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RIPPEL Grégoire-Antoine

Curé de campagne, controversiste et liturgiste, (C) (★ Sélestat 10.6.1681 † Fessenheim-le-Bas 6.1.1729).

Fils d’Antoine Rippel sellier, et d’Anne-Marie Wehrlé. Rippel fut formé par les Jésuites de Sélestat, puis par ceux de l’Académie de Molsheim. Il se destina d’abord à la Compagnie de Jésus et accomplit son scolasticat à Molsheim, 1714. Il est possible que l’entraînement à la pastorale des campagnes inclus dans le cursus de leurs étudiants ait convaincu Rippel, que sa vocation était de rester auprès des paysans d’Alsace. Sa carrière, dès l’origine, révèle un choix précis. En effet, il fut d’abord nommé à Wangen, qui était une « cure royale » dont le desservant était payé par le Trésor royal et dont l’église, partiellement restituée au culte catholique entre 1683 et 1687, était soumise au « simultaneum ». En 1719, il obtint la cure de Fessenheim-le-Bas, dans le Kochersberg, où il resta jusqu’à sa mort. À la différence de ses prédécesseurs du temps de la capitulation de Strasbourg, il était alsacien et connaissait parfaitement ses compatriotes luthériens et particulièrement ceux qui vivaient à la campagne.
C’était donc, comme il l’écrivait lui-même, aux « gens simples » qu’il s’adressait dans son Lutheranus inexcusabilis (Strasbourg, 1720) dont le titre seul est en latin. Il écrivit un autre ouvrage qui fut complété, après sa mort, par son vicaire, Michel Wohlrab : Alterthumb, Ursprung und Bedeutung aller Ceremonien Gebrauchen und Gewohnheiten der H. Kathollschen Kirchen, Strasbourg, 1723. En dépit du titre, l’auteur n’entreprenait pas une étude historique approfondie de la liturgie. Dans le prolongement du livre précédent, celui-ci était destiné à apporter des réponses aux protestants qui rejetaient les cérémonies catholiques considérées comme des restes de pratiques païennes. L’historien, de nos jours, y trouve surtout une information de qualité sur ce qu’était la piété baroque. On saisit mieux le pasteur dans son recueil de sermons — qui pouvait être aussi utilisé comme une suite de méditations — et intitulé : Mysteria lesu Christi Domini nostri Cathedrae Sacrae dicata, sive Conceptus de festis et Mysteriis vitae Redemptoris et Salvatoris Mundi, Augsbourg, 1731. Sans être un esprit profond ni un prêtre d’exception, Rippel représente fort bien une époque de l’histoire de l’Église d’Alsace : celle qui s’étend de la Contre-Réforme aux Lumières.
Archives de la Société de Jésus, Rome, Rhen. Sup. 17, f 303-306 ; Archives départementales du Bas-Rhin, G 1423, p. 279, G 6325, f 59-60, G 6326, f 13-17, G 6327, f 184-186 ; Archives municipales Sélestat, registres paroissiaux, Baptêmes 1681 ; M. Barth, « Der geistliche Schriftsteller Gregorius Rippel », Archiv für elsässische Kirchengeschichte, 1932, p. 239-268 ; Al. Dorlan, « Casier descriptif et historique des rues et maisons de Sélestat », Annuaire de la Société des Amis de la Bibliothèque de Sélestat, 1952, p. 48-49 ; L. Châtellier, Tradition chrétienne et renouveau catholique dans l’ancien diocèse de Strasbourg (1650-1770), Paris-Strasbourg, 1981, p. 23, 25, 27, 351-352, 388-389.

Louis Châtellier (1998)