Archiviste, historien, homme de lettres, (PI) (★ Strasbourg 5 vende?miaire an IX (= 27 septembre 1800) † Strasbourg 16.10.1879). Fils de Samuel Jacques Spach, commerc?ant, et de Marie Dorothe?e Roederer. Ce?libataire. Scolarite? a? l’e?cole paroissiale de Saint-Nicolas, puis a? la pension franc?aise Grandmougin, en 1812, chez le pasteur Vierling a? Lampertheim et enfin au Gymnase protestant de Strasbourg. Bachelier e?s lettres en 1816, il entra au se?minaire protestant pour y e?tudier les langues anciennes. Il adhe?ra biento?t a? trois socie?te?s litte?raires et savantes locales et se mit a? la poe?sie. Pour sa sante?, de?ja? fragile, il se?journa a? Lausanne, d’ou? il revint en 1819, de?cide? a? abandonner la the?ologie pour le droit. Il assista aussi aux cours de l’abbe? Bautain ©. Il accepta ensuite un emploi de pre?cepteur a? Paris, qui fut pour lui l’occasion d’approfondir sa culture litte?raire et artistique et de nouer des relations avec des gens en vue, tels que Casimir Delavigne. Il ne revint en Alsace, en 1824, avec son e?le?ve, que pour peu de temps et retourna a? Paris. Sur la recommandation de Guizot, il entra chez le comte de Saint-Aulaire comme pre?cepteur et demeura huit ans son secre?taire particulier. En cette qualite?, il l’accompagna en Italie et y rencontra de nombreux savants, artistes et diplomates. Son ami Jean Henri Schnitzler © le fit entrer en 1830 au journal l’Universel, auquel il fournit des articles sur la litte?rature poe?tique et allemande contemporaine. Il suivit son patron Saint-Aulaire, nomme? ambassadeur a? Rome, et revint en France en 1833. En espe?rant un emploi d’universitaire ou de bibliothe?caire, il e?crivit des romans et collabora au Temps, a? l’Encyclope?die des gens du monde, a? la Chronique de Paris, vivant tanto?t dans la capitale, tanto?t a? Strasbourg. À 40 ans enfin, il fut, gra?ce a? Schutzenberger ©, maire de Strasbourg, nomme? a? la fois archiviste de?partemental du Bas-Rhin et chef de cabinet du pre?fet Sers ©. Apre?s la re?volution de 1848, il accepta le poste de secre?taire ge?ne?ral du Directoire et du Consistoire supe?rieur de l’Eglise de la confes sion d ‘Augsbourg. Il renonc?a cependant en 1854 a? exercer toute fonction annexe, pour des raisons de sante? et de surmenage. Comme archiviste, il accomplit un travail conside?rable pendant 39 ans. Il organisa les Archives du Bas-Rhin, assiste? par l’infatigable Franc?ois Fastinger ©, classa et inventoria les fonds d’Ancien Re?gime (se?ries C, D, E, G et H, totali sant 17598 articles) qu’il fit connai?tre au public par ses inventaires, ses rapports et ses Lettres sur les Archives du Bas-Rhin. Il proce?da aux extraditions et e?changes d’archives requis par les États allemands, traita des fonds judiciaires, mais ses tris excessifs, en particulier dans les papiers de l’e?poque re?volutionnaire (1790-1800), entrai?ne?rent des e?liminations importantes et irre?parables. Lors du sie?ge de Strasbourg en 1870, devenu insomniaque apre?s le premier bombardement, il dut se laisser e?vacuer par le dernier des trains re?serve?s aux femmes, enfants et vieillards, laissant a? Fastinger la mission de mettre a? l’abri les fonds les plus pre?cieux dans la crypte de la cathe?drale. Apre?s l’annexion, il conserva son poste. Il acheva l’impression de l’inventaire de la se?rie H (clerge? re?gulier) et engrangea les versements des minutes notariales ante?rieures a? 1792, ordonne?s par les autorite?s allemandes. S’e?tant rallie? au re?gime prussien, il crut bon, en 1877, de publier en allemand ses ressentiments, remontant a? 1863, contre le bureau des Archives au ministe?re franc?ais de l’Inte?rieur. Collaborateur proche du pre?fet Migneret ©, il fut le premier pre?sident de la Socie?te? pour la conservation des monuments historiques de l’Alsace, fonde?e par ce pre?fet en 1856, et publia dans son bulletin la plupart de ses articles.
