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REBSTOCK

Famille patricienne de Strasbourg dont on trouve les membres aussi bien dans le patriciat bourgeois que dans le patriciat noble. Le premier Rebstock connu est Conrad qui apparaît au Conseil en 1239 et 1240. Il peut être considéré comme ancêtre de la famille. À cause de l’homonymie des prénoms il est difficile d’établir la généalogie des Rebstock. Dès le XIVe siècle, ils connaissent de nombreuses branches, alliées aux autres familles patriciennes: Barpfennig ©, Bock ©, Burggraf, Mosung ©, Mullenheim ©, Voeltsch. Nombre d’entre eux exerçaient les fonctions de Stettmeister: Gosse (1409), Hetzel (1408, 1415 et 1418), Johann (1421), Peter (1366 et 1420), ou de burgrave: Hetzel en 1374. Peter Rebstock siégea en 1414 au Manngericht de Volmar von Ochsenstein, tandis que Gabriel Rebstock, vassal de l’évêque, siégea pendant la première moitié du XVIe siècle au Manngericht de l’évêque à Molsheim. La charge de monnayeur (Hausgenosse), pratiquée par de nombreux Rebstock entre 1266 et 1437, leur conférait une position dominante en matière financière et bancaire: ils étaient cinq en 1266, quatre en 1283, cinq en 1310, dix en 1332, deux en 1391. Parmi eux signalons Claus en 1342 († vers 1345), son fils également prénommé Claus, ainsi que Claus, fils de Peter(man). Certains autres sont mentionnés comme jurés de la Monnaie: c’est le cas de Claus Rebstock en 1369, Hetzel en 1329, Peter(man) en 1339 et Wolfhelm en 1314-1319. Parmi les opérations financières ce sont les prêts d’argent qui apparaissent le mieux. En 1396 les Rebstock possédaient en gage (Pfandschaft) des sires de Ribeaupierre © le château et la ville de Guémar, suite à un prêt de 1200 livres qui leur rapportait 100 florins d’intérêts. En 1415 ils détenaient en gage des rentes du chapitre cathédral à Dachstein, des cours colongères à Molsheim et à Bischoffsheim, leur rapportant 200 quartauts de blé et de seigle. En 1467 on trouve mention d’un prêt déjà ancien de 200 florins consenti par Hans Dietrich Rebstock à l’abbaye de Marbach qui avait donné en gage un calice orné de perles. Autre signe de richesse: Barbara, fille de Hetzel Rebstock-Kageneck constitua en 1432 à son mari Heinrich von Landsberg © dit Hacker une dot de 1250 livres. En 1368 des Rebstock figurent parmi les 48 Strasbourgeois qui accompagnèrent l’empereur à Rome à l’occasion de son couronnement. À l’instar des Zorn et des Mullenheim, les Rebstock acquirent une renommée tristement célèbre en 1374 par suite de querelles meurtrières avec des membres du lignage des Rosheim ©. Les deux familles ennemies étaient affiliées au même poêle, celui de Saint-Thomas. L’instigateur et le meneur de la bagarre semble avoir été Cuntzel Rebstock, gendre de l’Ammeister Johann Cantzeler, qui fut condamné pour corruption. Les Rebstock furent bannis de Strasbourg. Ils s’établirent à Molsheim où les Rosheim vinrent les attaquer et en tuèrent plusieurs. Par la suite on ne trouve plus que dix Rebstock comme monnayeurs alors qu’ils étaient 23 en 1356. Enrichis comme manieurs d’argent, les Rebstock étaient propriétaires de nombreux immeubles en ville et possédaient d’importants bien fonciers à la campagne entre autres à Achenheim, Avenheim, Eichhoffen, Dachstein, Eckwersheim, Gimbrett, Geudertheim, Goxwiller, Ittenheim, Pfettisheim et Wolxheim. Bienfaiteurs du couvent des Dominicains dès sa fondation au XIIIesiècle, les Rebstock avaient aussi fait d’importants dons à l’église Saint-Thomas. En contrepartie certains membres de la famille demandèrent à y être enterrés: Wolfhelm Rebstock se fit inhumer chez les Dominicains avec quelques autres membres de sa famille alors que Hetzel Rebstock ( 1419) et son fils Johann furent enterrés à Saint-Thomas où se trouve encore conservée la pierre tombale de Verena Rebstock, épouse de Berthold Zorn zum Ried.

J. von Koenigshoven (éd. Schilter), Elsassische und Strassburgische Chronicke, Strasbourg, 1698, p. 801-805 ; Lehr, L’Alsace noble, 1870, t. 2, p. 92, 296, 300; Le livre d’or du magistrat de Strasbourg, p. 313, 315-316, 428; Urkundenbuch der Stadt Strassburg, t. 1-7, Strasbourg, 1879-1900; Kindler von Knobloch, Das goldene Buch von Strassburg, 1886, p. 258-260 ; Bulletin de la Société pour la conservation des monuments historiques d’Alsace, t. 18, 1897, n° 4224; J. Kindler v. Knobloch, Oberbad. Geschlecterbuch, III, Heidelberg, 1906, p. 362-366; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 510-511 ; Ph. Dollinger, « Patriciat noble et patriciat bourgeois à Strasbourg au XIVe siècle », Revue d’Alsace, 90, 1950-1951, p. 68 ; J. Hatt, Liste des membres du Grand Sénat de Strasbourg… du XIIIe siècle à 1789, Strasbourg, 1963, p. 516 (passim) ; H. Mosbacher, « Kammerhandwerk, Ministerialität und Bürgertum in Strassburg », Zeitschrift für die Geschichte des Oberrheins, t. 119, 1971, p. 80; M. Alioth, Gruppen an der Macht, « Zünfte und Patriziat in Strassburg im 14. und 15. Jh., 2 vol., 1988, p. 69, 102, 107, 115, 183-185, 196-200, 259, 341, 527, 530, 541, 560, 572-573, 656.

† François-Joseph Fuchs (1997)