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THAMER Thiébaut

Théologien, prédicateur, (C, puis PI, puis C) (★ Obernai 1502 † Fribourg en Brisgau 23.5.1569). À Obernai il fréquenta probablement une école latine jusqu’au départ de sa famille pour Rosheim. Là, il entra en contact avec les humanistes de Sélestat, en particulier avec Jacob © († 1528). En 1534, on le trouve à Cassel, déjà converti au protestantisme d’après sa correspondance avec Bucer © et en relation d’amitié avec Jacob Bedrotus © et Capiton ©. L’année suivante, sur l’intervention de Bucer, il obtint une bourse du landgrave Philippe de Hesse pour étudier à Wittenberg où il devint « maître es arts » en février 1539. Grâce à Melanchton ©, il enseigna le grec à la faculté de Philosophie de l’Université de Francfort sur l’Oder. Nommé doyen de cette faculté en avril 1543, il résilia vite cette fonction, appelé par Philippe de Hesse sur la recommandation de Bucer, comme professeur de théologie à Marbourg et prédicateur à l’église Sainte-Élisabeth, où ses sermons rencontrèrent une grande audience. La même année, il publia son premier livre (Paracelsis…, un manuel pour ses étudiants) où il fait l’éloge de la Réforme, notamment des œuvres de Luther © et de Melanchton. Mais, en 1544, il eut une première dispute avec Andreas Hyperius à propos de la transmission du péché originel. L’intervention de Philippe de Hesse (14 octobre 1544) arrêta la querelle, tandis qu’une autre, plus grave, relative à la Cène, rebondit à la suite de la publication du Kurzes Bekenritnis vom Heiligen Sakrament de Luther et du projet de réédition des œuvres complètes de Zwingli, jugé scandaleux par Thamer, qui apparaît alors comme un disciple convaincu de Luther. Néanmoins ses positions doctrinales changèrent radicalement durant la guerre de Smalcalde, alors qu’il était aumônier dans l’armée de Philippe de Hesse (1546-1547). Déjà dans une lettre adressée à Bullinger en octobre 1546, il exprima des doutes sur la doctrine luthérienne de l’eucharistie. De retour à Marburg, une réflexion sur Luc 11 et Matthieu 7 l’amena à penser que le principe luthérien de la justification par la foi seule était la cause de tous les malheurs du protestantisme. Il prêcha sur ce thème le 14e dimanche après la Trinité (11-13 septembre 1547), ce qui fit scandale et suscita de vives répliques du prédicant Johannes Drach. Renvoyé à l’été 1549, il voulut se justifier devant Philippe de Hesse, alors prisonnier à Audenarde. Sur son chemin, à Cologne, il fit la connaissance de Gaspard Dolorer, prieur des Carmes, et de leur provincial, Eberhard Billick, qu’il rencontra à Bruxelles et qui le persuada de se présenter à l’électeur et archevêque de Mayence, Sebastian von Heusenstamm († 1555). En décembre 1549, ce dernier le nomma second prédicateur à la collégiale Saint-Barthélémy de Francfort sur le Main. Mais ses sermons suscitèrent de nouvelles controverses, si bien qu’il fut renvoyé en décembre 1552. Tout en croyant défendre la foi catholique, il avait en réalité prêché sa propre doctrine des bonnes œuvres et de l’humanité du Christ. En 1553, il se tourna de nouveau vers Philippe de Hesse, mais en vain. Alors, après un passage à Zurich, il se rendit directement à Rome où il revint formellement au catholicisme entre 1553 et 1555, avant d’obtenir un doctorat en théologie à l’Université de Sienne, le 11 juillet 1556. Rentré en Allemagne la même année, il remplit les fonctions de prédicateur à la cathédrale de Minden, où il s’engagea dans une polémique avec Melanchton. Peu soutenu, il quitta Minden en 1558 pour un canonicat à Mayence avant d’être pourvu d’une chaire de théologie à Fribourg en Brisgau en 1566 et de devenir doyen de cette faculté, charge qu’il occupa jusqu’à sa mort. L’année suivante ses héritiers firent don de ses livres (169 titres, d’après le catalogue conservé) à la bibliothèque de cette Université.

Thamer est l’auteur de très nombreux ouvrages écrits en latin et en allemand dont : Paraœlsis, id est, adhortatio ad sacratissimae theologiae studium…, Marburg, 1543 ; De Fide, quae per dilectionem operatur…, Marburg, 1547 ; Ein stuck der predigt Theobaldi Thameri…, Francfort sur le Main, 1552 ; Warhafftiger Beriecht…, 1552 ; Das letzte theil der Apologi…, 1552 ; In sacrosanctam Domini nostri Jesu Christi passionem brevis introductio…, Mayence, 1561.

H. O. Duysing, « Fortsetzung des Leben Teobald Thamers », Marburgische Anzeigen, 1770 ; J. A. W. Neander, Theobald Thamer, des Repräsentant und Vorgänger moderner Geistesrichtung in dem Reformationszeitalter, Berlin, 1842 ; Michaud, Biographie universelle, t. XLV, col. 244-246 ; H. Mayer, Die Matrikel der Universität Freiburg im Breisgau von 1460 bis 1656, Fribourg-Br., 1907, p. 492 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 863-864 ; Lexikon für Theologie und Kirche, 1957-1965, t. X, col. 10 ; I. Backus, « Theobald Thamer », Bibliotheca Dissidentium. Répertoire des non conformistes religieux des seizième et dix-septième siècles, édité par A. Seguenny, 1982, Baden-Baden, t. III, p. 71-152 (essentiel).

Dominique Dinet (2001)