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REUSSNER

Famille (Pl) d’origine saxonne qui, après un séjour prolongé dans les Siebenburgen (Hongrie, maintenant Roumanie) s’établit fin du XVe siècle à Löwenberg, Silésie, aujourd’hui Lwonen-Siaaki, Pologne, et dont deux branches s’illustrèrent à Strasbourg.

  1. Nicolaus,

(★ Lemberg, Silésie, 2.2.1545 † Iéna, Saxe, 12.4.1602). Fils de Franz Reussner et de Barbara Fritschner. ∞ 19.11.1571 à Lauingen, Bavière, Magdalena Weihenmeyer; sans enfant. Études de droit à Wittenberg et Leipzig. Professeur au gymnase d’Augsbourg, puis de lettres classiques à Lauingen, Bavière (recteur du collège en 1572). Docteur en droit de l’Université de Bâle en 1583, il accepta une chaire de droit à l’Académie de Strasbourg, où il publia plusieurs ouvrages; recteur de ladite Académie et chanoine de Saint-Thomas. En 1588, il fut nommé à l’Université d’Iéna. Rodolphe II le fit comte palatin d’empire et poète couronné en 1594. Il remplit ensuite plusieurs missions diplomatiques à la Diète de Spire et en Pologne. N. Reussner est surtout connu comme biographe des humanistes, savants et réformateurs de son siècle.

Januarius sive fastorum sacrorum et historicum liber secundus, Strasbourg, 1586; Icones sive imagines virorum litteris illustrium, Strasbourg, 1587, ouvrage avec portraits par Tobias Stimmer ©, plusieurs fois réimprimé; Aureolorum emblematum liber singularis, illustré par le même.

J. Chr. Kundmann, Silesii in nummis oder berühmte Schlesier in Münzen…, Breslau-Leipzig, 1738, tabl. généal. XX; O. Berger-Levrault, Catalogus protessorum…, Nancy, 1891, p. 65; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 548-549; F. W. Euler, Merck’sche Familienzeitschrift, t. 22, 1966 (index); G. Ludwig, Zur Geschichte der fürstlichen Schule des « Gymnasium illustre » in Lauingen, 3e partie, Lauingen, 1966; M. U. Chrisman, « Les publications historiques à Strasbourg, 1480-1599 », Horizons européens de la Réforme en Alsace, Strasbourg, Société savante d’Alsace, 1980, p. 25-26.

  1. Hans Jacob,

(1628-1686), docteur ès lois, procureur et avocat au Grand Sénat, membre du conseil des XV à Strasbourg, était issu d’une famille Reussner (Reissner), établie à Bouxwiller, peut-être de la même souche.

Dans la descendance d’un cousin de Nicolaus, Georg, tisseur de laine et marchand drapier, reçu bourgeois de Strasbourg en 1619, on note:

  1. Jean Frédéric,

pédagogue (★ Strasbourg 1.8.1790 †Strasbourg 24.6.1856). Fils de Jean Frédéric Reussner, cordonnier, et de Catherine Metzger. ∞ I 19.9.1816 à Strasbourg Marie Madeleine Cottler (1793-1817); sans enfants, ∞ II 28.2.1821 à Strasbourg Wilhelmine Frédérique Hammer (1800-1854); 3 enfants. Études au Gymnase protestant (1802), à l’Académie (1806), au séminaire (1809). Ordonné pasteur en 1813. Professeur au Gymnase de 1811 à 1815, puis à l’école Saint-Guillaume, directeur en 1818, confirmé dans ces fonctions par Guizot en 1834, il publia plusieurs ouvrages destinés à l’instruction des enfants. Il consacra ses loisirs à visiter les détenus de la prison de Strasbourg et surtout il eut l’initiative, dès 1818 et après une prédication de Laurent Blessig ©, d’enseigner gratuitement, les jeudis et les dimanches, aux sourds-muets jusqu’à la création d’établissements spécialisés. Médaille d’argent de Louis XVIII pour les instituteurs primaires, 1818.

Exercices pour former le raisonnement des enfants à l’usage des instituteurs primaires et des chefs de famille, Strasbourg, éd. allemande 1832 et française 1835.

Archives familiales ; Ch. Schmidt, Notice sur la ville de Strasbourg, 1842; Fr. Piton, Strasbourg illustré, 1855 ; Bopp, Die evangelischen Geistlichen in Elsass-Lothringen, 1959, p. 436-437.

