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PONTEIL Félix Joseph Baptistin Étienne

Universitaire et historien, (C) (★ Toulon 23.11.1892 † Strasbourg 28.11.1985).

Fils de Guillaume Ponteil, commis des postes, et de Zoé Burles ∞ I Antoinette Cyprienne Louise Armando. ∞ II 1957 Anne-Marie Kuntzmann. Licences de lettres et de droit à Aix-en-Provence en 1912. Mobilisé dans un bataillon de chasseurs alpins le 30 novembre 1914. C’est en tant que professeur de collège détaché à la direction de l’Instruction publique à Strasbourg (octobre 1919-avril 1921), qu’il commença une carrière universitaire en Alsace. Successivement au lycée de Haguenau (1921-1923) et, agrégé, au lycée Kléber à Strasbourg (1923-1929), puis au lycée Buffon à Paris (1929-1934). Docteur ès lettres (1932), il fut chargé de cours d’histoire contemporaine à la faculté des Lettres de Dijon en décembre 1934. Il revint en Alsace comme chargé d’enseignement (histoire contemporaine) à la faculté des Lettres de Strasbourg en novembre 1935. Professeur (1938). À nouveau mobilisé en 1939 comme intendant militaire adjoint, il revint après l’armistice de 1940 à l’Université de Strasbourg repliée à Clermont-Ferrand. En octobre 1944, autorisé à « contracter un engagement volontaire en qualité d’officier de réserve à la Brigade d’Alsace-Lorraine ». Il réintégra l’Université de Strasbourg réinstallée chez elle, professeur à la faculté des Lettres en même temps que (depuis 1946) directeur de l’Institut d’études politiques et (depuis 1948) codirecteur du Centre universitaire des hautes études européennes. Il quitta Strasbourg en 1958, nommé recteur de l’Académie de Besançon (24 novembre), pour y revenir après sa retraite (1962).

L’histoire d’Alsace a tenu une grande place dans ses recherches et ses publications. Ses thèses de droit, La situation économique du Bas-Rhin au lendemain de la Révolution française (1927), et de Lettres ; L’opposition politique à Strasbourg sous la Monarchie de Juillet (Paris, 1932) ; La renaissance catholique à Strasbourg. L’affaire Bautain 1834-1840, publiée dans la Revue historique en 1930. Dans le même cadre chronologique exploré par les thèses, il faut citer d’abord des mises au point précises : « La crise alimentaire dans le Bas-Rhin en 1847 d’après des documents inédits », Révolution de 1848, 1925-1926; « Une entreprise compliquée de travaux publics au XIXe siècle, l’entrée des chemins de fer dans Strasbourg, » Revue d’Alsace, 74, 1927, p. 217-240 et 448-463 ; « Une page ardente de l’histoire économique de Strasbourg, l’émeute des bœufs en 1831, ibidem, 76, 1929, p. 273-296 et 516-534; « Les origines de l’École normale protestante d’institutrices de Strasbourg, 1836-1845 », Revue d’histoire et de philosophie religieuses, XI, 1931, p. 424-440. Des contributions plus courtes, mais illustrées de manière significative, dans La vie en Alsace : « Au lendemain de l’insurrection polonaise, l’entrée triomphale des généraux Ramorino, Langermann et Sznayde à Strasbourg » (1927, p. 184-191) ; « M. Choppin d’Arnouville, préfet du Bas-Rhin » (1930, p. 256-260); « Xavier Marmier et l’Alsace » (1931, p. 152-155); « Le P. Gratry et l’Alsace » (1933, p. 25-32); « Les promoteurs du projet de jonction de la Saône et du Rhin » (1935, p. 169-174 et 201-204). L’évolution du port de Strasbourg — une communication au congrès international de géographie, publiée par la Revue politique et parlementaire de 1935, p. 79-85. Une place particulière revient à « La contrebande sur le Rhin au temps du premier Empire », Revue historique, 175, 1935, p. 1-30, article pionnier dans lequel l’Alsace prend évidemment place. Ces multiples approches érudites expliquent, en même temps que certaines préoccupations civiques, l’effort d’interprétation globale aboutissant à un Coup d’œil sur l’histoire générale de l’Alsace (Bibliothèque Jean Macé) IV, 1936, puis à un Essai sur l’histoire de l’Alsace, Strasbourg, 1937, nouvelle édition 1948, dont A. Schlagdenhauffen assura la traduction en allemand. Il n’est pas sans intérêt de signaler que, de 1924 à 1939, Ponteil tint dans les Dernières Nouvelles d’Alsace une chronique hebdomadaire (le dimanche).

