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SALLENT Jean-Pierre

Journaliste contestataire (★ Mont-Saint-Aignan, Seine-Maritime, 3.1.1939 † Sentheim 20.4.2001). Fils de Louis Léon Sallent et de Fernande Garnier. ∞ Marthe Angèle Reitzer; 3 filles. Divorcé. Il a adhéré au Parti socialiste unifié (PSU). Il milita auprès des comités d’entreprise pour la défense des consommateurs et contribua à leur union dans ACOR qui devint la chambre de consommation d’Alsace. Avec des militants syndicalistes, il lança, an mai 1972 le Klapperstei 68, que les contemporains comparèrent au Canard Enchaîné, à Charlie Hebdo. Le périodique publiait principalement les récits des lecteurs et le courrier de correspondants. L’équipe de rédaction se réunissait deux fois par semaine. Klapperstei 68 connut après quelques mois un succès dans les milieux militants : près de quatre mille exemplaires diffusés par abonnement et deux mille numéros vendus en kiosque selon les déclarations de Jean-Pierre Sallent. Le fonctionnement du journal était assuré par deux permanent dont lui-même au poste de directeur de la publication. Le journal fut poursuivi 42 fois en sept ans par la Justice pour injures, diffamation et autres chefs d’inculpation. Michel Debré, ministre de la Défense, porta plainte en 1973 pour provocation de militaires à la désobéissance et à la désertion, injures publiques envers l’armée. Michel Rocard apporta son soutien au K 68 lors du procès (mai 1973). Un article dénonçant le comportement d’un commissaire de police (et photomontage : chaussé de bottes de SS) provoqua un autre procès, en janvier 1974, intenté par Raymond Marcellin, ministre de l’Intérieur. Les sympathisants de K 68 organisèrent du 23 au 26 janvier un rassemblement de soutien avec la participation de militants politiques, d’artistes, d’intellectuels (J.-P. Chevènement ©, A. Krivine, A. Geismar, A. Jaubert, le Père Cardonnel…). Pour honorer les amendes et les dommages-intérêts, le périodique lança une campagne de souscriptions (paiement d’un passe-montagne à Raymond Marcellin). Après une nouvelle condamnation du directeur et de son journal, en juin 1973, l’Union nationale des syndicats de journalistes dénonça « les procès en chaîne à cette publication » et demanda « l’abandon de toute poursuite judiciaire pour délit d’opinion ». Vers 1975, des divergences éclatèrent au sein de l’équipe responsable et Jean-Pierre Sallent quitta la rédaction du K 68, qui cessa de paraître en novembre 1978, pour s’occuper à Paris de la Tribune socialiste, hebdomadaire du PSU. Il revint en Alsace, devint agent d’enquête et de conseil aux Assedic et s’engagea dans le syndicalisme. Il devint secrétaire national de la branche assurance-chômage de la CFDT. Il fut licencié des Assedic et après une longue période de chômage, le maire de Lutterbach lui proposa en 1995 un emploi solidarité, chargé d’accueillir les étrangers. Il rédigea l’Appariteur, journal de la commune. Il réédita le livre décrivant les quatre premières années difficiles du Klapperstei et créa un nouveau journal contestataire et satirique, le Tigre de papier. Ce mensuel fut « le plus petit journal de poche ». Il le rédigea pendant trois ans sur son ordinateur avant d’être emporté par un cancer.

J.-P. Sallent, Il est né 23 ans avant J.C. Klapperstei 68. Presse libre. La Mémoire du Peuple. Préface de H. Leclerc, président de la ligue des droits de l’homme et de R. Winterhalter, maire et conseiller régional, Colmar, 1995, 400 p., format 24×34 cm.
Dernières Nouvelles d’Alsace, 25.5. et 29.6. et 19.10. 1973, 19, 25 et 26.1. et 22.2. 1974 et 26.4.2001 et 3.11.1978 ; L’Alsace, 22 et 25.1.1974 ; Le Monde, 26 et 29.9.1973; Nouvel Observateur, 21.1.1974 ; News d’III. n° 55, janvier 2001.

† Jean-Pierre Kintz (2006)