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ROHAN-SOUBISE François Armand Auguste de,

Prince-évêque de Strasbourg et cardinal, (C) (★ Paris 1.12.1717 † Saverne 27.6.1756).

Fils de Jules-François-Louis de Rohan-Soubise et d’Anne-Julie-Adelaïde de Melun-Épinay. Petit-neveu de Armand Gaston Maximilien de Rohan ©. Très tôt orphelin (1724), il fut ainsi que son frère Charles — futur maréchal des armées de Louis XV — l’objet des soins du cardinal de Rohan. Guidé par ce dernier, le jeune François-Armand entreprit une carrière ecclésiastique en tout comparable à celle de son grand-oncle. Celui que l’on appelait l’abbé de Ventadour s’illustra en Sorbonne par une thèse très remarquée (1738). Recteur de l’Université de Paris, l’année suivante, dans des conditions qui suscitèrent les protestations véhémentes des jansénistes, il fit révoquer l’appel de la faculté des Arts contre la bulle Unigenitus. Ainsi le jeune abbé se montrait-il fidèle aux choix clairement exprimés 30 ans plus tôt par son illustre protecteur. Supérieur-général de l’hospice des Quinze-Vingts destiné aux aveugles, membre de l’Académie française depuis 1741, il se distinguait par ses hautes qualités intellectuelles et morales. Richement pourvu d’abbayes (Murbach et Lure, Saint-Epvre, La Chaise-Dieu), il entra, bien entendu, au Grand-Chapitre de Strasbourg. Dès lors, son puissant parent songea à renouveler en sa faveur la mesure dont il avait lui-même bénéficié du temps de Guillaume-Egon de Furstenberg ©. Mais, cette fois, la voie était toute tracée et les difficultés aplanies. Le cardinal de Rohan obtint, sans peine, de Benoît XIV l’autorisation d’avoir un coadjuteur. Le Grand- Chapitre, maintenant soumis aux ordres de la cour de France et soucieux d’être agréable au roi, ne demanda qu’à suivre les instructions du ministre qui lui étaient transmises par l’intendant d’Alsace. Le 21 mai 1742 l’abbé de Ventadour fut choisi, à l’unanimité des capitulaires, comme coadjuteur de l’évêque de Strasbourg. Il fut sacré à la cathédrale sous le titre d’évêque de Ptolémaïde par le cardinal de Rohan assisté des évêques de Toul et Châlons. En 1745, le jeune prélat devint grand aumônier de France et, le 10 avril 1747, il fut fait cardinal. Tout naturellement, à la mort d’Armand-Gaston de Rohan, il prit possession de l’évêché de Strasbourg (20 juillet 1749). Bénéficiant du gros travail accompli par son prédécesseur pendant les dernières années de son épiscopat, utilisant un personnel formé à ses méthodes d’administration tant sur le plan spirituel que temporel, le cardinal de Soubise, comme on le nomma, semblait soucieux d’éviter le changement. Toutefois, le jeune prélat s’en remit plus facilement à ses subordonnés que son grand-oncle. L’indifférence ou l’incompétence n’en fut pas la cause; mais la maladie. Il mourut âgé de 39 ans seulement dans son château de Saverne. Il fut inhumé dans l’église collégiale et paroissiale de cette ville.

Table raisonnée et alphabétique des Nouvelles Ecclésiastiques depuis 1728 jusqu’en 1760 inclusivement, 2 vol., 1767, t. II, p. 768; Ph. A. Grandidier, Œuvres historiques inédites, Colmar, 1867, t. V, p. 26-30; R. Metz, La monarchie française et la provision des bénéfices ecclésiastiques en Alsace de la paix de Westphalie à la fin de l’Ancien Régime (1648-1789), Strasbourg-Paris, 1947; Al. Wollbrett, « Le cardinal François-Armand-Auguste prince de Rohan-Soubise (Paris 1717-Saverne 1756) », Cahier de la Société d’histoire et d’archéologie de Saverne et environs, 1-2, 1957, p. 8-13; L. Châtellier, Tradition chrétienne et renouveau catholique dans l’ancien diocèse de Strasbourg (1650-1770), Paris 1981, p. 350-352; E. Gatz (Hrsg.), Die Bischöfe des Heiligen Römischen Reiches 1648 bis 1803, Berlin, 1990, p. 396-397 (Louis Châtellier).

Louis Châtellier (1998)