  1. Jean Frédéric,

philologue, bibliothécaire (★ Strasbourg 3.7.1823 † Strasbourg 8.11.1895). Fils de 3 et de Wilhelmine Frédérique Hammer. ∞ 9.9.1856 à Strasbourg Marie Mathilde Jung, fille d’André Jung ©. Après des études de théologie dans sa ville natale, de 1839 à 1846, il obtint la licence ès lettres en 1848, tout en servant comme aide-bibliothécaire à Strasbourg (1842-1845), puis comme précepteur à Paris (Institution Kuhn), où il se lia avec Ernest Renan et obtint la licence ès lettres en 1848. Professeur agrégé au Gymnase protestant de 1849 à 1857, puis d’hébreu au séminaire de 1857 à 1864, il fut lauréat de l’Institut de France (prix Bordin) pour son traité sur les Osques (1858). Professeur de littérature classique au séminaire de 1864 à 1872, longtemps collaborateur bénévole de son beau-père, il en devint officiellement le bibliothécaire en titre en 1863 et l’adjoint de Saum © à la Bibliothéque municipale de 1865 à son anéantissement en 1870, avant d’être nommé second bibliothécaire à la Bibliothèque universitaire, de sa création en 1872 à 1887. Son patriotisme lui avait fait refuser sa nomination du 20 avril 1872 par Guillaume Ier et Bismarck à une chaire à la faculté de Philosophie.

Archives familiales; L’ancienne Bibliothèque de Strasbourg, dans A. Schneegans, La guerre en Alsace, Neuchâtel, 1871, p. I-XII ; Bopp, Die evangelischen Geistlichen in Elsass-Lothringen, 1959, p. 437 ; J. Rott, « Sources et grandes lignes de l’histoire des bibliothèques publiques de Strasbourg détruites en 1870 », Cahiers alsaciens d’archéologie, d’art et d’histoire, t. 15, 1971, p. 163, 167.

  1. Charles Frédéric,

ingénieur (★ Strasbourg 16.2.1859 † Paris, 17e, 27.2.1908). Fils de 2. ∞ à Schiltigheim 13.9.1890 Julie Madeleine Laedlein (★ Lingolsheim 10.7.1862 † Paris, 20e, 3.3.1919), fille de Daniel Frédéric Théodore Laedlein, notaire, et d’Adèle Karth ; 3 enfants. Études secondaires au Gymnase protestant de Strasbourg. Ses parents, fort francophiles, l’émancipèrent en 1876, après avoir obtenu une Entlassungsurkunde et l’avoir envoyé en 1875 poursuivre ses études à Paris, d’abord aux lycées Louis le Grand et Saint-Louis, puis de 1878 à 1881 à l’École centrale des arts et manufactures. Après son service militaire dans l’artillerie, au Mans, il entra en mars 1883 à la Compagnie française du canal de Suez comme ingénieur conducteur de travaux. Il résida tantôt à Ismailyia, tantôt à Port-Taufik, Égypte, et travailla, de 1883 à 1888, à l’élargissement et l’approfondissement du canal, des lacs Amers à la rade de Suez, au relevé topographique de cette rade, à la construction de la gare maritime de Port-Taufik. De 1888 à 1895, comme sous-chef de section, il exécuta l’étude et la construction de la voie ferrée d’Ismailya à Port-Saïd, du canal d’eau douce alimentant ces villes et des bassins filtrants de Port-Saïd. Ayant à se plaindre dès 1891 du comportement inqualifiable de la direction générale de la Compagnie, qui aboutit en décembre 1892 à l’arrestation de Charles de Lesseps et de Marius Fontanes, il chercha dès 1894 une autre situation en France. Associé à son ami Ferdinand Dobler, il prit en 1896 la direction d’une usine à construire à Lamotte-Breuil, Oise, pour la Société industrielle de produits chimiques, filiale, d’une firme de Francfort sur le Main, et s’installa à Compiègne. Une de ses inventions techniques, un diaphragme séparant en deux les cuves d’électrolyse préparant le chlore, étanche aux liquides mais perméable au courant électrique, fut refusée en 1901 par la direction allemande, qui pourtant devait la reprendre à son compte en Allemagne en 1903 comme étant de son propre crû. Ch. Fr. Reussner quitta peu après avec Dobler cette entreprise pour créer ensemble à Ivry, Seine, une affaire de produits chimiques pour la papeterie, qui fonctionna de septembre 1901 à 1970 et dans laquelle lui succédèrent son fils Louis et son petit-fils Jean Reussner (propriétaire actuel de l’appartement versaillais de Rodolphe Reuss ©).

Archives familiales : correspondances ; photo, vers 1890, de Charles Frédéric Reussner.

Christian Wolff (1998)