Violoniste, compositeur de musique et chef d’orchestre, (I) (★ Strasbourg 2.6.1806 d. Paris 9.8.1888, inhumé au cimetière Montmartre). Fils de Léon Straus (★ 1745 d. 1835), né Loeb Israël, barbier, et de Judith Hirschmann, Caroline Guttel Raphaël (★ 1757 d. 1847), fille du rabbin Raphaël Riss, maître d’école et talmudiste à Hagenthal-le-Bas. ∞ 1832 à Paris Henriette Schriber (★ Paris 21.5.1809 d. Paris 13.11.1879) ; 6 enfants dont Léa (★ 1842 d. 1932), grand-mère paternelle de Claude Lévi-Strauss. Après le décret de 1808, par lequel Napoléon Ier invitait les israélites à adopter un patronyme, Loeb Israël décida de s’appeler Straus, de même que Raphaël devint Hirchmann. Straus devint vite un bon musicien. En 1826, il organisa avec des musiciens alsaciens un quatuor et partit à la conquête de Paris, se produisant dans les salons du faubourg Saint-Germain. Devant la haute société de l’époque, il fit connaître les œuvres des maîtres Haydn, Beethoven et Mozart, alors peu en vogue. Il en profita pour exécuter des contredanses, valses, galops, et polkas de sa composition. En 1827, il entra à l’Académie royale de musique, dans la classe du célèbre violoniste Baillot ; il y resta jusqu’en mai 1829. Surnommé le Strauss de Paris, il devint vite célèbre. En 1828, son talent de violoniste le fit entrer dans l’orchestre de la Société des concerts du Conservatoire. Il devint professeur de musique à Paris. L’été, il se produisit à Plombières, Vosges, de 1832 à 1834, et à Aix-les-Bains, Savoie, de 1835 à 1843, dont il dirigea le casino en 1842. Il fut appelé aux Tuileries sous la Monarchie de Juillet et à l’Élysée pendant la Deuxième République pour diriger l’orchestre lors de réceptions. Comme sous Louis-Philippe, il fut appelé après la révolution de 1848 à animer des soirées données par le prince-président Louis-Napoléon. Après 1852, il fut nommé directeur, chef d’orchestre des bals officiels donnés à l’Élysée, aux Tuileries, au Palais Royal, à Versailles, Saint-Cloud, Fontainebleau, Compiègne, au Sénat, à l’Hôtel de Ville, au Palais Bourbon, chez les ambassadeurs, ministres et hauts dignitaires. Le ministre du Commerce le nomma en 1844, directeur chef d’orchestre des salons de Vichy. Il y fit bâtir en 1858 la villa Strauss, dans laquelle Napoléon III séjourna au cours de ses deux premières cures en 1862 et 1863. À l’Opéra, il fut directeur, chef d’orchestre des bals jusqu’en 1872.
Compositeur de musique de danse, il créa plus de 400 morceaux, dont les plus populaires furent Le délire, Souvenirs de Gênes, La cascade, Chants du ciel, Lille, Murmures de bal, Fleurs de noblesse, Le couronnement. À Vichy, il dédia à « Strasbourg ma ville natale » une valse pour piano avec accompagnement de violon et cornet. Durant sa vie, il avait rassemblé une collection, unique au monde, d’objets de culte israélite ; la baronne Nathaniel de Rothschild la racheta à la mort de Straus et en fit don au musée de Cluny à Paris, désormais au Musée d’art et d’histoire du judaïsme. Il fut le premier à frapper d’un droit les billets de faveur de théâtre, au profit de l’Association des artistes musiciens. Chevalier de la Légion d’honneur le 31 décembre 1869.
Archives de Savoie, fonds sarde, cote 2820 ; Archives Heugel, éditeur de musique, Montrouge ; Archives de l’Allier; Archives du tribunal de Grande Instance de Paris, cote 1032 ; Encyclopédie Larousse du 19e siècle, édition 1875 ; Vapereau, Dictionnaire universel des contemporains, 1856 et 1870 ; Archives israélites, n° 33 ; T. Lamathière, Panthéon de la Légion d’honneur, Paris; H. Berlioz, Mémoires, t. II ; Journal de Vichy, 1880-1881 ; Allier magazine, sept. 1979 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 839-840 ; Annuaire Association alsacienne. pour la conservation des Monuments napoléoniens, 1988 ; R. Muller, Anthologie des compositeurs de musique d’Alsace, 1970 ; J. Rance, « Isaac Strauss, musicien du Second Empire », Les nouveaux cahiers du Second Empire, n° 16 et 17, 1987, p. 30 et 31.
Portrait : Musée de la Compagnie fermière de Vichy au Chastel Franc ; Bibliothèque Nationale, département musique, lithographies.
Yves Bonnel et Josette Rance (2000)