Diplomate et historien, (PI) (★ Strasbourg 24.3.1822 † Pallanza, Milanais, 28.1.1890). Fils de Jean-Georges Rothan, marchand de cuirs à Strasbourg et de Julienne Frédérique Schiess. Marié ; au moins 1 fille ; Marie, épouse du baron Pierre de Coubertin, rénovateur des Jeux Olympiques. Issu d’une vieille famille de tanneurs et de mégissiers de Wasselonne, il fit ses humanités à Strasbourg et étudia le droit à Paris. Alors qu’il préparait le doctorat, le marquis de La Valette, qui, nommé ministre de France à Hesse-Cassel en 1846, cherchait un collaborateur sachant l’allemand, obtint de Rothan de l’accompagner à Cassel en qualité d’attaché. Une fois entré dans la diplomatie, Rothan y fit carrière. Après avoir été pendant deux ans chargé d’affaires à Cassel, il fut nommé, en 1849, troisième secrétaire de légation auprès de la Diète de la Confédération germanique à Francfort-sur-le-Main, puis, en 1852, secrétaire de légation à Berlin. Entre 1861 et 1866, il fut premier secrétaire d’ambassade successivement à Bruxelles, Constantinople et Turin, avant de revenir en terre allemande. Consul général à Francfort en 1867, puis chargé d’affaires à Berlin au moment de la guerre de Crimée, il assista à l’entrevue de Napoléon III © et d’Alexandre II à Stuttgart, puis aux préliminaires de la guerre franco-allemande à Hambourg. Tout en exerçant ses fonctions de diplomate hanséatique, Rothan fut, de 1868 à 1870, conseiller général du Bas-Rhin pour le canton de Truchtersheim. C’est de son poste de consul général à Hambourg que, dès 1869, Rothan mit, quoique vainement, le gouvernement français en garde contre les visées hégémonistes, aux dépens d’une France vaincue par les armes, du chancelier Bismarck qu’il connaissait bien et dont il se méfiait depuis leur première rencontre en 1849. Le 4 septembre 1870, présent à Paris, il gagna les Tuileries et s’occupa personnellement de la sécurité de l’impératrice et de son départ. Il gagna alors la Suisse avec sa famille. En janvier 1871, Gambetta nomma Rothan consul général et ministre plénipotentiaire à Florence, alors capitale du royaume, pour dissuader l’Italie, profitant de la débâcle française, de s’emparer de la Tunisie. Rothan réussit dans cette mission, mais, après le traité de Francfort, renonçant à accepter le poste de directeur des affaires politiques que lui offrit Gambetta, il se retira de la vie politique et diplomatique pour se consacrer à une activité d’historien. Les origines de la Guerre de 1870 (1870) ; La politique française en 1866 (1879), L’affaire du Luxembourg (1883), La Prusse et son roi pendant la guerre de Crimée (1888), La France et sa politique extérieure en 1867, L’Allemagne et l’Italie en 1870-1871, L’Europe et l’avènement du Second Empire, La France et l’Italie en 1859, Napoléon III et le comte de Cavour, études pénétrantes des diverses missions qu’il avait remplies et des divers événements qu’il avait vécus et qui demeurent encore aujourd’hui parmi les plus précieux témoignages concernant le Second Empire et sa politique extérieure. Après le rattachement de l’Alsace à l’Allemagne en 1871, Rothan vécut sa retraite essentiellement à Paris, mais passa régulièrement l’été dans la propriété Kiener qu’il possédait à Luttenbach. En 1885, les autorités allemandes, probablement irritées par la mise en cause de l’Allemagne dans ses publications, interdirent à Rothan de retourner en Alsace. Elles consentirent toutefois, après sa mort, à ce que son corps fût inhumé au cimetière de Munster. Ordre prussien de l’Aigle Rouge en 1866 ; commandeur de la Légion d’honneur.
Archives familiales de l’auteur ; correspondance et entretiens de l’auteur avec M. André Rothan, d’Oberhaslach, et le docteur Armand Rothan, de Meudon ; La Prusse et son roi pendant la Guerre de Crimée (1888) ; L’Illustration du 8.2.1890, p. 116 et 128 ; L’Univers Illustré, n° 1820 du 8.2.1890, p. 86 ; Gustave Rothan, À travers l’Alsace et la Lorraine, Paris, 1890 ; L. Farges, « Gustave Rothan », Revue encyclopédique Larousse, 1891, p. 115-117 ; A. Schneegans, 1835-1898, Memoiren, Berlin, 1904 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 614 ; Straßburger Neueste Nachrichten, éd. Molsheim du 2.12.1931 ; J.-G. Dardel, Histoire et généalogie de la famille Hofer de Mulhouse, 1418-1935, Mulhouse, 1935, p. 245 ; Himly, Chronologie de la Basse Alsace, Strasbourg, 1972, p. 73 ; R. Werl, Wasselonne, histoire d’une ville d’Alsace des origines à nos jours, Saverne, 1991, p. 281-282.
† Georges Foessel et Rolf Werl (1998)