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REUSS Rodolphe Ernest

Historien (★ Strasbourg 13.10.1841 † Versailles 16.8.1924).

Fils d’Édouard Reuss ©. ∞ 23.5.1876 Elisa Sohn ; 3 fils et 1 fille. Il fit des études au Gymnase protestant de Strasbourg et se passionna très jeune pour la littérature et l’histoire, spécialement celle de l’Alsace. Licencié ès-lettres en 1861, il fréquenta pendant trois ans les universités de Iéna, Berlin, Munich et Goettingen où il fut reçu docteur de la faculté de Philosophie pour sa thèse sur Ernest de Mansfeld pendant la guerre de Bohême (1618-1621). En 1864, il entra au Gymnase protestant de Strasbourg comme enseignant. En 1870, il resta dans la ville assiégée et rédigea un Journal du siège.  Traumatisé par la guerre, il rompit toute relation avec les historiens allemands et refusa, à la différence de son père, une chaire à l’Université impériale de Strasbourg. En 1872, il reprit ses cours au Gymnase. Nommé par le maire E. Lauth conservateur de la bibliothèque municipale, il s’attacha à réorganiser la bibliothèque municipale totalement détruite lors du bombardement de la nuit du 24 août 1870. Elle comptait davantage de volumes lors de son départ pour Versailles en 1896. Il fut nommé directeur à l’Ecole pratique des Hautes Études et soutint en Sorbonne sa thèse de doctorat d’État sur L’Alsace au XVIIe siècle (2 vol., 1896) et sa thèse complémentaire latine sur les chroniques alsaciennes. Après la première guerre mondiale, au cours de laquelle ses trois fils furent tués dans les rangs français, il fut nommé professeur émérite de l’Université de Strasbourg. Comme son père, Reuss adhéra toute sa vie au protestantisme libéral. Inscrit dès sa jeunesse dans la paroisse de Saint-Nicolas de Strasbourg, la seule qui après l’annexion resta de langue française, il fut élu au Consistoire de la paroisse (1875), puis au Consistoire supérieur de l’Église de la Confession d’Augsbourg. Il donna de 1868 à 1891 plus de 300 articles et notices à la feuille strasbourgeoise du protestantisme libéral, le Progrès religieux. Celle-ci se doubla bientôt d’une association organisant des conférences, l’Union protestante libérale d’Alsace et de Lorraine (1871-1889), dans laquelle Reuss fit des exposés sur Lincoln et Savonarole. Il participa aussi à certaines œuvres protestantes de bienfaisance.

Reuss fut un historien extraordinairement fécond. Ses publications sont essentiellement consacrées à l’histoire de l’Alsace, particulièrement au XVIIe siècle et sous la Révolution. Il est l’auteur d’une Histoire de l’Alsace qui, parue en 1918, connut 24 éditions et fut encore réimprimée en 1977, d’une Histoire de Strasbourg (1922), réimprimée en 1981, de La Constitution civile du clergé et la crise religieuse en Alsace. 1790-1795, 2 vol., 1922. Plus spécialement consacrés au protestantisme sont: Louis XIV et l’Église protestante de Strasbourg au moment de la Révocation de l’Édit de Nantes (1685-1686), d’après des documents inédits, Paris, 1887; L’Église luthérienne de Strasbourg au XVIIIe siècle ; Le Gymnase protestant de Strasbourg pendant la Révolution, Paris, 1891. Reuss édita également un grand nombre de chroniques, notamment celle de Daniel Specklin. En outre, il collabora à une cinquantaine de revues par des articles, des comptes rendus, des bulletins, des notices, des bibliographies, entre autres à la Revue historique, la Historische Zeitschrift, la Revue d’Alsace, le Bulletin de la Société pour l’histoire du protestantisme français, etc. Par son érudition et sa diversité, son œuvre rend aujourd’hui encore les plus grands services aux historiens de l’Alsace. Rodolphe Reuss, Soixante années d’activité scientifique et littéraire (1864-1924), Paris, 1926; cet ouvrage contient des souvenirs de jeunesse de l’auteur, la bibliographie de ses travaux, une étude biographique détaillée par C. Pfister. Rodolphe Reuss, Le siège de Strasbourg en 1870, texte inédit, publié par J. Rott, Strasbourg, 1971; Bopp, Die evangelischen Geistlichen in Elsass-Lothringen, 1959, n° 4200, p. 436; Encyclopédie de l’Alsace, X, 1985, p. 6366-6368; J. Rott, Investigationes historicae.

† Philippe Dollinger (1998)