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SCHUTZENBERGER Louis Frédéric

Peintre (★ Strasbourg 8.9.1825 † Strasbourg 17.4.1903). Fils de Louis Schutzenberger ©. Gabriel et Jean Guerin furent à Strasbourg ses premiers maîtres. En 1843, il entra dans l’atelier Delaroche, à Paris, atelier qui passa ensuite sous la direction de Gleyre, tout à la fois idéaliste et néo-grec. Plusieurs voyages dans l’ouest de la France, en Allemagne, un long séjour en Italie complétèrent son éducation artistique. Louis se plaisait à œuvrer dans le sens de la peinture officielle prônée à Paris par Gerome. Son climat mental était là parmi les «machines» historiques et mythologiques. En de grandes images aux délicates ciselures, il contait des anecdotes, ces bibelots de l’Histoire. De fait, Louis s’est partagé entre la vie mondaine parisienne où il s’obstinait à rechercher des succès académiques (il obtint une seconde médaille en 1861, une troisième en 1865). Il fit un séjour en Alsace, où il découvrit, avec des motifs réalistes et naturalistes, la scène de plein air et le paysage. Son œuvre reflète ces tiraillements entre une tradition usée et une force nouvelle issue du réalisme de Courbet et de Millet. Se réclament de ses maîtres, Delaroche et Gleyre, les tableaux historiques ou à thèmes littéraires et anecdotiques; Terpsichore, Marie Stuart en Ecosse (1861), Pygmalion embrassant sa statue (1864), Europe enlevée par Jupiter (1865), Charlemagne apprenant à écrire, Virgile buvant du lait, Le premier astronome (1867), Promenade du pape dans la campagne de Rome (1869). Les émigrants (1872), Jeanne d’Arc entendant les voix (1876). En revanche, ses tableaux, d’après des études préliminaires dessinées sur le vif, dans les îles du Rhin notamment, prennent un caractère tout différent de ceux qu’il exposait régulièrement à Paris. Sa Faneuse alsacienne au Salon de Paris, en 1883, paraît encore bien théâtrale; «… pour une faneuse, je trouve cette femme trop distinguée et, malgré sa jupe en haillons, il m’est bien difficile, vraiment, de la prendre au sérieux» (Journal d’Alsace du 15 juin 1883). Dans les Iles du Rhin, au Salon de Strasbourg, en 1884, on trouve, au contraire, « la vérité, le naturel » (Journal d’Alsace du 14 mai 1884). Le genre de plein air se retrouve dans Vanniers ambulants dans les Iles du Rhin (1885), Oies et cochons au pâturage à Plobsheim, Rabatteur allumant sa pipe (1885), Chasseurs rustiques (1888). Il exposa à la Société des amis des arts de Strasbourg, en 1876, Portrait, Alsacienne, Sangliers (clair de lune), Enfant jouant avec des cygnes. Son tableau poignant; Famille d’émigrants alsaciens de 1870 témoigne de l’attachement des Schutzenberger à leur petite patrie. Il fut aussi chargé d’exécuter des peintures décoratives à l’Hôtel de ville de Strasbourg et à celui de Reims. Également portraitiste et dessinateur de talent. Le musée de Strasbourg conserve de lui La Baigneuse. Chevalier de la Légion d’honneur (1870).

Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 741-743 ; Bauer-Carpentier, Répertoire des artistes d’Alsace des dix-neuvième et vingtième siècles, Peintres-sculpteurs-graveurs-dessinateurs, Strasbourg, p. 342-343.

† Georges Foessel (1999)