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STOCKMEYER Martin

Héros populaire de la Révolution, (C) (★ Colmar 18.6.1740 † Colmar 2 brumaire an XI = 24.10.1802). Fils de Martin Stockmeyer, batelier à Colmar, et de Jeanne Baptiste Hecker. ∞ 19.11.1764 à Colmar Anne Marie Peter (★ Colmar 2.1.1737 † Colmar 16.2.1811), fille de Melchior Peter, bonnetier à Colmar, et de Marie Ursule Schwaller. Modeste batelier, élu au conseil municipal de Colmar le 6 février 1790, Stockmeyer se signala par une action de maintien de l’ordre qui fut érigée en exemple et lui valut une renommée dépassant la région. L’application du décret du 12 juillet 1790 introduisant la constitution civile du clergé avait suscité de vifs remous en Alsace, qui s’amplifièrent au cours de l’hiver suivant. L’Assemblée nationale décida d’y envoyer trois commissaires, dont Hérault de Séchelles qui allait présider la Convention, afin de rétablir l’ordre. Si ces derniers furent bien reçus à Strasbourg, il n’en alla pas de même à Colmar, où ils arrivèrent le 3 février 1791 à l’hôtel des Six-Montagnes-Noires. Le major de la place et commandant de la garde nationale, Jean-Baptiste Duboys, refusa les honneurs militaires, et de nombreux manifestants se massèrent au cours de la nuit autour de l’hôtel avec des cris hostiles à la Nation et aux commissaires. Au moment où la foule allait envahir le bâtiment, un groupe dirigé par l’officier municipal Stockmeyer dispersa les manifestants à coups de bâton et libéra les parlementaires assiégés. De taille herculéenne et armé d’un énorme gourdin, Stockmeyer eut à lui seul raison de dizaines de contre-révolutionnaires, et sa prestation fit une très forte impression. L’Assemblée nationale fut officiellement informée par un des commissaires, de retour à Paris, « que les choses ont complètement changé de face à Colmar depuis l’acte patriotique du brave Stockmeyer ». À la Société populaire de Strasbourg, Hérault de Séchelles et le général Kellermann © intervinrent pour louer la conduite exemplaire de Stockmeyer. Un graveur fut chargé de faire le portrait du héros ; l’estampe connut une large diffusion en Alsace et fut envoyée à l’Assemblée nationale. Dès le 11 février 1791, le ministre de la Justice Duport du Tertre écrivit, au nom du roi, une lettre de félicitations à Stockmeyer, qui fut admis à la Société populaire de Colmar et élu notable de la commune. La ville, il faut le reconnaître, fut relativement « pacifiée » à la suite de cette affaire après laquelle beaucoup de meneurs prirent le chemin de l’émigration. Stockmeyer fut nommé quelques années plus tard inspecteur des bâtiments de la ville, où son souvenir resta très populaire.

Archives municipales de Colmar, RE A 5 et F 5 ; A. Véron-Réville, Histoire de la Révolution française dans le Haut-Rhin 1789-1795, Paris-Colmar, 1865 ; C. Foltz, Souvenirs historiques du Vieux Colmar, Colmar, 1887, p. 107 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 829 ; H. Wendel, « Hérault de Séchelles im Haut-Rhin », Annuaire de la Société historique et littéraire de Colmar, 1937, p. 131-154 ; A. Halter, « Le brave Martin Stockmeyer, l’Hercule de Colmar », Dernières Nouvelles d’Alsace des 18-19.2.1962 ; L. Sittler, « La célébrité de Stockmeyer », L’Alsace du 23.4.1980 ; J.-M. Schmitt, « De la Révolution à l’Annexion, le chef-lieu naissant du Haut-Rhin », Histoire de Colmar, Toulouse, 1983, p.135.

Jean-Marie Schmitt (2000)