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PICQUART Marie Georges

Général et ministre, (C) ( Strasbourg 9.9. 1854 Amiens des suites d’une chute de cheval 18.11.1914).

Fils de Charles Marie Hubert Picquart, percepteur, et de Louise Marie Henriette Debenesse. Célibataire. Après des études secondaires à Strasbourg, il entra à Saint-Cyr d’où il sortit 5e en 1874. Entré à l’École d’application d’état-major, il obtint le 2e rang sur 25 élèves. Capitaine en Algérie dans un régiment de zouaves en 1887-1888. À son retour en France, il fut promu chef de bataillon et professeur de topographie à l’École supérieure de Guerre. En activité hors cadres à l’état-major du général Gallifet en 1894 et nommé, avec rang de lieutenant-colonel, chef du bureau de renseignements en remplacement du colonel Sandherr le 1er juin 1892. À la demande du général de Boisdeffre, Picquart entreprit discrètement de nouvelles recherches sur l’affaire Dreyfus. Il était alors convaincu de la culpabilité de Dreyfus ©, mais comme les fuites à l’État-Major continuaient, le hasard mit entre ses mains un document que l’on appela par la suite « le petit bleu » adressé au colonel Esterhazy. Sur cet officier, Picquart obtint des renseignements les plus défavorables. Peu après, il précisa que l’écriture d’Esterhazy était identique à celle du bordereau primitivement attribué à Dreyfus. Dès lors, sa conviction était faite: le vrai coupable était Esterhazy. Picquart, devenu gênant, fut envoyé en province puis en Algérie et en Tunisie. Redoutant qu’un « accident » ne l’empêchât de dire la vérité, il rédigea un testament dans lequel il relata comment il était arrivé à la certitude de l’innocence du capitaine Dreyfus. Il demanda un congé pour venir à Paris et confia son secret à un tiers (Leblois ©) ainsi que des documents intéressant la Défense nationale. Leblois fut reçu par le général Pellieux qui convoqua Picquart, pour l’interroger, le 26 novembre 1897. Le colonel fut accusé d’avoir fait un faux (le petit bleu) et d’avoir communiqué à un tiers des documents intéressant la Défense nationale, ce qui lui valut d’être arrêté le 10 janvier 1898 et conduit au Mont-Valérien. Le colonel Henry traîna Picquart en justice et il s’ensuivit un duel au cours duquel Henry fut blessé au bras; Picquart fut mis à la réforme pour faute grave contre la discipline le 26 février 1898. Le 6 juin 1898, le ministre de la Guerre Cavaignac se déclara convaincu de la culpabilité de Dreyfus. Après le suicide du colonel Henry, anti dreyfusard, Picquart fut à nouveau arrêté et transféré au Cherche-Midi en attendant d’être jugé. Mais, devant l’évidence des faits, le procès n’eut pas lieu et Picquart fut remis en liberté après la démonstration de la collusion de l’État-Major avec Esterhazy. Il fallut attendre le 3 juin 1899 pour que fût cassé le jugement de 1894 et que fût reconnue l’innocence du capitaine Dreyfus et de Picquart. Il fallut encore plusieurs débats au Parlement pour parvenir à la révision du procès de Dreyfus le 12 juillet 1906. Le jour même, par un projet de loi spéciale, Dreyfus fut nommé chef d’escadron et Picquart réintégré dans l’Armée avec le grade de général de brigade à l’État-Major général et nommé commandant par intérim de dix divisions du 5e corps d’armée le 17 juillet 1906. Commandant à titre définitif de la 10e division le 28 septembre 1906. Nommé ministre de la Guerre dans le cabinet de Clemenceau du 25 octobre 1906 au 27 juillet 1909; il passa du ministère au commandement du 2e corps d’armée à Amiens le 23 février 1910, qu’il dirigea jusqu’à son décès. Commandeur de la Légion d’honneur le 11 juillet 1912.

De la situation faite à la défense militaire de France, 1906; Projet de loi relatif à la constitution des cadres et des effectifs de l’armée active et de l’armée territoriale, 1908.

Archives historiques de l’Armée, IIIe série, dossier 435; Jouve, Les Alsaciens-Lorrains, Dictionnaire, annuaire et album, 1896-1898; F. de Pressensé, Un héros, le colonel Picquart, Paris, 1898; Hommage des artistes à Picquart, Paris, 1899; Général A. Michaut, Cinq ans de ministère, s.l., 1907 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 3, 1984, p. 77 ; M. Barrès, Mes cahiers I et II, Paris, 1929; L. Leblois, L’affaire Dreyfus, Paris, 1929; L. Blum, Souvenirs de l’Affaire,Paris, 1935; J. Kayser, L’Affaire Dreyfus, Paris, 1946; P. Boussel, L’affaire Dreyfus, Coll. Kiosque n° 10; A. Colin, M. Rebérioux, La République radicale 1898-1914, Paris, 1975, p. 3-42; J.-M. Mayeur, « Les catholiques dreyfusards », Revue historique, n° 530, avril-juin 1978; M. Thomas, Esterhazy ou l’envers de l’affaire Dreyfus, Paris, 1989; C. Prochasson, « Le colonel Georges Picquart ou la vertu cachée », Mil neuf cent, Revue d’histoire intellectuelle, n° 11, 1993, p. 15-20; Ch. Charle, « Le déclin de la République des avocats, » P. Birnbaum (dir.), La France de l’affaire Dreyfus, Paris, 1994, p. 66-69; J.-M. Berlière, « La généalogie d’une double tradition policière », ibidem, p. 191-225; J.-P. Royer, « La magistrature déchirée », ibidem, p. 251-289; J. El Gammal, « Un territoire de mots: rhétorique et politique », ibidem, p. 309-336 ; Ph. Levillain, « Les catholiques à l’épreuve: variations sur un verdict », ibidem, p. 411-450; A. Encrevé, « La petite musique huguenote », ibidem, p. 451-504; Strasbourg magazine n° 57, 1995, p. 31.

† Alphonse Halter (1997)