Cardinal, principal ministre de Louis XIII, admis au Conseil en 1624. La lutte contre les Habsbourg représente une part essentielle de son œuvre. Dès 1629, il soumit à Louis XIII un mémoire sur la nécessité d’« arrêter le cours des progrès d’Espagne » et donc de couper la liaison entre la Franche-Comté et les Pays-Bas : « il faut penser à se fortifier à Metz et s’avancer jusqu’à Strasbourg s’il est possible pour s’acquérir une entrée en Allemagne, ce qu’il faut faire avec beaucoup de temps, grande discrétion et une douce et couverte conduite ». Après la mission de Josias Glaser © à la cour de France en 1631, Richelieu assura la Ville de Strasbourg qu’il contribuerait à entretenir « la bonne volonté (du roi) qu’il a pour vous ». Après la défaite des Suédois à Nördlingen en 1634, les places occupées par eux en Alsace passèrent à la France. Richelieu favorisa alors la politique de la « protection royale ». Colmar signa dès lors le traité de Rueil le 1er août 1635. Ammerschwihr, Munster au Val Saint-Grégoire, Turckheim et Kaysersberg y souscrivirent en février 1636. À la demande de l’évêque de Bâle, Richelieu étendit, la même année, la protection royale au diocèse qui s’étendait alors sur la Haute-Alsace. Après la prise de Brisach en 1638, il lutta contre l’attraction politique et religieuse qu’exerça sur les villes protestantes l’administration créée par le duc Bernard de Saxe-Weimar. Dès 1634, le roi et son ministre avaient pourvu les armées en Alsace « d’intendants aux armées ». La présence française garantissait « la conservation de la Lorraine et les frontières de la France » écrivit Richelieu en 1635. Il abandonna en Alsace la politique d’unification religieuse des archiducs qui, plus tard, fut néanmoins reprise par Louis XIV ©.
R. Reuss, L’Alsace au XVIIe siècle, 2 t., 1897-1898 (voir index) ; G. Livet, L’intendance d’Alsace (1648-1715), 1956, réed. 1991 (voir index) ; H. Weber, « Richelieu et le Rhin », Revue historique, t. 239, 1968, p. 265-280 ; L’Alsace du passé au présent, Le XVIIe siècle, textes et témoignages recueillis par la Société des professeurs d’histoire et de géographie, Régionale de Strasbourg, Bulletin n° 5, 1966 ; Ph. Dollinger (dir.), Documents de l’histoire de l’Alsace, Toulouse, 1972 ; Livet-Rapp, t. 3, 1981 ; G. Livet (dir.), Histoire de Colmar, Toulouse, 1983, p. 106-107.
Portrait par Philippe de Champaigne acquis par les Musées de Strasbourg en 1987.
† Jean-Pierre Kintz (1998)
