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RITLENG

La famille Rüthling, Riedling, Rittling puis Ritleng au XIXe siècle, probablement d’origine suisse est établie à Rumersheim (Bas-Rhin) dès la seconde moitié du XVIIe siècle. Cette famille de laboureurs et échevins acquit la notabilité à partir d’Antoine Rittling (★ 1729 † 1790), laboureur et échevin de Rumersheim, prévôt de Rumersheim, Bilwisheim et Mittelschaeffolsheim de 1775 à 1790. ? I 1753 Brigitte Weckel († 1766) de Bilwisheim. ? II 1767 Anne Velten (★ 1748 † 1816), fille du prévôt de Griesheim-sur-Souffel.

1. Georges,

Vicaire général, (C) (★ Rumersheim 11.3.1764 † Strasbourg 13.6.1834). Fils d’Antoine Ritleng, prévôt, et de Brigitte Weckel, Ordonné prêtre en 1789. Nommé vicaire à Wingersheim qu’il ne quitta que durant la Terreur. Administrateur de Schnersheim en 1792, il fut déclaré émigré et ses biens furent confisqués. Déguisé en paysan il resta sur place, assura le service religieux en cachette et administra les sacrements dans différents villages du Kochersberg. Il adhéra au Concordat en 1802 comme curé de Wasselonne. Il fut ensuite curé de Schnersheim (1802-1809), de Marmoutier (1809-1811). En 1811 il fut nommé chanoine titulaire et secrétaire général de l’évêché par Mgr Saurine ©. Il continua à officier après le décès de ce dernier, puis fut nommé promoteur de l’évêché en 1827 et vicaire général en 1829. Sa sœur Brigitte Ritleng (★ 1761 † 1831), religieuse de la Congrégation de Notre-Dame du bienheureux Pierre Fourier dès 1788, obtint en 1793 de ne pas figurer sur la liste des émigrés et après la Révolution devint gouvernante de son frère.
Archives de l’évêché ; A. Wurry, Geschichte des Dorfes Rumersheim, 1910 ; L. Kammerer, Répertoire du clergé d’Alsace…, Strasbourg, 1983-1985 (2 vol.).

2. Georges,

Notable, conseiller d’arrondissement, (C) (★ Neuweyer, Bade, 20.12.1793 † Rumersheim 24.5.1882). Fils d’Antoine Ritleng, cultivateur et maire de Rumersheim, et de Barbe Klein. Neveu de Georges Ritleng ©. ∞ 18.11.1816 à Rumersheim Marie-Anne Kieffer (★ 1797 † 1872) de Rumersheim. Cultivateur, instruit auprès de son oncle, alors curé de Schnersheim. Il fut maire de Rumersheim à l’âge de 23 ans et le resta durant 60 ans. Membre du conseil d’arrondissement de Strasbourg (1823, 1842). De par ses relations familiales, il fut un personnage très influent dans le Kochersberg, très lié aux préfets et hommes politiques qu’il recevait régulièrement chez lui. Véritable potentat local, il influa sur la nomination des maires et des curés du Kochersberg. Une de ses filles, Joséphine (★ 1830 † 1887) ouvrit le bal avec l’empereur Napoléon III lors de sa première venue à Strasbourg et s’en fit offrir une bague en or. Elle épousa en 1855 Joseph Dufaure de La Prade, avocat de Neuf-Brisach, puis juge de paix et en secondes noces, G. Kaufmann, juge de paix à Strasbourg, d’origine allemande, mariage, qui la fit renier par son père. Chevalier de la Légion d’honneur (1867).
A. Wurry, Geschichte des Dorfes Rumersheim, Strasbourg, 1910 ; J.-M. Quelqueger, « Notables et Légion d’honneur sous la Monarchie de juillet et le Second Empire », Revue Kocherschbari, n° 6, 1982, p. 43-49 ; idem, « Prévôts, agents municipaux et maires de Rumersheim », Revue Kocherschbari, n° 25, 1992, p. 36-47.

