Universitaire, géophysicien, (Pr) (★ Paris 13.10.1873 † Lezoux, Puy-de-Dôme, 29.8.1942). Fils de Charles Jacques Rothé (Bitche 1829 † ?), militaire de carrière, et de Sophie Wilhelmine Schmitt (★ Strasbourg 2.11.1833, † ?). ? Marguerite Tilly, fille d’Émile Tilly, graveur sur bois ; 3 enfants dont Jean-Pierre ©. Élevé dans le milieu des Alsaciens optants établis à Paris, il savait l’allemand et parlait le dialecte alsacien. Il passait ses vacances en Alsace, chez son oncle, le pasteur Charles Schmidt ©. Études secondaires au lycée Henri IV. Études supérieures de mathématiques et de physique à la Sorbonne. Agrégation de sciences physiques (1899). Il enseigna aux facultés des Sciences de Grenoble (1903-1905), puis de Nancy, où il devint professeur titulaire de physique générale (1910). Il s’y spécialisa dans l’étude de l’atmosphère et dans celle des tremblements de terre. Mobilisé de 1914 à 1919, il travailla à Nancy au perfectionnement des transmissions radio-télégraphiques, termina la guerre comme sous-lieutenant du génie, chef du service aéronautique de la direction des inventions du ministère de l’Armement. En janvier 1919, à sa demande, il fut envoyé en mission à l’Université de Strasbourg, où la géophysique était à l’honneur avant 1918 avec Gerland © et Hecker. Il fut nommé professeur de physique du globe à la faculté des Sciences de Strasbourg le 1er octobre 1919 et fut chargé de la direction du Service météorologique d’Alsace et de Lorraine et du Service séismologique, tout en exerçant les fonctions de séquestre du Bureau international de séismologie. Directeur du nouvel Institut de physique du globe dont il avait proposé la création, et qui regroupait séismologie et météorologie (1921), il créa le Bureau central séismologique français (1921). Avec deux maîtres de conférence, Henri Labrouste et Georges Rempp, il créa un enseignement de météorologie et de physique du globe qui n’avait alors son équivalent dans aucune autre université française. En 1922, le siège de la section de séismologie de l’Union géodésique et géophysique internationale fut fixé à Strasbourg et Rothé en fut nommé directeur, puis secrétaire général. Il fut le doyen très autoritaire de la faculté des Sciences (1929-1935). En 1935, utilisant un legs de la marquise Arconati-Visconti, obtenu grâce à l’intervention de Poincaré ©, il fit construire à la Welschbruch près du Hohwald une station de géophysique éloignée de toutes les perturbations industrielles. Il avait été en 1919, l’un des fondateurs de la section de Strasbourg de la Ligue des droits de l’Homme et du Cercle Jean Macé de la Ligue de l’enseignement, qu’il présida jusqu’en 1929. Sans appartenir à un parti politique, il fut président de la section de Strasbourg du Comité des intellectuels antifascistes créée au début de 1936. Il s’attira beaucoup d’hostilité à l’Université et en dehors d’elle en devenant président du Comité départemental du Rassemblement (Front) populaire du Bas-Rhin, qui organisa notamment une grande manifestation le 14 juin 1936 pour célébrer l’arrivée au pouvoir du gouvernement de Léon Blum. Replié à Clermont-Ferrand en 1939, il fut contraint en mai 1941 par le gouvernement de Vichy de remettre le matériel de son Institut au représentant allemand Herbert Kraft © auquel il déclara : « Surtout prenez bien soin de tout ce matériel, car j’entends le retrouver en bon état lorsque je rentrerai à Strasbourg ». Atteint par la limite d’âge, il fut mis à la retraite le 24 juin 1941 avec effet immédiat dans des conditions peu élégantes : le secrétaire d’État à l’Éducation nationale, J. Carcopino, lui interdit en effet de faire passer les examens à ses derniers étudiants et lui refusa le titre de professeur honoraire. Rothé payait ainsi ses engagements politiques passés. L’honorariat lui fut attribué à titre posthume après la Libération. Légion d’honneur : chevalier à titre militaire (1918), officier (1929). Correspondant de l’Académie des sciences (1938).
Liste chronologique des publications d’Edmond Rothé, Annales de l’Institut de Physique du Globe de Strasbourg, 1948, p. 80-88.
Archives départementales du Bas-Rhin, dossier Edmond Rothé ; L’Alsace depuis son retour à la France, t. 1, Strasbourg, 1932, p. 493-494 ; Dernières Nouvelles de Strasbourg du 13.6.1936 ; Ch. Maurain, « Notice nécrologique sur Edmond Rothé », Académie des Sciences, séances du 12.10.1942, p. 289-291 ; G. Dubois, « La vie et l’œuvre d’Edmond Rothé, géo- physicien », extrait des Annales de l’Institut de Physique du Globe de Strasbourg, 1948, p. 71-79 ; G. Cerf, « Edmond Rothé, citoyen », ibid., p. 89-91 (ne figure que dans le tiré à part destiné aux amis d’Edmond Rothé) ; J. P. Rothé, « Fifty years of history of the International Association of Seismology (1901-1951) », Bulletin of the Seismological Society of America, t. 71, 1981, n° 3, p. 905-923 ; J. F. Craig, Scholarship and Nation Building. The Universities of Strasbourg and Alsatian Society 1870-1939, Chicago-Londres, 1984 ; Encyclopédie de l’Alsace, XI, 1985, p. 6530 ; travail en cours de Marielle Cremer (Hamburg) sur l’Association internationale de séismologie.
Léon Strauss (1998)