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SALICETUS (WIDEMPÖSCH, WYDENBOSCH), Nicolaus

(★ Berne vers 1440 † après 1489). Salicetus était issu d’une famille honorable de Berne, ce qui lui valut le soutien constant du Magistrat et tout d’abord pour ses études qu’il put faire à l’aide d’une bourse, à Paris, où à partir de 1456 il étudia d’abord les arts libéraux, puis la médecine. En 1461, la nation anglo-germanique lui confia les fonctions de procureur. Il compléta sa formation médicale à Salins en Franche-Comté, en 1470, mais la même année il décida de se faire moine à l’abbaye cistercienne de Frienisberg, non loin de Berne. Les autorités bernoises voulurent lui assurer une belle carrière dans l’ordre et le recommandèrent pour l’abbatiat de Hauterive près de Fribourg, sans succès (1472), puis elles l’engagèrent comme médecin de la ville, en 1477, mais son état de religieux lui interdisait d’exercer cette profession. Il reprit des études et se fit immatriculer à Bâle en 1477-1478. L’autorisation d’exercer la médecine, demandée par Berne, fut accordée trop tard, en 1478 ; le poste était pourvu. On voulut faire de lui le supérieur de la maison bernoise des Antonins, en vain (1479). L’année suivante, Berne le nomma directeur de l’école latine, fondée selon des recommandations du théologien Heynlin, un camarade d’études de Salicetus. Cette fois encore, l’ordre cistercien l’empêcha d’accepter cette nomination. Il vivait exclaustré et semble avoir envisagé de quitter l’ordre. Convoqué par l’abbé général à Citeaux, il accepta de rester et fut envoyé en 1482 à Baumgarten, commune de Bernardvillé, une abbaye dont le dernier abbé, décédé récemment, avait aggravé la déconfiture financière. Muni d’une recommandation adressée par Berne à l’évêque de Strasbourg et au sire de Ribeaupierre ©, Salicetus vint en Alsace et devint abbé de Baumgarten. Il dut déployer une activité considérable pour tenter de récupérer les biens aliénés par son prédécesseur d’abord, ensuite pour préparer la publication des livres liturgiques de l’ordre, une entreprise voulue par l’abbé général afin d’unifier les célébrations dans un esprit de réforme. Le bréviaire sortit des presses à Bâle en 1484, le missel à Strasbourg en 1487, en même temps sans doute qu’un diaire. En 1489 parut l’Antidotarius animæ, un recueil de prières et de méditations qui compta parmi les plus célèbres de la fin du Moyen Âge. Il fut édité plus de trente fois, à Paris comme à Venise, à Anvers comme à Nuremberg. Il est vrai que ces travaux étaient coûteux et qu’à deux reprises au moins Salicetus dut contracter de gros emprunts. Visiteur et réformateur des abbayes de l’Empire, de Pologne et de Scandinavie depuis 1487, on comprend que Salicetus ait demandé la permission de renoncer à l’abbatiat en 1488 ; elle lui fut accordée, mais il n’en fit pas tout de suite usage ; il était encore abbé de Baumgarten l’année suivante. On perd sa trace après cette date. Nous ne savons ni quand, ni où il mourut. En 1493, plusieurs moines quittèrent Baumgarten. Est-ce parce que Salicetus était décédé ? Craignaient-ils les révoltes du Bundschuh, dont les premiers conspirateurs s’étaient réunis au sommet de l’Ungersberg, tout près de l’abbaye ? Ce qui est sûr, c’est que le déclin de l’abbaye s’accéléra.

Les curiosités de Salicetus étaient multiples. Il s’intéressait à l’astronomie, mais il est possible qu’il ait publié, à Bâle, en 1477, après la mort de Charles le Téméraire, une chronique des guerres de Bourgogne.

Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 636-637 ; L. Pfleger, « Abt Salicetus von Baumgarten, ein gelehrter Cisterzienser des 15. Jhts », Archiv für elsässische Kirchengeschichte, 1934, p. 107-122 ; G. Himmelsbach, Die Renaissance des Krieges, thèse dactylo, de Wurtzbourg, 1997, p. 248-252.

† Francis Rapp (1998)