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PITON Frédéric Théodore

Libraire-éditeur, bibliothécaire de l’Académie, historien, (Pl) (★ Strasbourg 12.3.1800 = 21 ventose an VIII † Strasbourg 12.7.1871).

Fils de Daniel Frédéric Piton, relieur et bibliothécaire, et de Marie Madeleine Muller. ∞ 19.5.1849 à Strasbourg Félicité Célestine Hasslauer (★ 10.1.1807 à Strasbourg) veuve de Charles Borromée Touchemolin, négociant, fille de Jean Chrétien Hasslauer, propriétaire, et de Marguerite Caroline Graffenauer. Il entra au Gymnase protestant de Strasbourg le 29 mars 1808 et y poursuivit des études jusqu’à l’âge de 13 ans quand son père le prit dans son atelier de reliure. Il continua cependant à recevoir des leçons d’arithmétique, de grec, de latin et de dessin. De même il eut une éducation physique suivie et fut formé à l’escrime et à l’équitation. Il tenta après 1815 de poursuivre des études de droit, mais les abandonna rapidement pour entreprendre, en 1817, son tour d’Europe qui le mena durant trois ans, à travers la Suisse, l’Italie, l’Autriche, la Bohème, la Bavière, la Saxe, la Prusse et, enfin, la France. Partout il étudia les mœurs des populations, visita les musées et les bibliothèques et remplit de nombreux cahiers de notes et de dessins.

À la mort de son père, en 1821, il lui succéda dans son atelier de reliure. Il occupa bientôt huit ouvriers, tout en poursuivant études et recherches. En 1832, il fit l’acquisition d’un cabinet de lecture qui compta bientôt 50 000 volumes. En 1840, il fut nommé bibliothécaire de la faculté de Droit, puis de l’Académie. Il entreprit alors ce qui allait devenir l’ouvrage de sa vie. L’origine en fut les réunions de son petit cercle d’amis qui se réunissait toutes les semaines sur la plate-forme de la cathédrale, passant de longues heures à examiner le panorama et à préparer visites et excursions à travers les forêts et les villages qui s’offraient à leurs regards. Enfin, il livra au public, d’abord en livraisons, à compter de 1853, puis en 1855 en deux superbes volumes, son Histoire illustrée de Strasbourg et de ses environs qui devint d’emblée l’un des alsatiques les plus célèbres et les plus recherchés, garni qu’il était d’une soixantaine de planches représentant sites, costumes, personnages, scènes historiques et d’un panorama géant de l’Alsace vue de la cathédrale. Le premier grand malheur qui le frappa, survint le 29 juin 1860, quand un gigantesque incendie survenu dans son quartier de la rue du Temple Neuf, détruisit complètement son cabinet de lecture et ses ateliers, avant de réduire en cendres les bâtiments séculaires du Gymnase protestant.

Devenu un des hauts dignitaires de la franc-maçonnerie à Strasbourg, il s’inquiéta rapidement de la politique extérieure de l’Empire et le 13 juillet 1870, se décida à écrire personnellement à Napoléon III © pour le mettre en garde contre les mêmes aventures extérieures qui avait mené son oncle à sa perte. La guerre suivit qui allait ruiner sa ville et l’arracher à la France. Durant tout le siège, faisant fi du bombardement, il observa sa chère cathédrale, notant chaque jour les blessures et les coups qui lui étaient infligés. Douloureusement atteint par ces destructions ainsi que par celle de la bibliothèque, il ne survécut que quelques mois au siège et mourut non sans avoir rédigé son Journal d’un assiégé, qui fut publié en 1900 avec des notes et des dessins de son gendre Touchemolin ©. Le gros volume soigneusement calligraphié et illustré par ses soins de centaines de petits dessins et aquarelles, rapportant ses voyages, à travers l’Europe, ses excursions en Alsace, dans les Vosges et la Forêt Noire, ainsi que sa vie strasbourgeoise, a été volé en 1985 chez ses héritiers strasbourgeois.

Courrier du Bas-Rhin du 17.8.1871; L, Spach, Moderne Culturzustände im Elsass, I, Strassburg, 1873, p. 191-192; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 459-460; Encyclopédie de l’Alsace, X, p. 6029-6030.

† Georges Foessel (1997)