Homme de lettres et collectionneur, (C) (★ Strasbourg 11.8.1834 † Strasbourg 16.9.1899). Fils de Marie Antoine Joseph Ristelhueber ©. Ristelhueber entreprit des études de lettres à Strasbourg et soutint en 1863 une thèse sur Faust dans l’histoire et la légende, mais se vit refuser la thèse latine. Il continua à Paris et s’adonna aux belles-lettres et à la recherche historique. Ayant débuté à 22 ans avec un volume de vers, il poursuivit des recherches sur la participation des Alsaciens aux guerres helvétiques du Moyen Âge, sur les étudiants à Bologne. Il publia en 1865 une utile réédition actualisée du Dictionnaire du Haut et du Bas-Rhin de Baquol (paru en 1849). Après 1870 Ristelhueber crut pouvoir incarner la résistance intellectuelle à l’Allemagne, ce qui excédait peut-être ses forces. Sous le titre innocent de Bibliographie alsacienne, Ristelhueber publia quatre livraisons de notes de lecture, de chroniques et de documents en s’étendant particulièrement sur les récits du siège de 1870 et sur l’actualité (p. ex. la déposition du maire de Strasbourg Lauth en 1873). L’administration allemande saisit un prétexte, à savoir la présentation d’un volume collectif paru à Paris sous le titre L’Offrande avec la participation de Victor Hugo et de Georges Sand, avec quelques envolées peu amènes pour l’Empire allemand (Bibliographie, 1874, p. 55 et s.), pour citer Ristelhueber au tribunal correctionnel de Strasbourg. Bien que son avocat eût fait valoir que L’Offrande circulait librement dans le Reichsland, Ristelhueber fut condamné le 17 janvier 1875 à quatre mois de forteresse, convertis sur sa propre demande en deux mois de prison ferme. Ayant effectivement purgé sa peine, Ristelhueber se livra désormais à des travaux moins risqués, en particulier une réédition de l’Hérodote de Henri Estienne paru en 1567. Ristelhueber légua à la Bibliothèque nationale de Paris ses collections, soit 24 manuscrits (surtout des pièces sur l’Alsace, mais aussi une vie de Rancé, des cours de littérature, etc.) et 16 000 imprimés dont plusieurs incunables strasbourgeois.
Liber vagatorum. Le livre des gueux, Strasbourg, s. éd., 1862 ; L’Alsace ancienne et moderne ou dictionnaire topographique, historique et statistique du Haut et Bas-Rhin, par Baquol, 3e éd., Strasbourg, 1865 ; Lettre sur les archives de la ville de Strasbourg, Strasbourg, 1866 ; Bibliographie alsacienne, vol. I : 1870, chronique de la guerre ; vol. Il : 1871, chronique de l’état de siège; vol. III : 1872, 4 séries contenant les réponses au conseil d’enquête des capitulations ; vol. IV : 1873, 5 séries (Histoire contemporaine, littérature, nécrologie, variétés curieuses), Strasbourg, 1871, 1872, 1873, 1874; L’Alsace à Morat : Étude historique publiée à l’occasion du 4e centenaire de la bataille de ce nom…, Paris, 1876 ; L’Alsace à Sempach : Étude historique publiée à l’occasion du 5e centenaire de la bataille de ce nom, Paris, 1886 ; Biographies alsaciennes par Antoine Meyer, Série II, …sous la direction de P. Ristelhuber; Brocomagus Brumath. La cité des Triboques, Paris, 1897 ; Contes alsaciens, extr. de La Tradition, tome V, Paris, Au bonheur de La Tradition, 189 ? ; Heidelberg et Strasbourg. Recherches biographiques et littéraires sur les étudiants alsaciens, immatriculés à l’université de Heidelberg de 1386 à 1662, Paris, 1888 ; 1870. Siège et bombardement de Strasbourg, album de 25 dessins par Touchemolin…, texte par P. Ristelhuber, Strasbourg, s.d. ; Strasbourg et Bologne. Recherches biographiques et littéraires sur les étudiants alsaciens immatriculés à l’Université de Bologne de 1289 à 1562, Paris, 1891 ; Rééd. de H. Estienne, Apologie pour Hérodote, 1879 ; Deux dialogues du nouveau langage français italianisé, 1886 (prix de l’Académie française).
Bibliothèque nationale, Ms NAF 10111-10123 et 20033-20045 ; Imprimés n° 932 du registre des entrées ; Archives municipales de Strasbourg, Fonds Hoffmann ; A. Meyer, Biographies alsaciennes, Colmar, 1888, t. I, p. 152 (portrait) ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 585 ; G. Livet, L’Université de Strasbourg de la Révolution française à 1870, Strasbourg, 1997, p. 225.
Robyn Fréchet et Jean-Yves Mariotte (1998)
