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RICHWIN (RICHWINUS)

Evêque de Strasbourg, (C) (issu de l’aristocratie lorraine, évêque nommé en 913, après le 12.11.912, évêque reconnu en mai 918, † Strasbourg 30.8.933). L’épiscopat de Richwin se situe à l’époque trouble où l’administration de l’empire de Charlemagne se disloqua. Richwin succéda à Gozfrid(us), un Lorrain de haute naissance qui mourut après quelques mois d’épiscopat (913). Lettré, « brillant encore plus par ses vertus, le nouvel évêque se montra intrépide durant sa jeunesse et spirituel durant sa vieillesse », dira de lui son successeur Erchenbald (965-991) ©. De courage, Richwin en avait fort besoin. Il jouissait de l’appui du roi de France, Charles III. Il entretenait également de bonnes relations avec la noblesse locale, en particulier avec les derniers descendants des Etichonides. Fort de l’appui de Charles III, Richwin put se permettre de ne pas comparaître le 20 septembre 916 devant le synode de Hohenaltheim (au sud de Nördlingen). Le protégé du roi de France s’y fit traiter d’usurpateur par l’épiscopat de Franconie, de Souabe et de Bavière, qui lui était dévoué. Au fur et à mesure que l’influence romane diminuait en Alsace, l’évêque Richwin dut se soumettre aux nouveaux maîtres germaniques : il s’intégra sagement à l’épiscopat allemand et fit docilement amende honorable à l’empereur Henri Ier (916-936), le chef de file des souverains saxons. En échange, Richwin fut reconnu pleinement comme évêque de Strasbourg en mai 918. En tant que tel, il assista au synode de Coblence en 922, à la diète de Worms en 926 et encore au synode d’Erfurt en 932. Durant l’épiscopat de Richwin, l’évêché de Strasbourg bascula, pour plus de sept siècles, de la dépendance du royaume franc à la sujétion de l’empire de Germanie. À l’intérieur de son diocèse, l’évêque Richwin appuya son action pastorale de manière privilégiée sur les « frères » de Saint-Thomas à Strasbourg. Il leur fit de larges libéralités en Basse Alsace (Altbronn, Ergersheim, Goxwiller, Illkirch, Molsheim, Mutzig, Ober- et Niederhausbergen, Pfulgriesheim, Uttenheim), en Haute Alsace (Carspach, Morschwiller-le-Bas, Sundhoffen), ainsi que dans l’Ortenau badoise (Hugsweier et Kippenheim près de Lahr, Kork et Hausgereuth près de Kehl, Langiseswiller, non identifié). En politique intérieure, comme en politique extérieure, l’action de l’évêque Richwin se déploya à cheval sur les deux bords du Rhin.

Urkundenbuch der Stadt Strassburg, t. 1, 1879, n° 52, p. 43-45 ; t. 4, 1ère partie, n° 31, § 7, p. 35 ; « Das Melker Seelbuch der Strassburger Kirche, hrsg v. W. Wiegand », Zeitschrift für die Geschichte des Oberrheins, 42, NF 3, 1888, p. 195, au 30 août ; Actes du synode de Hohenaltheim de 916 : Monumenta Germaniae Historica, LL Sect. IV, Constitutiones, t. 1, 1893, n° 433, p. 625, § 29 ; de Coblence de 922 : Ibidem, n° 434, p. 629 : d’Erfurt de 932 : Ibidem, n° 2-4, p. 3 ; Regesten der Bischöfe von Strassburg, Innsbruck, 1908, t. 1, 1908, n° 121-132 ; Erchenbald, Liste (versifiée) des évêques de Strasbourg, Monumenta Germaniae Historica, Poetae latini medii aevi, Die Ottonenzeit, t. 5, 2e partie, 1939, n° 38, p. 512.

Ph.-A. Grandidier, Histoire de l’Église de Strasbourg, t. 2, 1778, p. 288-309 ; Ch. Schmidt, Histoire du chapitre de Saint-Thomas de Strasbourg pendant le Moyen Âge, Strasbourg, 1860, p. 9-10, 207, 286; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 570 ; Histoire de Strasbourg des origines à nos jours, sous la dir. de G. Livet et F. Rapp, Strasbourg, t. 2, livre 1, 1981, p. 14 ; H. Wolter, Die Synoden im Reichsgebiet und in Reichsitalien von 916 bis 1056, Paderborn, Munich, 1988 (Konziliengeschichte : Reihe A, Darstellungen), 11-20, 25-28, 30-34 ; H. Büttner, Geschichte des Elsass, 1ère éd., Berlin, 1939, p. 171-175, 2e éd. Sigmaringen, 1991, p. 148-152.

René Bornert (1998)