Juriste, (Pl) (★ Strasbourg 7.6.1616 † Strasbourg 9.2.1672). Fils d’Elias Obrecht, juge au tribunal de la Ville, et d’Anna Klebsattel et petit-neveu de Johann Obrecht ©. ∞ 17.10.1642 Maria Magdalena Marbach, fille d’Ulrich Marbach, pasteur de Saint-Pierre le Vieux; 11 enfants, dont Ulrich ©, premier préteur royal à Strasbourg, Élie © 5, secrétaire du roi de Suède, Jean Henri, premier secrétaire de la fabrique de la cathédrale (ce qui suppose qu’il s’est converti au catholicisme). D’une famille de juristes, d’universitaires et d’administrateurs -son grand père Henri Obrecht († 1612) avait été ammeistre de Strasbourg et son grand-oncle Georges Obrecht était une célébrité européenne de la science juridique et caméraliste, Obrecht était destiné à faire carrière dans le même milieu. Il fit des études à la faculté de Droit de Strasbourg de 1632 à 1637, année où il soutint une dissertation sur Sequentes testamentarium. Par la suite il représenta à Strasbourg le Tribunal suprême d’Empire (Reichskammergericht) et fut procureur au Petit conseil de la ville. Durant l’année 1671, politiquement fort agitée par suite des manœuvres diplomatiques et militaires du roi de France et des Impériaux pour s’assurer de Strasbourg. Obrecht était partisan de la cause de l’empereur. Aux dires de ses adversaires, celui-ci lui aurait promis la magistrature suprême de la Ville, au cas où Strasbourg se donnerait aux Impériaux. Obrecht aurait notamment organisé des «sociétés secrètes» parmi les étudiants allemands de l’Université et avait rédigé des «pasquins», tracts anonymes distribués et placardés de nuit. En quatre langues (latin, allemand, français et italien), il y dénonçait, en 14 écrits (Famosschriften), et, à partir de novembre 1671, la municipalité en place, et spécialement l’Ammeister Dominique Dietrich accusé de corruption dans une affaire de la taxe pour corvées (Frohngeld) et dénoncé comme stipendié du roi de France. La tête du rédacteur de ces «pasquins» fut mise à prix pour 200, puis 500 thaler. Arrêté le 15 janvier, Obrecht fut condamné à mort pour calomnie et exécuté par le glaive dès le 7 (ou 9?) février 1672. Son supplice n’empêcha pas de nouveaux écrits «remplis d’inventions diaboliques contre le Magistrat», en ces années 1672 et 1673. Par la suite, des «feuilles volantes» célébraient en Allemagne Obrecht comme un martyr de la cause impériale et de la vérité. Les passions politiques comme l’homonymie des prénoms —au moins quatre Georg Obrecht ont eu leurheure de célébrité— font que le cas de ce Georges Ulrich mériterait un examen plus approfondi: les erreurs de Grandidier (GeorgesUlrich n’est pas le neveu, mais le petit-neveu du professeur Obrecht, p. ex.) se retrouvent dans Sitzmann ou Haag, et selon les parti pris, Obrecht est soit un débauché, soit un martyr de la vérité.
Outre la dissertation de fin d’études on connaît d’Obrecht une Gedenkrede auf die Reformation, Strasbourg, 1659, et un Commentaire de tous les anciens statuts de la Ville de Strasbourg (manuscrit).
Archives municipales de Strasbourg, Table d’ancêtres Gruner-Willm, Lausanne, 1982 (exemplaire aux Archives municipales de Strasbourg); E. et E. Haag, La France protestante, t.8, p.35-36; Grandidier, «La famille des Obrecht», Revue d’Alsace, 1867, p.59-68; R. Reuss (ed.), Ausführtiche und grundrichtige Aufzeichnungen des Ammeisters Franciscus Reisseissen, 1877, p.29-32; idem, La justice criminelle à Strasbourg, Strasbourg, 1885, p.227-233; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t.2, 1910, p.385-386.
† Marcel Thomann (1996)