Vicaire général, official et évêque suffragant du diocèse de Strasbourg, (C) (★ Bad Benthein, Rhénanie-Westphalie, vers 1666/1670 † Strasbourg 12.5.1756). Attaché tout jeune aux Quentel de Cologne, lesquels avaient embrassé la cause du cardinal Guillaume-Egon de Fürstenberg, Riccius arriva à Strasbourg dès 1689 où il est mentionné dans les matricules de l’université. Juriste et théologien, parfaitement bilingue, Riccius occupa divers postes à la curie épiscopale à partir de 1694. Dès 1705, comme assesseur à l’officialité, et surtout après 1714, comme remplaçant du vicaire général, il devint l’homme de confiance de l’évêque de Strasbourg. Sa promotion comme vicaire général et official le 17 février 1739 suivie de son élévation à l’épiscopat au titre d’Uranopole (ep. Uranopolitanus) le 11 octobre 1739 ne fit que confirmer une situation acquise depuis longtemps. Avec Riccius ce fut, au temps des Rohan, un ancien fidèle des Fürstenberg issu de cette région du Rhin inférieur d’où bien des administrateurs du diocèse de Strasbourg étaient autrefois venus, qui se trouva placé aux plus hautes fonctions. Mais surtout, il disposait d’une compétence que bien peu de vicaires généraux de l’Ancien Régime ont eue en prenant leur charge. En 1739, Riccius s’occupait de l’administration diocésaine depuis plus de 45 ans. Entre le cardinal Armand-Gaston de Rohan et lui s’instaura, par le moyen d’une correspondance presque journalière, une manière nouvelle d’administrer le diocèse. Tous les problèmes étaient abordés (nomination de curés, création de paroisses, conduite à adopter à l’égard des réguliers, rapports avec les protestants…) et recevaient une solution qui, dans la plupart des cas, était destinée à faire jurisprudence. Riccius fut aussi consulté lors de la préparation du rituel de 1742 et des principaux mandements. Toutefois, son âge (il avait plus de 73 ans lors de sa nomination) l’obligea à se décharger sur les archiprêtres du soin de la visite pastorale. Il est possible aussi que sa longue carrière dans les bureaux de l’évêché ne l’ait pas prédisposé à s’enquérir, sur le terrain, des besoins des curés et des fidèles. Par ailleurs, il semble qu’après la mort du cardinal Armand-Gaston de Rohan, l’efficacité de cette administration se soit relâchée. Il reste que Riccius fut, avec François Blouet de Camilly ©, largement responsable du renouveau de l’Église de Strasbourg au XVIIIe siècle.
J. Geny, « Johannes Franciscus Riccius Titularbischof von Uranopolis und Weihbischof von Strassburg. Eine Autobiographie », Strassburger Diözesanblatt, t. 7, 1888, p. 159, 185, 215; R.-P. Levresse, « Les suffragants de Strasbourg », Archives de l’Église d’Alsace, t. XXXVII, 1974, p. 18; L. Châtellier, Le diocèse de Strasbourg de la fin de la guerre de Trente ans aux Lumières, microfiches, Atelier national de reproduction de thèses, Lille 3, 1983, p. 670-689; Répertoire des visites pastorales de la France. Première série. Anciens diocèses (jusqu’en 1790), t. IV, Paris, 1985, p. 397.
Louis Châtellier (1998)