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PICARD Louis Maurice

Préfet du Haut-Rhin (★ Nancy 6.7.1907 † Louveciennes, Yvelines, 20.11.1979).

Fils de Marie Charles Jules Picard, instituteur, et de Lucie Adrienne Charpentier, institutrice. ∞ 28.10.1946 à Reims Hélène Verdeaux. Licencié ès-lettres et en droit. Il est entré dans la carrière préfectorale en 1931. Il aurait appartenu comme son épouse au réseau de résistance Patriam Recuperare dirigé par l’ancien ministre Marc Rucart, franc-maçon comme lui, et au réseau Brutus. Mis en disponibilité en 1941, il a été arrêté à Blois par les Allemands le 19 août 1942 (de même que son épouse, relâchée faute de preuves) au moment même où le gouvernement de Vichy le nommait sous-préfet de Bellac. Il a été déporté de France le 13 mai 1943 et a séjourné successivement dans les camps de concentration de Kislau, Dachau, Oberdruf et Buchenwald. Rapatrié en 1945, il a été décoré de la Légion d’honneur (grand-officier en 1958), de la croix de Guerre et de la médaille de la Résistance, et il a été promu préfet en 1946. Il a été préfet du Haut-Rhin du 1er février 1959 au 16 juin 1966, puis directeur de la sécurité civile au ministère de l’Intérieur. Grand maître-adjoint de la grande loge de France. Le 22 mars 1968, il a été arrêté par la direction de Surveillance du Territoire pour avoir entretenu des « intelligences avec des agents soviétiques, américains, britanniques et allemandsc». Il aurait servi pendant l’Occupation le Sicherheitsdienst à Blois et n’aurait été déporté qu’à la suite des dissensions entre la Gestapo et l’Abwehr. Les services secrets étrangers qui l’ont approché à partir de 1951 avaient tous eu connaissance de ces activités et ont pu ainsi le « manipuler ». Il a été condamné à sept ans de prison par la Cour de sûreté de l’État en octobre 1968, mais ce verdict a été cassé pour vice de forme par la Cour de Cassation le 13 mars 1969. Il a été libéré pour des raisons de santé en juillet 1970 et il a bénéficié, en décembre 1970, de la loi d’amnistie votée lors de l’entrée en fonction de Georges Pompidou.

Dictionnaire biographique français contemporain, 2e éd., Paris, 1954-1955 ; Dernières Nouvelles d’Alsace du 7.1.1959 ; Le Nouvel Alsacien du 27.3.1968 ; Minute, 1968, n° 313; Huma-Sept Jours du 18.10.1968; Dernières Nouvelles d’Alsace du 4-5.1.1969; P. de Villemarest, L’espionnage soviétique en France (1944-1969), Paris, 196 ; J. Rochet, Cinq ans à la tête de la DST, Paris, 1985 ; R. Faligot, R. Kauffer, Les résistants, Paris, 1989, p. 455-460 ; R. Bargeton, Dictionnaire biographique des préfets, septembre 1870-mai 1982, Archives Nationales, 1994.

Léon Strauss (1997)