Pre?sident de la Socie?te? litte?raire et membre de nombreuses socie?te?s savantes franc?aises et e?trange?res (Suisse, Italie), membre correspondant du ministe?re de l’Instruction publique et, a? partir de 1871, de l’Acade?mie royale de Munich. Chevalier de la Le?gion d’honneur en 1847, il fut couvert, tre?s vite apre?s l’occupation et l’annexion de l’Alsace, de distinctions par les autorite?s allemandes : doctorat en philosophie de l’Universite? de Tu?bingen, professeur honoraire a? la faculte? des Lettres de Strasbourg en 1871, de?corations hessoise, badoise, wurtembergeoise et bavaroise en 1870.
Principales publications: l’introduction historique de la Description du de?partement du Bas-Rhin, publie?e en 1858 par Migneret; Inventaire sommaire des Archives de?partementales ante?rieures a? 1790, Strasbourg, 1863-1872 ; Me?langes d’histoire et de critique litte?raire, Strasbourg, 1864-1866; Oeuvres choisies, Paris-Strasbourg, 5 vol., 1866-1871 ; Œuvres comple?tes, 5 vol., Paris-Strasbourg, 1866-1871 ; Me?langes de critique litte?raire, Strasbourg, 1869-1870; Moderne Culturzusta?nde im Elsass, Strasbourg, 3 vol., 1872-1874; Fragmentarische Erinnerungen, Strasbourg, 1877. Les carnets de jeunesse de Spach, conserve?s a? la Bibliothèque municipale de Strasbourg, ont e?te? publie?s dans la Zeitschrift für die Geschichte des Oberrheins: O. Winckelmann (e?d.), Tagebuch Ludwig Spachs u?ber seine erste itaiienische Reise 1825-1826, s.l.n.d. (= Jahrbuch fu?r Geschichte, Sprache und Literatur Elsass-Lothringens) ; idem, Tagebuch u?ber seine itaiienische Reise, Strasbourg, 1910-1914. K. von Loher, « Ludwig Spach », Archivalische Zeitschrift, V, 1880 ; F. X. Kraus, Ludwig Spach, ein Nachruf… mit einem bibliographischen Anhang, Strasbourg, 1880; idem, « Autobiographische Aufzeichnungen von Ludwig Spach », Jahrbuch fu?r Geschichte, Sprache und Literatur Elsass-Lothringens, 15, 1899, p. 45-88; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 796-798 ; A. Eckel, A. Vidier, État ge?ne?ral par fonds des Archives de?partementales (du Bas-Rhin), Strasbourg, 1925 ; Ph. Dollinger, « Henri Paul, roman alsacien de Louis Spach », Pages d’histoire, Paris, 1977, p. 157-162; Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, L’Alsace, sous la dir. de B. Vogler, Paris, 1987, p. 411; Fr. Igersheim, Noblesse, respectabilite?, suffrage et pouvoirs dans le Bas-Rhin, 1848-1870…, the?se de doctorat, Strasbourg, 1991, index.
Buste aux Archives départementales du Bas-Rhin; caricature comme officier de la garde nationale en 1848, publie?e d’apre?s un dessin de la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, le?gende? apre?s 1870, dans Le Gymnase Jean Sturm, deux sie?cles d’histoire 1789-1989, Strasbourg, 1989, p. 43.
Christian Wolff (2000)