La liste est longue de ses investigations ponctuelles, poursuivies jusqu’à la guerre, à travers l’histoire de l’Alsace depuis la Révolution française : « Le haut enseignement scientifique à Strasbourg. Un rapport de D. Lereboullet, doyen de la Faculté des sciences en 1865 », Revue d’Alsace, 84, 1937, p. 273-300; « Les conséquences du blocus continental dans la région rhénanes », Revue du Rhin, n° 4, 1937, p. 3-13 ; « Les débuts de l’académie impériale de Strasbourg. Le professeur Chr. G. Koch candidat au rectorat », ibidem, n° 8, 1937. p. 3-13, à compléter par « Chr. Koch, le professeur, le protestant, l’homme politique », La Vie en Alsace, 1938, p. 71-78 et 94-95; « La Révolution de 1848 en Alsace, La première application du suffrage universel dans le Bas-Rhin, » Revue du Rhin, n° 3, 1938, p. 3-13 et 30-51 ; « Le maire Cetty et les intrigues autour de l’hôtel-de-ville de Sélestat en 1833-1834 », ibidem, n° 8, p. 3-12 ; « Les réfugiés politiques sur le Rhin et les inquiétudes badoises en 1848 », ibidem, n° 10, 1938, p. 3-39 et n° 11, p. 3-13 ; « Conférences mondaines et cours populaires à Strasbourg avant 1870 », ibidem, n° 1, 1939, p. 39-47 ; « Pour le 150e anniversaire de la Grande Révolution, les levées de volontaires dans le Bas-Rhin entre 1791 et 1794 », ibidem, n° 4, 1939, p. 3-16 ; « L’esprit public à Strasbourg au temps de la Révolution », ibidem, n° 7, 1939, p. 3-14 et n° 8, p. 14-20, publication inachevée par suite de guerre, arrêtée au mois d’août 1792. En dehors du domaine alsatique, Ponteil a publié en 1936, dans la célèbre « petite collection Armand Colin », un 1848 qui eut plusieurs éditions ainsi qu’une traduction en espagnol.

Une fois refermée la parenthèse du repli à Clermont-Ferrand, durant lequel il écrivit La chute de Napoléon Ier et la crise française de 1814-1815 (Paris, 1943), s’ouvrit pour lui une seconde phase d’enseignement à Strasbourg, sensiblement différente de la première: la curiosité du professeur, nommé aussi directeur de l’Institut d’études politiques (en 1946) et co-directeur du Centre universitaire des hautes études européennes (en 1948) s’élargit considérablement. En témoigne son intervention au colloque de Bolzano en 1960, sur Autorité et liberté, une vue synthétique (Autorité et liberté. Actes, Bolzano, 1961, p. 35-42). Dans une production toujours abondante, les articles disparaissent au profit de gros ouvrages ou de livres de référence: La monarchie parlementaire en France, 1815-1848, Paris, 1ère éd. 1949 ; La pensée politique depuis Montesquieu, Paris, 1960 ; Les institutions de la France de 1814 à 1870, Paris, 1966; Histoire de l’enseignement en France. Les grandes étapes, 1789-1964, Paris, 1966. Sur un champ plus vaste encore : Histoire générale contemporaine ; Du milieu du XVIIIe siècle à nos jours, Paris, 1951 ; L’éveil des nationalités et le mouvement libéral, 1815-1848, Paris, 1960, nouv. éd. 1968. La Méditerranée et les puissances depuis l’ouverture du canal de Suez, Paris, 1964; Les classes bourgeoises et l’avènement de la démocratie, 1815- 1914, Paris, 1968; Les bourgeois et la démocratie sociale, 1914-1968, Paris, 1971. Autant de grandes synthèses à l’usage principal des étudiants de science politique. Ponteil dirigea aussi les premières publications du Centre universitaire des hautes études européennes, dont les Problèmes de civilisation européenne (Strasbourg, 1956). Il n’oublia jamais l’histoire d’Alsace, donnant sa conclusion à Deux siècles d’Alsace française, 1648-1948 (Strasbourg, 1948), aux pages 499-510, ou son introduction à L’Alsace contemporaine, études politiques, économiques et sociales (Strasbourg, 1950), aux pages 9-14, et concluant en quelque sorte avec Un type de grand bourgeois sous la monarchie parlementaire, Georges Humann, 1750-1842, Strasbourg, 1977.

Fernand L’Huillier (1997)