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TEUTSCH Édouard

Homme politique, haut-fonctionnaire, (PI) (★ Wingen/Moder 5.11.1832 † château de Hochberg, Wingen-sur-Moder 14.10.1908). Fils de Henri Jacques Teutsch ©. ∞ Louisette Philippine Henriette Groll (★ Nancy † Nancy 7.12.1924) ; 4 enfants. Édouard et son frère Victor durent faire face aux difficultés qui frappèrent une entreprise « éloignée des chemins de fer » et rationnés dans leur charbon de bois par le cantonnement qu’imposaient les Eaux et Forêts des Forêts de Wingen et sa contestation du détournement de l’emphytéose des forêts en exploitation de charbon sur laquelle avait reposé l’essor du verre. La brochure condamnant la politique de cantonnement, au détriment des droits d’usage sur laquelle Édouard fonda sa popularité politique n’était donc pas entièrement désintéressée. La verrerie Chrétien Teutsch cessa peu à peu ses activités à Wingen même, en 1868, et les verriers émigrèrent vers Saint-Louis, Meisenthal, Forbach, Vallerysthal. Le jugement favorable obtenu par la firme en 1869 fut interjeté d’appel définitivement perdu devant la Cour allemande de Colmar en 1877. La firme fut donc dissoute en 1879. À ce moment-là, la carrière politique d’Édouard avait également pris fin par son passage en France. Celle-ci avait débuté aux élections de remplacement, suite aux décès d’Hippolyte Cros en 1869, où Édouard Teutsch, qualifié de « candidat indépendant », ni soutenu, ni combattu par le gouvernement, fut élu en août 1869. Il fut réélu aux élections de 1870. Son influence dans cette partie de l’Alsace lui valut de figurer sur les listes de candidats de février 1871 : « La notoriété de leur patrimoine et l’indépendance de caractère dont ils avaient fait preuve, tels sont les titres » qui d’après Édouard lui-même justifièrent la présence d’un certain nombre de notables sur les listes présentées le 8 février 1871 au suffrage des électeurs. Car, comme un certain nombre d’autres, Édouard figura sur les trois listes, celle républicaine modérée d’Émile Kuss © et de la commission municipale, celle du Comité républicain radical de Carré, et celle des catholiques. Cela lui valut d’être élu en seconde position, juste derrière Kuss, comme « ancien maître de verrerie et conseiller général » à l’Assemblée nationale de Bordeaux. Il signa donc la protestation de Bordeaux et revint à Strasbourg. Il y prononça l’éloge funèbre d’Émile Kuss, inhumé au cimetière Sainte-Hélène le 8 mars 1871. Resté en Alsace, et n’ayant pas opté, il ne se présenta pas aux élections cantonales de 1873. En liaison avec les candidatures protestataires à Strasbourg-ville et catholiques dans le reste du département sauf dans la circonscription de Saverne, réservée à un candidat protestant, Édouard se présenta aux élections au Reichstag de 1874, contre Eugène Reuss ©, industriel au Zornhoff et conseiller général de Saverne. Il participa aux réunions de la députation protestataire d’Alsace et de Lorraine, autour de Mgr Raess ©, et fut choisi pour donner connaissance de la protestation de la députation d’Alsace et de Lorraine au Reichstag. Le Reichstag n’autorisait d’expression qu’en allemand, ce fut en allemand que Édouard prononça la protestation de Berlin, écho de celle prononcée à Bordeaux, et proclama, en allemand, le refus de la population alsacienne et lorraine à être annexée à l’Allemagne. La majorité du Reichstag y vit une contradiction : le malentendu était installé. Une vive polémique avec le directeur de cercle de Saverne, le dissuada, aux élections de 1877, de se représenter, et ce fut son ancien collègue de Bordeaux, Auguste Schneegans ©, désormais partisan d’un rapprochement à l’Allemagne en contrepartie de concessions à l’Alsace-Lorraine, qui fut élu député de Saverne. Édouard quitta alors l’Alsace et obtint du gouvernement républicain une place de trésorier-payeur-général, à Auch, à Maçon, à Épinal et finalement à Nancy, où il s’installa après sa retraite, passant tous les étés à Wingen, dans son château de Hochberg.

Notes pour servir à l’histoire de l’annexion de l’Alsace-Lorraine, Nancy, 1893.

Archives départementales du Bas-Rhin, état-civil Wingen, 2 M 468 – élections au Conseil général ; Carré, Historique des élections à l’Assemblée nationale dans le département du Bas-Rhin 1871, AL 47 124 et 125 – Die Reichstagswahlen 1874 et 1877 ; Robert, dir., Dictionnaire des Parlementaires français comprenant tous les membres des Assemblées françaises et tous les ministres français 1789-1889, V, p. 388 ; Elsässischer Volksbote du 17.10.1908 ; Revue alsacienne illustrée, IX, 1909, Chronique p. 5 (notice nécrologique) ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 862-863 ; L. Wilhelm, Catalogue de la Section Als. et Lor., Strasbourg, 1912-1923, II, p. 349 ; Haegy, Das Elsass von 1870-1932, Colmar, Alsatia, I, p. 64-76, II, 59, III, 411, IV, 616 (passim) ; François Igersheim, L’Alsace des notables, 1870-1914, Strasbourg, 1981, p. 297-298 ; Christian Baechler, Le parti catholique alsacien 1890-1939. Du Reichsland à la République jacobine, Paris-Strasbourg, 1982, p. 587 ; Encyclopédie de l’Alsace, XII, p. 7268.

François Igersheim (2001)