Architecte, urbaniste, peintre, écrivain, (PI) ★ Strasbourg 2.9.1907). Fils de Gustave Stoskopf ©. ∞ II 22.12.1939 à Paris, XVIe, Huguette Barthélémy, (C) (★ 1909 † 1980), fille d’Auguste Barthélémy, négociant, et d’Henriette Bureau ; 4 enfants. À sa sortie du lycée Kléber, Gustave Stoskopf s’est orienté, sur les conseils de son parrain Gustave Oberthur ©, vers des études d’architecture commencées à Strasbourg, sous la conduite de Robert Danis ©, à partir de 1931, puis à Paris, comme élève d’Emmanuel Pontremoli et Jacques Debat-Ponsan. Second Grand-Prix de Rome en 1933, il a obtenu en 1935 le prix Guadet du meilleur diplôme et le prix Chenavard pour une suite de décors de Don Giovanni. Il a réalisé avec François Herrenschmidt © et Olivier de Lapparent le Pavillon de l’Alsace à l’Exposition universelle de 1937. Ces succès lui ont valu d’être lauréat en 1938 de la fondation américaine G. Blumenthal pour la pensée et l’art français. Démobilisé en 1940, il a été chargé en 1941 du plan d’urbanisme de Montier-en-Der, Haute-Marne, et, en 1944, de celui de Belfort. Remarqué par Raoul Dautry, il a été nommé à la Libération architecte en chef de la reconstruction des villages viticoles de la poche de Colmar: il a relevé de leurs ruines Ammerschwihr, Sigolsheim, Bennwihr, Mittelwihr, et Wihr-au-Val en combinant les traditions régionales et les exigences de la modernité. Nommé chevalier de la Légion d’honneur en 1949, sa mission a été alors étendue au Haut-Rhin et au Territoire de Belfort, puis à l’ensemble de l’Alsace comme architecte-conseil du ministère de la Construction, ce qui lui a donné jusqu’en 1973 un droit de regard sur tous les projets d’architecture. Il a pris également en 1949 la succession de Robert Danis à la direction de l’École régionale d’architecture de Strasbourg dont il a démissionné en 1967. Il a réalisé d’importantes opérations à Strasbourg dans les années 1950: achèvement de la grande percée par l’agrandissement de la place de l’Homme-de-fer et la construction de la tour attenante, création des quartiers de logements sociaux du quai des Belges et de la Canardière à la Meinau. C’est au cours de l’inauguration de ce quartier en 1959 que le ministre P. Sudreau, utilisant une procédure exceptionnelle, a nommé Gustave Stoskopf officier de la Légion d’honneur. Quant au quai des Belges, il lui a valu d’être appelé en région parisienne, de devenir en 1955 l’architecte de la Société immobilière de la Caisse des dépôts (SCIC) et de construire des groupes d’immeubles à Bondy et Bobigny, puis les grands ensembles de Vernouillet, Poissy, les Mureaux et Créteil Mont-Mesly (6 000 logements). Ultérieurement, Gustave Stoskopf a construit dans le Nouveau Créteil le quartier Montaigut et la cathédrale Notre-Dame de Créteil, couronnement d’une œuvre qui compte près de 25 églises catholiques et protestantes, tant en région parisienne (Bobigny, Poissy) qu’en Alsace (Mittelwihr, Malmerspach, Lingolsheim ; rénovation des églises de Jebsheim, Brumath et Soufflenheim). Dirigeant trois agences à Paris, Strasbourg et Colmar, entouré de plusieurs architectes alsaciens (Jules Haas, Michel Porte, Francis Siffert, Walter Oehler, Alfred Fleischmann, Jean-Pierre Hoog, Claude Offner), Gustave Stoskopf a signé, seul ou avec ses associés, de nombreuses autres opérations: logements sociaux à Montbéliard, Audincourt, Valentigney, Colmar, Saint-Denis, Sainte-Geneviève-des-Bois, rénovation urbaine du centre historique de Belfort, hôpitaux de Sélestat, Sevran et Dunkerque, extension des hôpitaux de Colmar et Stephansfeld à Brumath, hôtel de ville de Colmar, etc. ; à Strasbourg, cité de Cronenbourg, école hôtelière d’Illkirch, sièges sociaux de la Sogenal, rue du Dôme, et à Mittelhausbergen ainsi que du Crédit Mutuel au Wacken. Mais son nom reste surtout attaché à l’Esplanade que les Strasbourgeois, lors