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OBRECHT Georg

Jurisconsulte, professeur à l’Académie, (Pl) (★ Strasbourg 25.3.1547 † Strasbourg 7.6.1612). Fils de Thomas Obrecht, de Sélestat, syndic, et d’Élisabeth Roth; ∞ I Barbara Marbach, fille de Johann Marbach ©. ∞ II Ursula Chelius, fille d’Ulrich Chelius (Geiger ©), médecin de la ville de Strasbourg et veuve de Thomas Vinther; 2 fils, JeanThomas, anobli en même temps que son père (1604) et Georges. Élève au Gymnase de Strasbourg, études à Tübingen, Besançon, Dole, Orléans qu’il quitta à la Saint-Barthélemy (1512), à Bâle où il fut promu docteur en droit le 13 mai 1574. En 1575, il fut nommé professeur de droit à la Haute école de Strasbourg (instituée en 1566), en 1577 chanoine, puis doyen du chapitre de Saint-Thomas, en 1595 élu recteur (succédant à J. Pappus), assesseur judiciaire du conseil des XIII, avocat de la ville (1598); il fut appelé à la noblesse héréditaire par l’empereur Rodolphe en 1604 et devint comte palatin en 1607. Il participa à la tradition de type humaniste-professeur, juriste, «syndic», administrateur, en honneur à Strasbourg. Créateur de la science administrative dite «caméraliste» introduite dans les régences des territoires alsaciens, Obrecht réussit la synthèse, sur le plan juridique, entre l’humanisme et l’esprit de la Réforme luthérienne qui triomphait, dans une pure orthodoxie, à Strasbourg. Son ouvrage essentiel, publié en 1617-1644 par son fils Jean Thomas comprit cinq monographies réunies sous le titre: Cinq secrets différents sur l’ordonnancement, le maintien et l’accroissement d’une bonne Politique et sur l’augmentation équitable, modérée et indispensable des revenus annuels de chaque Régence, secrets qui concernaient la statistique, l’impôt et la censure, moyens modernes de la puissance de l’État, doublés d’une préoccupation sociale concernant les enfants, les malades, les personnes âgées. L’État remplaçait l’Église dans la conduite de cette politique. Son cours sur le droit romain se doubla de leçons sur des questions juridiques particulières sorties du Corpus juris, sujets de procédure et de droit public. Son intérêt pour la Chambre impériale de Spire, tribunal commun d’appel pour l’Empire, se doubla d’une étude sur le droit féodal créant une tradition qui participa, avec le «jus publicum», à la renommée de Strasbourg. Son cours, utile à la pratique, donné en 1586, De jurisdictione, imperio et foro competente «adaptait les techniques romanistes aux coutumes germaniqueset aux règles du Saint-Empire. Un mot caractérisait sa doctrine: la conciliation» (M. Thomann). D’autres questions «pratiques» le préoccupèrent: la guerre et l’armée, la nécessité d’une bonne police pour les États territoriaux dont se composait l’Alsace; mettant le théâtre au service du Droit, dans les «exercitia juris practica», il plaçait les étudiants sur la scène du théâtre scolaire, cher à Jean Sturm, dans le cadre de procès fictifs. Animateur né, par ses mémoires, ses cours et sa pédagogie, pénétré du sens politique et de la nécessité d’inscrire dans les faits les règles du droit, ouvert sur la France comme sur le Saint Empire et les réalités alsaciennes, il donna au caméralisme ses lettres de noblesse et assura le rayonnement, l’utilité et le prestige de l’enseignement du droit à l’Académie, tradition reprise par l’Université créée en 1621.
Liste des œuvres dans E.-E. Haag, La France protestante…, 8, 1858, p.34-35. À relever particulièrement De principiis belli, 1590; De jurisdictione et imperio, Strasbourg-Mulhouse, 1602; Disp. de regalibus, Strasbourg, 1604; Politische Bedenken, Strasbourg, 1606; Cynosura juris feudalis, Francfort, 1606 et surtout Secreta politica, Strasbourg, 1617, 1644.
W. Roscher, Geschichte der National-Oekonomik in Deutschland, Munich, 1874; Stieda, Der Nationaloekonomieals Universitätswissenschaft, Leipzig, 1907; A. W. Small, The Cameralists. The pioneers of german social policy, Chicago-Londres, 1909; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t.2, 1910, p.384-385; F. G. Iwand, Die juristische Fakultät der Universität Strassburg von 1538-1870, Strasbourg, 1917; A. Tautscher, Staatswissenschaftslehre des Kameralismus, Berne, 1947; K. Zielenziger, Die alten deutschen Kameralisten, s.l. n.d., p.176-198; A. Tauscher, Handbuch der Finanzwissenschaft, I, 1952, p.405-407; H. Maier, Die ältere deutsche Staats- und Verwaltungslehre (Polizeiwissenschaft), Neuwied-am-Rhein-Berlin, 1966; J. Vogt, «Patrimoine rural et politique foncière des Obrecht, bourgeois de Strasbourg (XVIe-XVIIe siècle)», Annuaire de la Société des Amis du Vieux-Strasbourg, 1976, p.30; A. Schindling, Humanistische Hochschule und Freie Reichstadt, Wiesbaden, 1977; M. Thomann, Humanisme et droit en Alsace, Grandes figures de l’Humanisme alsacien, Strasbourg, 1978, p.259-285; Histoire de Strasbourg des origines à nos jours, sous la dir. de G. Livet et F. Rapp, Strasbourg, II, 1981, p.461-462 (M. Lienhard); J.-P. Kintz, «Élites et pouvoirs politiques», Annuaire de la Société des Amis du Vieux-Strasbourg, 1981, p.25-48; M. Thomann, «Le droit rural à la Faculté de droit de Strasbourg», Histoire de l’Alsace rurale, Strasbourg-Paris, 1983, p.271-277; Encyclopédie de l’Alsace, II, 1983, p.989-990 (Caméralisme) et IX, 1984, p.5655-5636 (Obrecht Georg); J.Fuchs, in Lettres en Alsace; Encyclopédia Universalis, t.18 (Cameralisme); Berger-Levrault, Annales des professeurs des académies et universités alsaciennes 1523-1871, Nancy, 1890, p.176; J.-P. Kintz, La société strasbourgeoise…, Strasbourg, 1984, p.221-223; G. Livet, P. Schang, Histoire du Gymnase Jean Sturm, berceau de l’Université de Strasbourg 1538-1988, Strasbourg, 1988, p.145 (portrait).

Georges Livet (1996)