite en 1815 en raison de l’imbrication étroite de ses intérêts et de ceux de ses banquiers. L’administration saisit, en effet, des titres amassés et annula des transferts de rentes. Elle accepta néanmoins des transactions en 1817, en 1822 et par la suite. Déclaré en faillite en 1827, Teutsch fut menacé d’emprisonnement, mais acquitté en 1830 de l’accusation de banqueroute frauduleuse. Il n’hésita pas à attaquer la conduite des grands banquiers catholiques Mennet et surtout Arroy dont il avait obtenu des avances surtout à partir de 1811. Après avoir traité d’affaires de rentes avec les Hospices civils de Strasbourg, il leur rendit des services essentiels en matière de hausse des fermages. Dans les campagnes alsaciennes, Teutsch laissa le souvenir d’un aigrefin qui sévit durant une trentaine d’années. S’il fut dur et entreprenant, il est malaisé de savoir actuellement s’il fut victime de ses propres imprudences, des circonstances ou d’autrui. Chevalier de la Légion d’honneur.
Mémoires juridiques imprimés : Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg M 20120, 23909, 32918, 100594, 100638, 100642, 100703 à 100709 ; : Archives départementales du Bas-Rhin, 38 J 439, 446 ; 152 J 53 ; BHL 165, 635, etc. Sélection de sources d’archives strasbourgeoises, sauf notariat et Enregistrement : Archives départementales du Bas-Rhin, D 414/862 ; 2 G 544 B/122, 123 ; 38 J 316 ; 4 K 18, 82 ; 5 K, 9, 13, 14,19, 20, 22, 23, 25 ; 1 M 75,0 ; Q 3045, 3053, 46661, 4662, 5718 à 5731, 5900 à 5949, 6702, 6927 ; U 214, 216, 217, 218, 1508, 1876, 1901, 2302 ; 1 V 234 ; 82 J 51 (dépôt Vogt, enveloppes Teutsch), etc. Archives municipales de Strasbourg, Gouvernement militaire 1820/56 ; Archives municipales de Strasbourg, Hôpital 453, 12223, 12241, 12255, 12257, 13188, 19205, etc. : Archives départementales du Bas-Rhin, 55 J 5. Outre les « classiques », voir surtout E. Herzog, État général par fonds des Archives départementales du Haut-Rhin, précédé d’une notice historique sur les Archives du Haut-Rhin, Colmar, 1928, p. XXVI-XXX. Pour le contexte : P. A. Helmer, « Un procès de féodalité », Revue d’Alsace, 1913 ; P. Leuilliot, « La situation morale et politique de l’arrondissement d’Altkirch en 1821 », ibidem, 1932 ; idem, « La crise de 1826 à Strasbourg ou les enseignements d’une faillite, ibidem, 1947 ; idem, « Activités économiques et financières en Alsace au début du XIXe siècle », Revue d’histoire économique et sociale, 1951 ; H. Sers, R. Guyot (éd.), Souvenirs d’un préfet de la monarchie – Mémoires du Baron Sers, 1786-1862, Paris, 1906 ; J. Vogt, « Problèmes de tenure dans les campagnes au Sud-Ouest de Strasbourg… », Annuaire de la Société d’histoire et d’archéologie de Molsheim et environs, 1998, etc. Pour les problèmes locaux, à titre d’exemples: L. A. Kiefer, Geschichte der Gemeinde Balbronn, Strasbourg, 1894; J. Schahl, Streifflichter in die Geschichte von Bischofsheim, Colmar, 1924 ; J. C. Fritsch, « La paroisse protestante de Graffenstaden – ses débuts », Annuaire de la société d’histoire des Quatre Cantons, 1987 ; J. Vogt, Revue d’Alsace, 2001.
Jean Vogt (2001)