d’une enquête des Dernières Nouvelles d’Alsace en 1997, ont placé au troisième rang des quartiers de leur ville les plus agréables à vivre derrière l’Orangerie et la Robertsau. Membre depuis 1956 de l’Académie d’architecture, dont il a été vice-président de 1971 à 1973, architecte en chef des bâtiments civils et palais nationaux, Gustave Stoskopf a été élu à l’unanimité en 1975 correspondant de l’Académie des Beaux-Arts. Malgré ses activités professionnelles, Gustave Stoskopf n’a jamais abandonné la peinture : sa première exposition strasbourgeoise remonte à janvier 1936 ; il a fait après guerre des décors et des costumes pour le Centre dramatique de l’Est, mais s’est affirmé surtout comme paysagiste avec une prédilection pour la nature exubérante, les espaces vierges, les sous-bois et les clairières: il a exposé à Paris en 1977 une série consacrée à Robinson Crusoé et a été fidèle à son exposition bisannuelle de la Maison d’art alsacienne à Strasbourg depuis cette date. Il est président d’honneur de l’Association des artistes indépendants d’Alsace (AIDA). Dans la lignée de son père, auquel il a consacré un ouvrage, en 1976, il a écrit pour le théâtre dialectal : Harmonie un Concordia, mis en scène par Germain Muller ©, a été créé au Théâtre municipal de Strasbourg en 1951 ; le Barabli a monté également D’r Fodell Voltaire et Toni Troxler © Im Hektor sinner Dod à Mulhouse en 1986. D’autres pièces en un acte ont été jouées au Théâtre alsacien de Strasbourg, dont il a été président de 1972 à 1974, puis président d’honneur, ou diffusées par FR3; ses contes en français ont paru dans la Revue alsacienne de littérature. Gustave Stoskopf a attendu 1998 pour publier un premier roman, Monsieur de Castelmandailles en mission spéciale en Alsace. Commandeur de l’ordre national du Mérite, commandeur des Art et Lettres, Gustave Stoskopf a été nommé à l’occasion de son 90e anniversaire citoyen d’honneur de la ville de Brumath.
Archives d’architecte déposées aux Archives départementales du Bas-Rhin et Archives départementales du Haut-Rhin; pages inédites de souvenirs aux Archives départementales du Bas-Rhin; manuscrits à la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg: parmi ses publications: « Charmes du paysage urbain alsacien », Saisons d’Alsace, n° 3, 1949, p. 175-179 ; « Reconstruire », Saisons d’Alsace n° 4, 1949, p. 367-371 ; « Images d’une Alsace nouvelle », Saisons d’Alsace n° 3, 1951, p. 320-322 et passim ; « La grande percée de Strasbourg », Saisons d’Alsace n° 3, 1953, p. 325-329 ; « Villages et maisons d’Alsace », Saisons d’Alsace n° 35, 1970, p. 296-300 ; Dictionnaire technique du bâtiment et des travaux publics (en collaboration), Paris, nombreuses éditions depuis 1963 ; illustrations pour E. Brandt, Jardins perdus, Obernai, 1978 et G. Baumann, Luminance, Strasbourg, 1998.
Roman : Monsieur de Castel-Mandailles en mission spéciale en Alsace, Strasbourg, Oberlin, 1988.
A. Fischer, « G. Stoskopf, auteur dramatique », Saisons d’Alsace n° 3, 1951, p. 379-380 ; H. Delmond, « L’évolution de la construction en Alsace depuis 1945 », Saisons d’Alsace n° 35, 1970, p. 266-284 ; Who’s who in France (à partir de l’édition 1965-1966) ; R. Heitz, « Réalité et fiction dans l’art en Alsace », Saisons d’Alsace n° 78-79, 1982, p. 198-200 ; Gustave Stoskopf et son équipe, un bilan 1947-1972 (hommage des entreprises) ; Libération du 11.11.1986 ; Dernières Nouvelles d’Alsace, « L’invité de la semaine », 31.10.1987 ; Dernières Nouvelles d’Alsace, avril 1997 et 20.9.1997 ; ETS-TAS : 1898-1998, Les cents ans du Théâtre alsacien de Strasbourg, Strasbourg, 1998.
Nicolas Stoskopf (2000)
† Paris 22.1.2004
Gauthier Bolle, Charles-Gustave Stoskopf, architecte. Les Trente Glorieuses et la réinvention des traditions, Presses universitaires de Rennes, 2017
Philippe Legin (mars 2022)