3. Alfred,

Notaire, amateur d’art (★ Strasbourg 16.4.1828 † Strasbourg 18.1.1905). Fils d’Antoine Ritleng, notaire à Strasbourg, et de Catherine Momy († 1834). Neveu de Georges Ritleng © 1, petit-neveu de Georges Ritleng © 2. ∞ 10.5.1854 à Strasbourg Emma Gibert (★ Strasbourg 14.1.1835 † Strasbourg 13.6.1918), fille d’Hippolyte Jean Louis Gibert, chef d’escadron, et d’Élisabeth de Villaucourt. Après des études de droit, il ouvrit une étude de notaire à Strasbourg (1858-1905). Trésorier de la chambre des notaires de l’arrondissement de Strasbourg, puis syndic, puis président à plusieurs reprises. Grand amateur, connaisseur et collectionneur d’art, son étude notariale était devenue un musée embelli de tentures, de bibelots, d’estampes et de peintures rares. Sa collection d’étains fut une des plus grandes d’Europe, vendue aux enchères en 1908. Président à plusieurs reprises de la Société des amis des arts. Il a été l’organisateur en 1889 de l’exposition de tableaux anciens à l’Aubette, en 1893 de l’Exposition alsacienne rétrospective de la maison Kammerzell ; en 1894 de l’Exposition des artistes strasbourgeois, en 1895 de l’Exposition alsacienne lorraine à l’Orangerie ; en 1903 de l’Exposition d’armes et d’uniformes ; en 1904 de l’Exposition de bijoux. En 1904 encore il organisa une représentation du Pfingstmontag d’Arnold © et dirigea, à l’Exposition universelle de 1900, la reconstitution de la maison Kammerzell. En 1902 il collabora à la formation de la Société du Musée alsacien qui le nomma son président. Chevalier de la Légion d’honneur. Son frère Émile Ritleng (★ Strasbourg 1833 † 1916), notaire à Strasbourg de 1868 à 1916, ? 1875 Marie Alexandrine élisabeth Broutta (★ 1849 † 1894), fille du colonel Broutta, mort à Solférino, et de Camille Lebel, fille du baron J-B. Lebel et de Thérèse Augustine de Berquen. Son fils André (★ Strasbourg 1859 † Chartres 1919), colonel, commanda une brigade pendant trois ans pendant la guerre de 1914-1918.
Service historique de l’armée de terre, Vincennes ; Revue alsacienne illustrée, 1905 (photographie) ; R. Forrer, Les antiquités, les tableaux et les objets d’art de la collection Alfred Ritleng à Strasbourg, Strasbourg, 1906 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 587 ; Dernières Nouvelles d’Alsace du 5.10.1982 ; Encyclopédie de l’Alsace, XI, p. 6463 ; F. Lotz, Le notariat alsacien de 1800 à nos jours, Kaysersberg, 1989, p. 156 ; Fr. Igersheim, Politique et administration dans le Bas-Rhin, 1993, p. 51, 260.

Jean-Marie Quelqueger (1998)

4. Georges,

Artiste peintre et graveur, directeur de l’École des Arts décoratifs de Strasbourg, (C) (★ Strasbourg 6.12.1875 † mont Sainte-Odile, Ottrott, 5.5.1972). Fils d’Antoine Ritleng, épicier en gros, et d’Anne Marie Salomé Sitter. Arrière-petit-neveu de Georges Ritleng © 1. Célibataire. Affirmant des dis- positions précoces pour le dessin, Ritleng reçut une initiation artistique dès le temps de ses études secondaires au collège Saint-Étienne avec la fréquentation des cours municipaux, alors dispensés de 20 à 22 heures dans un local du ci-devant Musée historique. Admis à l’École des Arts décoratifs dès l’ouverture en octobre 1892, il se distingua d’emblée par un 1er prix au concours de composition. À la recherche d’une application pratique de l’enseignement reçu, il s’engagea en 1897 dans un atelier de dessin pour l’industrie textile à Mulhouse, puis à Paris (1899-1900 élève de Gabriel Turner). De retour à Strasbourg, son propre atelier devint un lieu de ralliement de la jeunesse intellectuelle et artistique. À la faveur de ces réunions, Émile Schneider prit l’initiative de fonder la Société des artistes alsaciens, dite de Saint-Nicolas, dont Ritleng fut le secrétaire général durant 35 ans. De cette époque datent aussi les leçons à Hans Arp ©. Accueilli à la Galerie de la rue de la Nuée-Bleue par le docteur Pierre Bucher ©, Ritleng bénéficia de son appui et de ceux du peintre Schutzenberger © et de l’abbé Wetterlé © pour l’obtention d’une bourse d’études supérieures à l’Académie royale des Beaux-Arts de Munich ; il fut l’élève du graveur Peter von Halm et du peintre Wilhelm von Dietz durant quatre années (1904-1908). Cette bourse permit une année d’études à Paris, passée à l’Académie Julian. Puis vinrent l’établissement à Thann et l’ouverture de cours privés de dessin. Un périple audacieux le conduisit en Suisse, au début de la guerre, où il séjourna jusqu’à son retour en Alsace au printemps 1917 pour assurer les fonctions d’inspecteur de l’enseignement du dessin dans les écoles françaises des territoires occupés. Installé en qualité de professeur de la section graphique en 1919, l’ancien élève put donner toute la mesure à l’art de l’estampe à l’École des Arts décoratifs de Strasbourg. Il en fut promu directeur le 4 octobre 1933, succédant à Rupert Carabin ©. En septembre 1939, il trouva asile à Périgueux jusqu’en mai 1945. De retour en Alsace, l’artiste se fixa avec la famille de son fils adoptif à Ribeauvillé auprès de ses amis Schlumberger. Une dernière étape les conduisit à Meulan en Ile-de-France. Il fut inhumé au mont Sainte-Odile, qu’il avait tant magnifié dans son œuvre. Il œuvra à la conférence de Saint-Vincent-de-Paul et fut commissaire de District honoraire des Scouts de France. Chevalier de la Légion d’honneur; officier de l’Instruction publique; chevalier de Saint-Grégoire-le-Grand. Son frère, Joseph Paul (★ Strasbourg 2.12.1873 † Strasbourg 15.7.1970) fut ordonné prêtre en 1900. Curé de Dambach en 1917, il fut chanoine prébendé de la cathédrale (1953). Chevalier de l’ordre national du Mérite (1964).
Maîtrisant toutes les techniques graphiques et picturales, Ritleng a laissé une production artistique originale d’une ampleur considérable qui lui valut un Grand Prix de « l’Alliance française ». Illustrateur du recueil des Maïatzle (Strasbourg, 1903) des frères Matthis ©, des Miracles de Saint Thiébaud de H. Poulet (Paris, 1919), de Sainte Odile d’Alsace de G. Staub-Grandmougin (Paris, 1934), il avait réalisé avec H. K. Abel plusieurs plaquettes (Taennchel, Riquewihr, Spitzkoepfle entre 1901 et 1905) et composa une soixantaine d’ex-libris ; au soir de sa vie, il réunit ses souvenirs à l’intention de ses amis dans les albums : Étapes sur le chemin de ma vie, 1875-1955 (Strasbourg, 1955), Bouquet d’automne pour mes amis grands et petits, 1875-1960 (ibidem, 1960) ; Souvenirs de jeunesse d’un vieux Strasbourgeois, 1875-1905 (ibidem, 1964) ; Évocation et souvenances d’un Strasbourgeois, 1970 (ibidem) (ces textes ont été publiés partiellement en un recueil, Ritleng, Souvenirs d’un vieux Strasbourgeois, Strasbourg, coll. L’alsatique de poche, n° 1, 1973). On lui doit également un article sur la Robertsau, « Souvenirs de jeunesse », Saisons d’Alsace, n° 26, 1968, p. 257-272.
Archives municipales de Strasbourg, Instruction publique, Beaux-Arts, n° 275, séance de la
commission de surveillance de l’École des Arts décoratifs, Me 30.12.1929; Die Vogesen 15.6.1908 ; Journal d’Alsace-Lorraine du 15.12.1922 ; Dernières Nouvelles des 21 et 30.11.1928, 13.1.1930 ; Magazine Ringier du 31.12.1955 ; A. Andrès, Les graveurs contemporains en Alsace, Colmar-Paris, 1948, p. 87-92 ; Th. Vetter, « Les ex-libris de Georges Ritleng », L’ex-libris français, 19, 51, 1958, p. 629-633, fig. ; idem, « Hommage à Georges Ritleng », Saisons d’Alsace, nouv. série, n° 18, 1966, p. 191-214, fig. (portrait) ; idem, « Jean Arp et Georges Ritleng ou la permanence de l’amitié », ibidem, n° 22, 1967, p. 213-220.

Théodore Vetter (1998)